Voici la transcription de la séance du 16 avril 2024 du séminaire de Jean-Richard Freymann : elle rassemble et approfondit les élaborations essentielles apportées sur la thématique de l’année.
Nous allons aborder aujourd’hui la question du rapport très délicat entre la question des pulsions et la question du fantasme, ou des fantasmes. C’est une question que j’ai pas mal travaillée et cette année c’est un peu le point sur lequel je veux qu’on aboutisse. Pour vous montrer qu’il y a une espèce de confusion, que Freud interroge d’ailleurs, que Lacan confond aussi par moments, entre ce que seraient les scénarios pulsionnels et le scénario fantasmatique. C’est un point qui est important parce que ça reprend un peu toute la pathologie psychanalytique. Et Lacan s’est arrêté à cet endroit-là, Freud aussi.
« Genèse du discours psychanalytique (Quelle histoire !) par le retour à la clinique »
Présentation du programme 2024 : argument, bibliographie…
« Les formations de l’inconscient vues d’aujourd’hui et les dialectiques symptômes-sinthomes »
Et si les hypnoses individuelles ne correspondaient pas à l’hypnose collective ?
Les réseaux sociaux sont-ils une somme de Mesmérisme ?
Jean-Richard Freymann nous propose un argument préparatoire à son séminaire qui reprendra en janvier 2024. Il peut se lire encore comme des réflexions à mi-chemin entre le séminaire achevé de 2023, et le suivant annoncé, des jalons posés dans le cheminement qui se poursuit. Chaque jalon ouvre des pistes, la lecture est dense en ouvertures et enchevêtrements. Êtes-vous prêt-e à vous y risquer ?..
Les deux « échos des séminaires » de ce mois concernent le séminaire de Jean-Richard Freymann du 14 mars 2023, et peuvent être lus en articulation : Claude Ottmann nous propose le texte de son intervention dans le séminaire, et Cyrielle Weisgerber tisse quelques questions, à l’intersection des réflexions amenées par les deux orateurs.
« Nous entendons montrer en quoi l’impuissance à soutenir authentiquement une « praxis », se rabat comme il est en l’histoire des hommes communs, sur l’exercice d’un pouvoir »
J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », 1958
À me proposer ainsi de relire un classique de Lacan – si l’on peut véritablement qualifier un texte de Lacan de « classique » – Jean-Richard Freymann, me permet entre plusieurs point d’entrées possibles ici, de tenter d’inscrire une lecture dans deux problématiques au travail dans les échanges et élaboration au sein de la Fedepsy et de l’Ecole psychanalytique de Strasbourg actuellement : celle de l’élaboration des paramètres de la consultation médicale, de manière générale et plus large, et celle plus spécifique à la pratique, d’élaborer un peu comment se décline l’ « être psychanalyste aujourd’hui », en rapport à une nouvelle génération d’analystes. Dans le même mouvement d’actualisation, en fond – à la place du mort du bridge, dont nous allons parler ici, se tient l’énigme des fins d’analyse, là où pour la psychanalyse depuis les premières divergences sur la fin de l’analyse, entre Freud et Ferenczi, finalité et terminaison sont liées, déterminent et étayent le désir de l’analyste.
Nicolas Janel partage son intervention lors de la formation APERTURA « Les phobies et les prises de parole » 24 novembre 2021.
Je vais introduire notre journée sur « les phobies et les prises de parole » en élaborant à ma manière la question phobique à partir d’un texte assez difficile de Gérard Pommier intitulé « Du monstre phobique au totem, et du totem au Nom-du-père » et à partir d’éléments piochés chez Charles Melman.
Séminaire de Jean-Richard Freymann TRAUMATISMES, FANTASMES, MYTHES
Séance du vendredi 21 Mai 2021 (par zoom)
Nous allons parler aujourd’hui de choses un peu difficiles. À partir de la question du mythe je voudrais arriver à définir la place structurale possible des symptômes. Il convient de saisir que les mythes de Lacan représentent les apports géniaux de ce dernier ; quant aux mythes lacaniens ils ont à voir avec ce en quoi les lacaniens ont réussi à transformer les apports fondamentaux de Lacan. Au niveau de la pratique, le but est d’arriver à se re-brancher sur les mythes de Lacan, par lesquels il a bouleversé tous les apports, en particulier freudiens.
Deux ouvrages me semblent importants pour ce retour au mythe de Lacan :
Le retour à Freud de Jacques Lacan de Philippe Julien1 et
Le mythe individuel du névrosé2 que Jacques-Alain Miller a fait paraître, où il est question du symptôme mais ailleurs que chez les analystes. Cela s’est passé au collège de philosophie.
La crise est une série d’allers-retours du côté des idéaux. Tout d’abord se pose la question de la création de l’idéal. Arrivent ensuite des moments idéalisants et l’on peut s’attendre à des formes de chute des idéaux.
J’ai travaillé longtemps la différence entre l’idéalisation et la sublimation. Pour résumer l’idéalisation concerne avant tout la question de l’objet et la sublimation concerne un devenir spécifique des pulsions.
J’aime bien le triptyque qui est proposé aujourd’hui :
Intervention lors de la formation Apertura Arcanes Les différentes addictions aujourd’hui et les relations d’objet, 25 novembre 2020
La clinique des addictions est depuis toujours encombrée de savoirs erronés, de malentendus de dictats idéologiques, politiques et objectivants. Le malentendu le plus récurent est de considérer les « objets » de dépendance comme s’il s’agissait d’objets du désir et du manque et de penser qu’il suffirait de les éradiquer ou, en entrant en compétition avec eux, le sujet dépendant parviendrait à s’en séparer. Mais nous avons appris que la souffrance était ailleurs occulte, indicible dans une première intention et que les personnes dépendantes se servaient par exemple des drogues, de l’alcool… comme pharmakon qui est à la fois un remède et un poison pour la transformer, la déplacer. Nous savons également que les sevrages et que toutes les alternatives de se séparer des produits sont souvent marquées par des rechutes des patients, rechutes qui ne sont pas à considérer comme des échecs mais des paliers où se tient un symptôme majeur et souvent masqué avec la crainte de l’effondrement ou de l’effondrement lui-même.
La fonction du bien
Rappel : du Souverain Bien à l’économie des biens
[256] La croyance des cathares était « qu’il y a une parole qui sauve, et le consolamentum n’était rien d’autre que la transmission de sujet à sujet de la bénédiction de cette parole […] L’ennui, c’est que, pour qu’une telle parole soit non pas efficace mais viable, il faut l’arracher au discours. Or rien de plus difficile que d’arracher la parole au discours1 ».
Pour avoir pris au sérieux (à la lettre) le discours chrétien et pour avoir mis leur foi en l’existence d’une parole salvatrice (l’Évangile, la bonne nouvelle), les cathares ont dû rendre des comptes aux tenants du discours (les ecclésiastiques) et ont été exterminés lors de la croisade des Albigeois au XIIIe siècle.
Si Freud prétendait vouloir ébranler l’Achéron à défaut de pouvoir fléchir les dieux d’en haut, il ne le fait pas par les voies contemporaines du spiritisme et des « phénomènes psy ». Sa théorisation est au contraire une réduction rationaliste qui mène à la conception d’un désir humain limité, cerné d’un seuil posé par le principe de plaisir. Le désir n’est donc pas l’aspiration océanique, ni l’appel des infinis romantiques qui ne sont que constructions fantasmatiques ; son empan est prosaïque et court, mesuré par la contrainte vitale de l’homéostase biologique.
J’ai écrit l’argument de cette journée « Les différentes addictions aujourd’hui et les relations d’objets » alors que j’explorais les idées du philosophe Bernard Stiegler.
Vers une « pharmacologie de l’attention »
Bernard Stiegler, reprenant Karl Popper, parle de l’humain comme d’un être développant des organes « exo-somatiques ». C’est-à-dire que l’humain produirait des objets externes qui s’ajouteraient à lui dans son fonctionnement. Par exemple des lunettes pour mieux voir, des vêtements pour se réchauffer…
Texte rédigé à partir du séminaire FEDEPSY du 6.10.20, « Freud à son époque et aujourd’hui », animé par Dimitri Lorrain et Yves Dechristé.
J’aimerais vous parler du Monde d’hier de Stefan Zweig, plus précisément de trois chapitres de cet ouvrage : la « Préface », « Le monde de la sécurité » et « Universitas vitae ». Je me concentrerai donc sur le début de cet ouvrage. Pour travailler sur le contexte culturel de l’œuvre de Freud et sur le geste de Freud dans ce contexte, Le Monde d’hier est à ma connaissance une excellente présentation. Mon propos prendra la forme d’une sorte de zig- zag entre des réflexions psychanalytiques, culturelles, mais aussi sur la littérature.
Voici le texte de l’intervention d’Hervé GISIE lors de la formation APERTURA du 9 octobre sur « Bisexualité psychique et sexualités contemporaines ».
L’intitulé de mon intervention d’aujourd’hui est tout à fait contemporain puisqu’il s’agit d’un hashtag. Qu’est-ce que c’est qu’un hashtag ? Un hashtag est un mot-dièse ou mot- clic qui est cliquable. Il est composé du signe typographique croisillon # appelé en anglais hash auquel sont accolés un ou plusieurs mots dénommés tags ou étiquettes. Il permet de marquer un contenu avec un mot-clé afin de partager ce contenu et d’y faire référence facilement. Il est utilisé par les internautes dans leurs publications sur les réseaux sociaux. Il permet aux autres utilisateurs d’accéder au contenu qui contient ledit mot-clé sans nécessairement être « ami » ou « follower » de la personne qui en fait usage. On le retrouve par exemple sur Instagram, mais aussi Facebook ou Twitter.
J’ai intitulé mon propos : « Démythifier l’interprétation œdipienne », en référence à un texte de Marc Strauss1 dont je vais reprendre quelques idées originales. Mais avant cela, je vais évoquer quelques points au sujet de l’œdipe avec comme objectif d’approcher les soubassements des mythes.
Le premier point concerne la lecture des Études sur l’Œdipe de Moustapha Safouan2. Dans le chapitre « L’Œdipe est-il universel ? », il écrivait que « l’Œdipe n’est au fond qu’une forme culturelle parmi d’autres, qui sont également possibles pourvu qu’elles accomplissent la même fonction, qui est la promotion de la fonction de la castration dans le psychisme. » Tout l’axe de sa réflexion porte sur le père, ce qui lui permet d’avancer que « l’Œdipe, c’est la castration. »
Intervention réalisée au sein du séminaire de Jean-Richard Freymann « Mythes, fantasmes et traumatismes ».
Un mot rapide par rapport au contexte actuel de sortie de confinement… Je suis tombé sur une phrase : « le confit est l’une des plus anciennes techniques de conservation. On l’utilise notamment pour le confit de canard, ou le confit d’oie… » Alors, n’étant pas encore tout à fait une oie bien gavée, serais-je en train de me tirer de mon bocal d’auto-conservation pour rouvrir d’autres champs pulsionnels ? … Et faire que la parole re-circule ! Merci donc à Jean-Richard Freymann pour cette proposition de reprise du séminaire en format vidéo, cela facilite cette relance.
Je vais reprendre les apports de Lacan concernant la métaphore et la métaphore paternelle. J’en profiterai pour interroger, au passage, de quel mythe participe l’introduction de la métaphore et plus particulièrement la métaphore paternelle puisque, comme on le verra, ce serait elle qui conditionnerait la possibilité d’existence de toutes les autres.
Intervention réalisée dans le cadre du séminaire d’introduction à la psychanalyse de la FEDEPSY, tenu par Julie Rolling et Nicolas Janel.
Nous sommes contents de pouvoir vous retrouver au moins par vidéoconférence après tout ce « passage épidémique ». Nous avons dû annuler plusieurs séances, et comme il y avait un certain fil dans notre programme, il n’aurait pas été cohérent de reprendre la séance de juin sans avoir pu développer les autres concepts au préalable. Aujourd’hui sera aussi la dernière séance pour cette année. Nous vous proposerons donc une poursuite à la rentrée de ce qui avait été lancé. Aujourd’hui, je vais plutôt vous proposer de reprendre les questions du transfert analytique que je mettrai en perspective avec l’actualité, notamment avec les modifications de pratiques suite aux conditions de confinement et de distanciation physique.
Au cabinet, en ville, nombre de consultations se sont poursuivies par téléconsultation, soit par téléphone, soit par vidéo, par des logiciels dédiés utilisables à partir d’applications. L’apport de ces nouvelles techniques, ce qu’elles ouvrent comme nouveaux dispositifs, nous imposent de questionner nos concepts habituels. Ce qui est assez intéressant.
On a souvent désigné l’enfance de l’humanité comme « l’âge des mythes » (ainsi A. Comte parlait-il de « l’âge théologique »). Pour rendre compte des phénomènes (naturels et sociaux), pour expliquer leur cause et y trouver un certain ordre, les hommes auraient d’abord eu recours à la pensée mythique qui impute ces phénomènes aux volontés et aux caprices des dieux. La pensée mythique serait ainsi une pensée magique procédant d’une sorte de naïveté infantile. Considéré du point de vue de la science moderne (et de son exigence d’explication mathématico-mécanique des phénomènes), il n’y a là qu’une illusion de savoir ; le mythe est impuissant à dire la vérité, parce que la pensée mythique (comme pensée « pré-logique », selon l’expression de Lévy-Bruhl) est impuissante à la connaître.
Ici une réaction à l’Éphéméride 8 de Jean-Richard Freymann intitulé « Et si l’on cherchait un mythe fondateur de Lacan ? ». J’aimerais insister sur plusieurs points.
Pour ma part, concernant la relation de Lacan à Freud, j’aurais tendance à formuler les choses dans les termes suivants.
Lacan a repris la question de la « sexualité infantile » et de la « vie pulsionnelle » chez Freud. Il l’a analysée pour la décomposer autrement, depuis la structure de la parole. Du coup, il a rendu compte de sa dynamique de manière plus approfondie encore. Pour cela, il est parti de la conflictualité qui habite le fantasme : la conflictualité entre l’imaginaire et le symbolique, le moi et le désir. Cela l’a mené au signifiant et à la manière dont il se déploie dans la parole, et même dont il la structure.
Décidément ce texte « Le mythe individuel du névrosé » 1 est riche d’enseignements et fait montre d’un certain nombre de « retournements » étonnants. Notre dernier échange « zoomesque » a été riche à partir du statut « extra-territorial » de ce texte. Rappelez-vous il avait été proposé comme conférence au collège philosophique de Jean Wahl (qui a eu un rôle considérable pour la mise en place des écrits de Lacan) et le texte avait été diffusé sans l’accord de Lacan.
Jacques-Alain Miller l’a corrigé après un passage par Psychonalalytic Quaterly, et tient lieu de reprise en 1966 ( ! ). L’introduction de J.A. Miller date donc de septembre 1978.
Ne manquez pas de vous reporter à la visioconférence du 29 mai 2020, vous constaterez à quel point ce texte constitue un point pivot pour celui ou celle qui veut s’introduire dans l’œuvre de Lacan. Ce qui y est apparu, c’est d’entendre cette « loi de retournement » comme une dialectique qui renvoie à celle du Poinçon, autrement dit à la question de l’aliénation et de la séparation (cf. Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse2).
L’intérêt d’écrire d’une semaine à l’autre est que le fil métonymique se dessine tout seul ; il suffit d’attendre les productions de sa propre imagerie, ses propres fantasmes le concernant.
À propos du « fil personnel », je me suis rendu compte que je n’ai jamais interrompu le dialogue avec ceux qui ont poursuivi les échanges avec moi, qu’ils aient été amis, ennemis, complices, élèves, maîtres… Cela a sans doute à faire avec quelque fantasme d’immortalité. Mais je persiste à penser que quelqu’un qui se prétend psychanalyste et qui refuse de dialoguer – même de manière véhémente – cela est sans intérêt.
Dans cette idée, j’ai dû produire quelques identifications avec des maîtres et je pense en particulier à la personne de Jean Clavreul et aussi de Jacques Lacan. Je ne fais pas allusion ici à Lucien Israël, où la recette était plus compliquée, avec entre nous quelques maîtres talmudiques et de la culture littéraire commune.
En cette période où on est plongés dans les risques majeurs de l’épidémie au coronavirus (ou Covid-19), je ne peux m’empêcher de l’évoquer en introduction. Mais pourquoi donc parler de cette épidémie dans une présentation de psychosomatique ? Une telle épidémie est évidemment une réalité biologique, dramatique. Le virus qui la cause est bien réel et les symptômes qu’il provoque n’ont rien d’une conversion hystérique ni d’une somatisation. Pour traiter la maladie, il faut des mesures médicales. Tout cela semble n’avoir aucun rapport avec la psychosomatique. Et pourtant ! À côté de la réalité biologique, on peut trouver un signifiant faisant écho à de grandes peurs ancestrales dont la mémoire est enfouie en nous. Je citerais en premier lieu la terreur du Moyen Âge face à la peste noire qui a tué plus de 30 % des Européens entre 1352 et 1357 ; ses résurgences au cours des siècles suivants, bien que moins dévastatrices, ont certainement renforcé sa mémorisation.
Pour présenter cette séance du séminaire, j’ai à chaque fois pris appui sur deux traductions additionnelles à celle figurant dans le texte de la séance : celle à laquelle Lacan fait référence, à savoir celle de Robert Pignarre, sous une forme révisée et présentée par Charles Guittard. Mais également celle de Mayotte et Jean Bollack. L’étude de la pièce par ce dernier, travail d’une érudition toute particulière, fut pour moi un éclairage précieux.
La position d’Antigone : La séance du séminaire de Lacan s’ouvre in media res en quelque sorte, à propos de la position d’Antigone vis-à-vis de la vie.
Intervention de Claude Ottmann dans le cadre du séminaire « Les abords de Lacan » animé par Marc Lévy et Amine Souirji autour de la lecture de : Jacques Lacan, Le séminaire livre VII (1959-1960), L’éthique de la psychanalyse.
« C’est à partir de ce signifiant façonné qu’est le vase, que le vide et le plein entrent comme tels dans le monde, ni plus ni moins, et avec le même sens. »
Le manque irrémédiable et indicible de la Chose ne cesse pas de ne pas s’écrire. L’homme s’est fait potier, peintre, architecte et poète pour approcher et serrer au plus près la place, le vide laissé par la Chose. Et c’est ainsi que dès la première création du vide cerné par l’enveloppe matérielle d’un vase, le signifiant apparaît sous la forme visible et durable d’une écriture laissée par le potier sur son œuvre.
Le complexe d’Œdipe est une appellation que Freud n’aimait pas trop1 mais à laquelle il a pourtant consenti après de longues années. Il désigne l’ensemble des représentations, des ressentis et des idées afférentes à une donnée double. Elle est en même temps consciente et inconsciente.
Intervention de Nicolas Janel dans le cadre de la formation APERTURA « Honte, inhibition et sexualités » qui a eu lieu le 11 octobre 2019.
Je vais centrer mon propos sur la honte. Ce n’est pas un sujet facile, les références analytiques sont peu nombreuses, en tout cas en tant que concept. Ceci dit, je recommande deux livres qui m’ont aidé à travailler pour préparer mon intervention : l’ouvrage collectif intitulé De la honte à la culpabilité1 dirigé par Jean-Richard Freymann, que vous trouverez ici même et la revue Essaim n°41 intitulée « De quoi les psychanalystes devraient-ils avoir honte ?2 ».
Exposé de Claude Ottmann dans le cadre du séminaire « Les abords de Lacan » animé par Marc Lévy et Amine Souirji autour de la lecture de : Jacques Lacan, Le séminaire livre VII (1959-1960), L’éthique de la psychanalyse.
La Chose, une perte qui devient l’objet d’une recherche
[71] L’expérience freudienne est une révolution de pensée pour le domaine de l’éthique. Introduite déjà en 1895 dans un brouillon adressé à son ami Wilhelm Fliess et que Freud a toujours refusé de publier (« l’Esquisse d’une psychopathologie »), la Chose, das Ding, remplit la fonction de pivot dans ce renversement des fondements de la loi morale.
Intervention de Marc Lévy dans le cadre du séminaire « Les abords de Lacan » animé par Marc Lévy et Amine Souirji autour de la lecture de : Jacques Lacan, Le séminaire livre VII (1959-1960).
« Entre peau et chair », cette expression revient à plusieurs reprises dans ce séminaire de Lacan qui traite de L’Entwurf de Freud. Est-ce là allusif, humoristique ? Nous sommes en décembre 1959. Comme souvent après un séminaire, Lacan reprend la problématique sous un autre angle. Le désir et son interprétation complétait le graphe du désir, nous laissant avec une ligne des signifiants conscients et une ligne des signifiants inconscients. Le désir et le phantasme étant présentés comme l’ultime accès conscient en chemin vers les signifiants inconscients. Le nouvel angle pour 1959-1960 passera par « L’esquisse d’une psychologie scientifique », titre non pas de Freud mais de ses éditeurs, mais laissons cette dimension historique de côté. Que cherche Lacan ? Ni plus ni moins que de poser la psychanalyse au regard non pas d’une morale, mais de l’éthique.
Ce texte est une retranscription d’une intervention de Tony Ettedgui au cours du séminaire 2019 du lundi animé par Jean-Richard Freymann. Séminaire de lecture de l’œuvre de Jacques Lacan : « Confrontations lacaniennes : Le moi, Le désir, La jouissance ».
Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci est publié en 1910 à Leipzig. Freud n’y fera que deux ajouts lors de la publication de la deuxième et de la troisième édition en 1919 et en 1923. Cet essai restera longtemps son ouvrage de prédilection. Dans une lettre à Ferenczi en 1919 (soit 9 ans après, dans une lettre datée du 13 février ), Freud dira de ce texte qu’il est la seule belle chose qu’il ait jamais produite.
Dans cet essai, Freud s’efforce d’explorer l’inconscient de Léonard de Vinci en mettant en relation son destin pulsionnel, sa créativité d’artiste et les empêchements de l’expression de celle-ci, notamment du point de vue de l’inachèvement des œuvres d’art dont il est coutumier et sa vie amoureuse .
Exposé de Bernard Baas lors du séminaire FEDEPSY-ASSERC « Le transfert et l’amour » animé par Jean-Richard Freymann. Séance du 7 juin 2019.
Ce qui a retenu mon attention, dans le titre ainsi rédigé, c’est le point d’interrogation : « Sur le Banquet ? ». Car on peut en effet se demander en quoi la référence au Banquet de Platon peut servir à une telle conclusion. Certes, le commentaire du Banquet par Lacan occupe toute la première partie du Séminaire sur Le Transfert ; et il est vrai que ce commentaire du dialogue de Platon fait une certaine place à la question de transfert, même si – à bien peser les choses – ce motif du transfert n’y apparaît pas vraiment essentiel.
Exposé de Ferdinand Scherrer lors du séminaire FEDEPSY – ASSERC « Le transfert et l’amour » de Jean-Richard Freymann qui a eu lieu le 24 mai 2019.
D’abord ce petit préalable : Freud nous invite à le lire en pensant à Rembrandt, un peu de clarté et beaucoup d’obscurité. À quoi fait écho Lacan : « j’enseigne quelque chose dont le terme est obscur4 » et « je travaille dans l’impossible à dire. Est-ce qu’on m’entend ? 5 » ou encore « comment enseigner ce qui ne s’enseigne pas ? voilà ce dans quoi Freud a cheminé6. » Il arrive encore à Lacan de ranger ses Écrits parmi les textes mystiques ou de les comparer aux rochers des jardins Zen autour desquels les moines ratissent comme Lacan autour des rochers de la Chose freudienne. Je ne puis m’empêcher d’ajouter encore ces autres assertions en écho de Freud et de Lacan.
Intervention de Nicolas Janel dans le cadre de la 2e journée consacrée à l’œuvre de Lucien Israël « Les apports nouveaux de Lucien Israël dans les pratiques » qui a eu lieu le 22 mai 2019 à la Clinique Sainte Barbe à Strasbourg.
La question que je pose dans mon titre est bien sûr largement éculée. Tout au long de l’œuvre de Lucien Israël, on retrouve une critique du DSM 3 dénoncé comme excluant déjà la névrose hystérique. Le DSM 3 a été édité en 1980, et le dernier en date, le DSM 5 est paru en France en 2015, et ça ne va pas en s’arrangeant pour les névroses et l’hystérie. Lucien Israël nous met en garde quant aux effets de cette tendance : disparition du colloque singulier, désubjectivation de la médecine, médicalisation et pathologisation de tout affect ou de toute pensée, déshumanisation de la psychiatrie, etc. Mais en même temps, l’hystérie ne se laisse pas faire.
Intervention d’Hervé Gisie dans le cadre de la 2e journée consacrée à l’œuvre de Lucien Israël « Les apports nouveaux de Lucien Israël dans les pratiques » qui a eu lieu le 22 mai 2019 à la Clinique Sainte Barbe à Strasbourg.
J’ai fait le choix de vous parler de la Verpönung. Dérouler le concept de Verpönung en vingt minutes ressemble fort à une gageure. Je vais donc tenter de faire vite et aller à l’essentiel.
Au préalable, je voulais dire que je suis très heureux d’être aujourd’hui là parmi vous pour cette deuxième journée consacrée à Lucien Israël. Je ne l’ai pas connu personnellement, juste aperçu à deux reprises au local de la BRFL, peu avant sa mort. Ses textes m’ont cependant énormément éclairé, notamment lorsque je débutais dans ma pratique des expertises judiciaires, il y a une vingtaine d’années, surtout en ce qui concerne les perversions. Il est, en effet, toujours frappant de constater que les pervers qui ont commis des choses horribles, qui ont transgressé les lois, sont souvent d’un abord très « sympathique », bien insérés dans le social, ayant une vie de famille… Ce qui frappe, c’est un extraordinaire conformisme et l’image du « comme tout le monde ».
Intervention de Jean-Richard Freymann lors de la formation APERTURA « Névrose : Transfert et demande » qui a eu lieu le 13 mars 2019.
L’hypothèse que je développe dans mon livre Les mécanismes psychiques de l’inconscient est la suivante : chacun est porteur de tous les mécanismes pulsionnels. Parmi ces mécanismes – le refoulement, l’idéalisation, la sublimation, la forclusion, le déni de la réalité etc. –, chaque être parlant a un mécanisme privilégié. Actuellement, le mécanisme « premier » n’est pas un mécanisme subjectif mais l’idéalisation collective : nous plaçons notre identité dans une appartenance à un groupe, mécanisme qui conduit à une sorte de binarité que l’on retrouve dans les institutions, endroit où la psychanalyse peut être évacuée. La psychanalyse est la seule « technè » qui permet de changer de mécanisme psychique comme prépondérant.
Intervention de Jean-Richard Freymann lors de la formation APERTURA « Angoisse de l’enfant, angoisse pour l’enfant » (cycle « Angoisse, culpabilité, sexualités ») qui a eu lieu le 18 janvier 2019.
Le thème de la journée, « L’angoisse de l’enfant, l’angoisse pour l’enfant », consistera, pour moi, à tenter de réintroduire « les diverses cliniques » dans la théorie analytique, c’est-à-dire à effectuer une traversée des multiples apports théoriques au regard de notre référence clinique.
Exposé de Claude Ottmann dans le cadre du séminaire « Les abords de Lacan » animé par Marc Lévy et Amine Souirji. Commentaires de la leçon du 25 du 17 juin 1959.
« Il y a quelque chose d’instructif, je ne dirai pas jusque dans, mais surtout dans les erreurs – ou les errances, si l’on veut. » Lacan ouvre ainsi la séance du 17 juin 1959 ; les « errances » de S. Nacht, R. Diatkine, J. Favreau, Ernst Glover et Mélanie Klein y seront commentées.
Intervention Jean-Louis Doucet-Carrière lors de la formation APERTURA « Place de la psychanalyse dans les thérapeutiques actuelles » qui a eu lieu le 24 novembre 2018.
La parole et le langage sont consubstantiels à toute démarche thérapeutique. Sans parler bien sûr de la place de la parole dans une séance d’analyse ou de thérapie analytique, une prescription médicamenteuse, une sismothérapie, une séance d’hypnose, une séance de TCC sont toujours le fruit de la demande verbalisée du soigné et sont toujours accompagnées par la parole et le langage du soignant. Je poserai en préambule à cet exposé qu’il y a deux choses auxquelles un être humain ne peut échapper, ce sont le langage et la jouissance. Cet enfermement rend, à mon sens, toute prise en charge thérapeutique d’autant plus complexe que langage et jouissance ne peuvent être désintriqués.
Exposé de Claude Ottmann dans le cadre du séminaire « Les abords de Lacan » animé par Marc Lévy et Amine Souirji.
« Pour nous, la dignité (…) de cet être [d’homme] ne tient d’aucune façon à ce qu’il soit coupé (…), elle tient à la coupure comme telle. La coupure est en fin de compte la dernière caractéristique structurale du symbolisme comme tel. »
Rappelons que, voulant quitter la position de « seulement être le phallus de la mère », le sujet s’est à son origine désigné par ce qu’il n’est pas. De ce fait l’objet (a), partie imaginaire de soi gagée dans l’auto-désignation, porte en lui la signification de la coupure, d’une séparation mutilante et irrémédiable. Il se présente sous trois espèces : l’objet prégénital, le phallus et le délire.
Intervention de Jean-Richard Freymann dans le cadre des Journées de la FDCMPP « Le malentendu comme espace de créativité » qui a eu lieu le 14 juin 2018.
Je dois tout d’abord vous remercier de m’avoir invité à parler à cette journée « Le malentendu, un espace de créativité ». J’en suis d’autant plus flatté que si j’ai adressé bien des jeunes patients au CMPP, je n’ai jamais souhaité y travailler. Et Dieu sait qu’à « la belle époque » les « luttes étaient ardentes et noires » à Strasbourg. Je me rappelle quelques échanges avec Jean-Pierre Bauer, Jean-Pierre Dreyfuss, Daniel Michel, Françoise Coret et bien d’autres qui posaient toujours des questions à propos de l’articulation entre le champ analytique, le champ institutionnel du CMPP et le travail à plusieurs voix des différentes spécialités. Avec la question insistante de savoir en quoi le directeur d’une institution vient à donner le diapason à ladite institution. Alors quelle place laisse-t-on à l’enfant entre les exigences de l’État, l’œcuménisme des soignants ? Comment entendre les malentendus fondamentaux ?
Intervention de Nicolas Janel lors de la formation APERTURA « Approche psychanalytique des nouveaux diagnostics » qui a eu lieu le 6 juin 2018.
En programmant ce thème, il y a environ un an maintenant, l’idée était pour moi de ré-introduire une certaine ouverture par rapport à ce que je constatais dans mon cabinet : un afflux de patients se présentant avec de nouvelles étiquettes diagnostiques. Par exemple, des patients étant en « burn-out », en réaction à une certaine surcharge au travail. Certains se disaient plutôt, au contraire, en « bore-out ». Cette fois-ci en raison d’un certain ennui au travail, souvent dans un contexte de mise au placard, occasionnant un certain désœuvrement. D’autres patients se présentaient comme « bipolaires », en raison de variations de leur humeur attribuées souvent à une cause génétique. Enfin, dernier exemple d’étiquette rencontrée fréquemment : « le syndrome de stress post-traumatique ». Dans ce cas les patients se présentaient comme ayant subi un choc qu’ils n’arrivaient pas à dépasser mais qui se traiterait, selon certains médias, par bêtabloquants ou par amphétamines…
Claude Ottmann fait écho aux leçons des 9 et 16 mars 1976 et du 13 avril 1976 et du 11 mai 1976 dans le cadre du séminaire « Les apports de Lacan au champ psychanalytique » animé par Martine Chessari autour de la lecture de : Le Séminaire, Livre XXIII, le Sinthome (1975-1976).
« Ce qui est important, c’est le réel. » La manipulation de la chaîne borroméenne à trois ronds amène Lacan à modifier l’agencement RSI privilégié jusque-là et selon lequel le sens provient de la rencontre, de la copulation entre le symbolique et l’imaginaire. Or le changement d’orientation du rond bleu (celui du réel) produit à lui seul la disjonction en deux nœuds différents, alors que la seule permutation de couleur des ronds S et I ne révèle pas de différence nouvelle, pas de sens nouveau. Le réel serait-il pourvoyeur de sens ?
Dans le cadre du séminaire « Les abords de Lacan » autour de la lecture de : Jacques Lacan, Le séminaire livre VI (1958-1959) : Le désir et son interprétation
Le désir d’être autre du patient d’Ella Freeman Sharpe (voir leçon du 14 janvier 1959 et suivantes) conduit Lacan à Hamlet (Etre ou ne pas être) c’est-à-dire à la tragédie du désir, aidé en cela par Freud pour qui elle est de nature et d’importance comparables à celles de la tragédie œdipienne antique.
Exposé présenté par Jean-Richard Freymann le 20 octobre 2017, dans le cadre du Diplôme Universitaire « Bases conceptuelles des psychothérapies analytiques »
Nous sommes confrontés dans notre pratique à la question de la psychosomatique, question très difficile que j’aborderai à partir du champ de la psychanalyse.
De nos jours, les consultations médicales sont surtout basées sur l’évaluation, la codification et font l’impasse sur une question dont parlait déjà Hippocrate en 2000 av J.-C : la relation médecin-malade. Il faut en effet savoir que 80% des patients qui viennent consulter viennent souvent non seulement pour exclure un problème somatique mais aussi pour autre chose. Aussi est-il important de travailler la relation médecin-malade en se posant, entre autres, ces deux questions :
Qu’est-ce qu’une demande ? Qu’est-ce qu’un symptôme ?
Exposé présenté par Jean-Richard Freymann et Philippe Lutun le 10 novembre 2017 dans le cadre du Diplôme Universitaire « Bases conceptuelles des psychothérapies analytiques ».
Cet exposé vous permettra de reprendre tous les opérateurs et concepts qui ont été mis en place l’année dernière pour travailler, cette année, essentiellement, la question du ou des thérapeutiques.
Intervention de Nicolas Janel lors de la formation APERTURA « Les Temps de la rencontre » qui a eu lieu le 6 octobre 2017.
Je vais reprendre ce que j’avais commencé à développer lors d’une journée clinique de la FEDEPSY sur les entretiens préliminaires. Je m’étais appuyé sur une assertion de Jean- Richard Freymann qui est celle-ci : « On peut très bien dire, au regard de l’analyse, qu’il n’y a pas de désir constitué au départ. Il y en a les germes… Mais le désir, au sens où on l’entend, se constitue dans la cure, il n’est pas déjà là. » Les paramètres du désir seraient déjà là, mais il serait nécessaire que ce désir se constitue dans le transfert analytique. Le désir serait « l’effet d’une opération constituante, et non pas constituée ».
Concernant la place des entretiens préliminaires, l’analyste n’ouvrirait donc pas sur une retrouvaille de quelque chose qui aurait déjà été là, mais il ouvrirait sur une production, dans le sens d’une création. Il ne s’agirait pas pour l’analyste de procéder à une « archéologie du désir », mais à sa création. Il s’agirait de permettre à l’analysant de créer quelque chose à partir de la supposition que cela aurait déjà existé, alors que cela n’existerait que dans l’après- coup.
Conférence de Christian Hoffmann dans le cadre de la formation APERTURA « Modifications des troubles psychiques » du 7 juin 2017.
Je vais parler d’une question que l’on commence seulement à examiner, question que Lacan et bien d’autres avaient commencé à interroger, que l’on pourrait appeler l’universel de la structure.
Pouvons-nous considérer que nous sommes encore aujourd’hui dans un universalisme au sens absolu du terme ?
L’universalisme, dit-on, a été enterré dans les guerres de tranchées de 1914-1918, à savoir l’hégaléianisme qui faisait l’équation entre le réel et le rationnel. L’histoire de 1914- 1918 et sa boucherie ont montré que cette philosophie de l’univers et de la totalité a perdu de son importance.
Texte de Nicolas Janel en écho à la formation APERTURA « Modifications des troubles psychiques » qui a eu lieu le 7 juin 2017.
Selon Charles Melman et Jean-Pierre Lebrun, une nouvelle économie psychique tendrait à apparaître. Ces deux auteurs tentent dans leurs livres, et lors de leurs échanges, d’en préciser laquelle et d’en préciser les nouvelles formes cliniques. De manière très schématique, ils parlent de jeunes, ayant souvent au-delà de 20 ans, qui seraient très différents de ce que les analystes ont pu connaître dans le passé.
Intervention de Daniel Humann lors de la Formation APERTURA « Modifications des troubles psychiques » qui a eu lieu le 7 juin 2017.
Depuis la fin de son enseignement à Sainte-Anne en 1963, qui rassemblait alors principalement des psychanalystes, Lacan tient son séminaire à l’École Normale Supérieure devant un public élargi et universitaire. Les années 1968-1969 constituent un nouveau tournant car il se voit contraint de quitter la salle Dussane suite à l’intervention du Directeur Flacelière. En réaction, son auditoire (J. Kristeva, A. Fouque, P. Sollers notamment) occupe le bureau de ce dernier, avant d’être délogé. Lacan parlera par la suite dans l’enceinte de la Faculté de Droit rue St-Jacques.
Intervention d’Eva-Marie Golder à l’ASSERC du 7 avril 2017. Le thème des conférences 2016-2017 de l’ASSERC est : « Roman familial – Fantasme – Délire »
Les débats autour de la psychose chez l’enfant ont toujours été pour le moins nuancés voire houleux. Pourtant, Eugen Bleuler, dans son ouvrage clé sur les schizophrénies1, soulignait en 1911, que si on appliquait à l’enfant le même soin d’observation et de description que pour les adultes, on verrait que ce sont les mêmes signes et donc probablement les mêmes entités nosographiques.
Proposition de contribution au séminaire de lecture « Encore », avril 2017
Dans ce court texte de 1924, Sigmund Freud revient sur la sexualité infantile traitée dans les trois essais sur la théorie de la sexualité publiés en 1905 (avec plusieurs révisions jusqu’en 1924). Il s’agit d’un nouvel éclairage sur les causes de la disparition du complexe d’Œdipe et l’entrée dans une période de latence, deux phénomènes observables chez les garçons comme chez les filles.
Intervention de Jean-Louis Doucet-Carrière à l’ASSERC du 27 janvier 2017. Le thème des conférences 2016-2017 de l’ASSERC est : « Roman familial – Fantasme – Délire »
Tout commence par un cri. Ce cri fait signe, signe de vie, au monde qui l’accueille. Le nouveau-né entame une longue période de dépendance aux instances tutélaires qui lui prodiguent les soins. Les cris, les pleurs, les vagissements qu’il émet font signes à l’Autre et celui-ci peut trouver une ou des réponses totalement adaptées aux besoins qui génèrent ces signes.
Intervention de Jean-Richard Freymann lors de la formation APERTURA « Les nouveaux complexes familiaux » qui a eu lieu le 8 mars 2017.
Le thème d’aujourd’hui réfère à l’actuel mais étudier l’actuel c’est « être dans un train et en même temps le regarder passer », c’est un mouvement topologique difficile à traiter. Je vais aborder cette question par un texte de Lacan, Les Complexes familiaux1, de 1938. Ce texte est important pour deux raisons : il est paru dans l’Encyclopédie Universalis, autrement dit il concerne toute une époque, c’est une sorte d’écran, voire de souvenir-écran dans lequel Lacan intègre tous les apports de ses congénères, toutes les avancées sociologiques, ethnologiques etc., et d’autre part, ce texte anticipe l’ensemble de son œuvre. C’est un plan projectif où nous avons à la fois le contexte dans lequel se trouve Lacan et tout ce qu’il va développer par la suite.
Intervention de Jean-Richard Freymann lors de la formation APERTURA « Les temps de l’inconscient » qui a eu lieu le 27 janvier 2017.
Le temps de l’inconscient et les temps de la psychanalyse sont des questions extrêmement difficiles. J’ai repris l’ensemble de mes notes et j’ai retrouvé un schéma sur lequel j’avais, à l’époque, essayé de figurer les différents temps que Lacan proposait sous forme de triptyque : l’instant du regard, le temps pour comprendre et le moment de conclure.
Le temps du regard a à voir, non pas seulement avec le temps de la fin des préliminaires, mais avec la question de la séduction.
Le temps pour comprendre, c’est le temps de l’analyse du transfert, c’est la mise en place des différentes formes de transfert.
Le moment de conclure est un moment qui pose la question de scansions un peu définitives, des terminaisons d’analyse, des fins d’analyse, c’est-à-dire les effets d’après-coup mais d’après- coup par rapport à l’analyse elle-même.
Intervention de Jean-Marie Jadin lors de la formation APERTURA « Les temps de l’inconscient » qui a eu lieu le 27 janvier 2017.
Le rapport au temps dépend des invariants
Il me semble que l’une des principales raisons de la grande difficulté à penser le temps provient de la diversité des invariants que les penseurs ont adoptés et mis en regard de ce temps. Ces absolus sont tout à fait relatifs, puisqu’il y en a une diversité. Newton et le commun des mortels ont pris le temps et l’espace eux-mêmes comme étant ces invariants. Selon cette idée le temps et l’espace ne bougent pas. Ils sont éternels et irréfragables. Il se pourrait que la biographie de Newton1 explique ce choix théorique. Il est né 3 mois après le décès de son père, et qui plus est le jour de Noël, le jour supposé de la naissance du Christ. Newton s’est sans doute défendu contre l’identification mortifère à son père, en adoptant l’hérésie arianiste qui n’attribue la divinité qu’à Dieu le Père, et en rendant absolus le temps et l’espace. Chacun y est à sa place et en son moment.
Intervention de Jean-Louis Doucet-Carrière lors de la séance inaugurale de l’ESRFP le 22 octobre 2016 à Sète.
Nous avons, ici-même, travaillé ces dernières années des sujets qui mettaient en dialectique la psychanalyse avec des principes que je pourrais qualifier de très républicains : la liberté, la question du sacré, la fraternité… La question des rapports de la psychanalyse avec l’égalité aurait dû s’imposer naturellement. Certes, cette notion a une importance socio-politique majeure mais, aux yeux du psychanalyste dont la tâche est de tenter de faire surgir de la différence, de la disparité subjective, le principe d’égalité ne peut se comprendre que comme une équidistance de chaque « Un » par rapport aux lois qui sont celles du système politique qui gère notre quotidien. Système que l’on peut définir comme une République laïque et démocratique et qui doit s’attacher à préserver cette équidistance.
Texte d’Yves Dechristé suite à son intervention à la Journée européenne sur l’obésité qui s’est déroulée aux Hospices Civils de Colmar (20.05.2016).
Mes propos sont le fruit d’une réflexion à partir des difficultés et particularités auxquelles je me suis trouvé confrontées depuis une vingtaine d’années à l’occasion de la rencontre de patients dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire (chirurgiens, diététiciens, psychologues, psychiatres) venant demander une chirurgie bariatrique.
Notre étonnement est venu notamment de la présentation particulièrement stéréotypée de ces patients lors de la consultation psychiatrique.
Intervention de Guillaume Riedlin lors de la formation APERTURA « Mélancolie et Paranoïa » qui a eu lieu le 8 juin 2016.
Dans ce cycle de formation organisé par Apertura, il est question, à cette session, d’évoquer en particulier la paranoïa et la mélancolie. Mon intervention s’inscrit dans ce contexte et propose d’aborder la notion de mélancolie et ses rapports à la paranoïa autour d’un cas clinique dans un premier temps et, dans un deuxième temps, de proposer une réflexion personnelle sur ce que seraient des moments mélancoliques au sein d’une cure analytique.
Intervention de Jean-Richard Freymann lors de la formation APERTURA « Mélancolie et paranoïa » qui a eu lieu le 8 juin 2016.
Le titre de mon intervention, Clinique psychanalytique des états mixtes, tient au fait de l’énigme que constitue ce qu’on appelait les états mixtes. Les états mixtes étaient déjà un peu énigmatiques dans les classifications de l’époque, travaillées par Henri Ey qui disait : « Il faut rappeler ici la possibilité d’états mixtes (Kraepelin) qui offrent tous les tableaux de transition entre l’accès de manie et celui de mélancolie ». Kraepelin, à l’époque, décrivait six formes d’états mixtes, la dépression avec fuite des idées, la mélancolie agitée, la stupeur avec éléments maniaques, la manie improductive, la manie dépressive et la manie akinétique. Point important parce que des personnes peuvent présenter à la fois des éléments mélancoliques et des éléments maniaques, point important cliniquement parce que ce sont des formes très fréquentes qu’on trouve dans les prises en charge « analytiques » des psychoses ; ces formes se développent souvent dans les transferts, disons, « psychotiques ».
Intervention de Daniel Lemler lors de la formation APERTURA « Clinique de l’aliénation et de la séparation » qui a eu lieu le 8 avril 2016.
Problème de traduction : Le terme Hilflosigkeit doit être traduit de façon correcte par « sentiment d’impuissance », car c’est un désarroi dû à un sentiment d’impuissance ; le terme de détresse est peut-être un peu fort, mais surtout il ne rend pas l’idée d’impuissance, car c’est bien de cela qu’il s’agit chez Freud. D’ailleurs l’allemand a d’autres mots correspondant mieux au français « détresse » : Not, Notlage. Traduire Hilflosigkeit par désaide – comme cela est proposé ailleurs – est, sur le seul plan linguistique, un non-sens.
Intervention de Jean-Richard FREYMANN lors de la formation APERTURA « Clinique de l’aliénation et de la séparation » qui a eu lieu le 8 avril 2016.
« Je voudrais montrer la difficulté que pose la clinique freudienne par rapport à ces questions et reprendre de manière condensée la question du moment où Lacan introduit, dans la question du sujet à l’Autre, la question de l’aliénation et de la séparation. En rappelant que chaque période d’un auteur concerne un travail de recherche à un moment donné qui peut éclairer un pan de notre pratique. Ce n’est pas parce qu’on passe à une autre période – par exemple la grande mode aujourd’hui, c’est de parler du sinthome chez Lacan – que ce sinthome devient plus important que la première théorie sur le symptôme. Nous avons une pratique, et cette pratique est tellement nouée, articulée que vous avez besoin d’un outil de théorisation. Cet outil, il faut faire très attention de le dater et savoir qu’il va être partiel. La théorie analytique est quelque chose qui est fait pour être partialisé comme on utilise les pulsions de manière partielle. »
Ce n’est pas parce que la très classique triade de la névrose, de la perversion et de la psychose a émergé au sein de la psychiatrie qu’elle doit être récusée. Certes, la collusion d’une certaine classification avec l’idéologie marchande disqualifie quelque peu cette discipline qui autorise l’atomisation de la nosographie et donne sa caution à une dé- civilisation qui arrache les racines, dénie le sens, évacue la parole et prétend que tout commence avec le cerveau.
Cette triade est pourtant liée à une structure que la psychanalyse ne cesse d’explorer. Les trois sortes d’adhésions que sont la croyance, la conviction et la certitude, les trois transferts de la demande à l’analyste, du défi à son égard, de son inclusion dans un délire, les trois sujets, celui que porte un signifiant pour un autre, celui qui procède du clivage du moi, celui qui est en retrait du monde, les trois pertes dont témoignent le refoulement, le déni et la forclusion, se réfèrent tous, me semble-t-il, et de diverses façons, aux trois registres fondamentaux de la psyché dégagés par Lacan : l’imaginaire, le réel et le symbolique. Les accidents dans leur nouage ont la particularité d’être « nosographiables ».