Intervention Jean-Louis Doucet-Carrière lors de la formation APERTURA « Place de la psychanalyse dans les thérapeutiques actuelles » qui a eu lieu le 24 novembre 2018.
La parole et le langage sont consubstantiels à toute démarche thérapeutique. Sans parler bien sûr de la place de la parole dans une séance d’analyse ou de thérapie analytique, une prescription médicamenteuse, une sismothérapie, une séance d’hypnose, une séance de TCC sont toujours le fruit de la demande verbalisée du soigné et sont toujours accompagnées par la parole et le langage du soignant. Je poserai en préambule à cet exposé qu’il y a deux choses auxquelles un être humain ne peut échapper, ce sont le langage et la jouissance. Cet enfermement rend, à mon sens, toute prise en charge thérapeutique d’autant plus complexe que langage et jouissance ne peuvent être désintriqués.
Intervention de Jean-Louis Doucet-Carrière lors de la séance inaugurale de l’ESRFP le 22 octobre 2016 à Sète.
Nous avons, ici-même, travaillé ces dernières années des sujets qui mettaient en dialectique la psychanalyse avec des principes que je pourrais qualifier de très républicains : la liberté, la question du sacré, la fraternité… La question des rapports de la psychanalyse avec l’égalité aurait dû s’imposer naturellement. Certes, cette notion a une importance socio-politique majeure mais, aux yeux du psychanalyste dont la tâche est de tenter de faire surgir de la différence, de la disparité subjective, le principe d’égalité ne peut se comprendre que comme une équidistance de chaque « Un » par rapport aux lois qui sont celles du système politique qui gère notre quotidien. Système que l’on peut définir comme une République laïque et démocratique et qui doit s’attacher à préserver cette équidistance.
Intervention de Jean-Louis Doucet-Carrière à l’ASSERC du 27 janvier 2017. Le thème des conférences 2016-2017 de l’ASSERC est : « Roman familial – Fantasme – Délire »
Tout commence par un cri. Ce cri fait signe, signe de vie, au monde qui l’accueille. Le nouveau-né entame une longue période de dépendance aux instances tutélaires qui lui prodiguent les soins. Les cris, les pleurs, les vagissements qu’il émet font signes à l’Autre et celui-ci peut trouver une ou des réponses totalement adaptées aux besoins qui génèrent ces signes.
L’idée de ces quelques mots m’est venue de l’observation « distante » des gestes barrières conseillés, voire imposés dans ce temps critique même s’il peut nous apparaître tout autant comme un temps logique !
La relecture non fortuite de l’ouvrage de Jean-Luc Nancy : Noli me tangere m’a incité à mettre cette idée sur le papier.
Se masquer, garder ses distances, ne pas se toucher, prendre des gants.
Comment ne pas évoquer devant ces masques, le plus souvent identiques entre eux, une uniformisation des visages ? Il ne s’agit plus là en effet de la persona – ce masque que portaient les acteurs dans le théâtre antique qui, d’une part, donnait à l’acteur l’apparence du personnage qu’il interprétait et, d’autre part, avait pour but de porter la voix au plus loin – en effet, nos masques chirurgicaux ou FFP2 donnent à tous et à chacun le même aspect d’extra-terrestre muselé. Heureusement, même si le port de lunettes paraît tout aussi indispensable, celui-ci permet toujours de percevoir le regard de nos congénères, sauf bien sûr à se réfugier derrière des lunettes teintées !
Dans la rubrique « Par-chemins de l’Ecole », vous trouverez des échos des travaux de l’Ecole Psychanalytique de Strasbourg, et de ses modes de transmission, en particulier compagnonnage et témoignage.
« Le sens n’est nulle part. Nous le traçons avec de la fumée et le vent n’est jamais très loin. » Salah Stétié
Drôle d’aventure que ce deuxième témoignage qui amène à prétendre être analyste compagnon.
Étymologiquement, le compagnon est celui avec qui on partage le pain, comment partager le pain qu’a pétri l’expérience analytique ? Est-ce qu’être analyste compagnon c’est in fine, devenir co-pin ou co-pain avec l’analyste accompagné ? Certainement non.
Pour rester dans cette image, je dirais que la tâche de l’analyste compagnon est plutôt de prélever le levain de sa propre analyse pour permettre à celui qu’il accompagne de fabriquer son propre pâton.
« Parce que l’acte fondamental de la parole est l’acte par lequel le sujet doit pouvoir faire acte de présence au point traumatique où l’Autre s’avère absent. » Alain Didier-Weill1
« Encore, c’est le nom propre de cette faille d’où dans l’Autre part la demande d’amour. » Jacques Lacan2
Je vous dois un avertissement en préambule à cette réflexion, c’est qu’elle va être souvent hors-sujet à tous les sens de cette formule ! Je pense qu’il a bien été souligné ici que, après des décennies d’une nosologie psychiatrique articulée autour du triptyque « Névrose, Psychose et Perversion », les nouvelles classifications établies par les DSM successifs nous laissent désarmés quant à une approche de la souffrance psychique selon le rapport que celle-ci entretient avec le réel.
« La mort dans un cri et l’enfant dans la vie », c’est le dernier vers du poème de Jacques Prévert : « Premier jour » où avec tout son génie il décrit la mort en couche d’une jeune femme et la venue au monde de son enfant. J’ai, l’année dernière, été bouleversé par la représentation de la pièce de Fédérico Garcia Lorca : »Noces de sang »où ce dernier martèle à plusieurs reprises la problématique qui est celle de »La recherche de la racine obscure des cris ».
C’est à partir de là que j’oserais aborder la problématique du désir de l’analyste.
« Rien n’est plus fort qu’une opinion que l’on a subie, qu’on a voulu nous imposer, que nous avons déchirée et rejetée et à laquelle nous revenons enfin par la contrainte de notre pensée, des événements et des expériences, et non plus sous la figure de quelqu’un, et avec un son de voix qui nous irrite. Nous croyons à nous-même. »
Paul Valéry1
Dans son texte « L’avenir d’une illusion » Freud nous assène cette formule : « Il n’y a pas d’instance au-dessus de la raison. »
On sait que Goya quant à lui soutenait que « le sommeil de la raison engendre des monstres ».
Quelle est donc cette raison qui, pour ces deux génies, représenterait ce qu’il y a de plus élevé et de plus fondamental chez le vivant humain. C’est donc, si je puis dire, une bonne raison de préciser ce que l’on entend derrière ce qui se dit lorsqu’on parle de raison !
Jean-Jacques Beineix, cinéaste populaire, atypique, indépendant et marginal, est mort le 13 janvier dernier à l’âge de 75 ans. Né à Paris le 8 octobre 1946, il s’est éteint à son domicile parisien des suites d’une longue maladie.
En 2002, Marc Morali et moi-même, avions profité de la toute récente sortie de Mortel transfert pour aller interviewer Jean-Jacques Beineix dans ses locaux à Paris. Nous lui avions demandé ce qu’était pour lui la fonction du cinéma, d’une image, d’un film… Nous l’avions encore interrogé au sujet du rapport de l’art et du commerce et de la société de consommation, sur le statut de la création artistique et de l’œuvre d’art, sur son rapport à la psychanalyse car il avait repris une cure analytique…
Il nous avait beaucoup parlé de temps, de rythme, de désir, de l’inconscient mais aussi de son rapport à la mort et à la pulsion. Nous étions encore revenus longuement sur son premier film, Diva, qui n’avait finalement qu’un seul personnage principal : la voix…
Jean-Richard Freymann présentera son livre « Fins de cure(s) et fins d’analyse(s) – Pour un renouveau de la psychanalyse » (Arcanes-érès, mai 2024)
le vendredi 6 décembre à 20h à la Librairie 47 Degrés Nord à Mulhouse (8b rue du Moulin).
Hervé Gisie et Jean-Marie Jadin animeront cette rencontre.