Conférence de Christian Hoffmann dans le cadre de la formation APERTURA « Modifications des troubles psychiques » du 7 juin 2017.
Je vais parler d’une question que l’on commence seulement à examiner, question que Lacan et bien d’autres avaient commencé à interroger, que l’on pourrait appeler l’universel de la structure.
Pouvons-nous considérer que nous sommes encore aujourd’hui dans un universalisme au sens absolu du terme ?
L’universalisme, dit-on, a été enterré dans les guerres de tranchées de 1914-1918, à savoir l’hégaléianisme qui faisait l’équation entre le réel et le rationnel. L’histoire de 1914- 1918 et sa boucherie ont montré que cette philosophie de l’univers et de la totalité a perdu de son importance.
Intervention de Jean-Louis Doucet-Carrière lors de la séance inaugurale de l’ESRFP le 22 octobre 2016 à Sète.
Nous avons, ici-même, travaillé ces dernières années des sujets qui mettaient en dialectique la psychanalyse avec des principes que je pourrais qualifier de très républicains : la liberté, la question du sacré, la fraternité… La question des rapports de la psychanalyse avec l’égalité aurait dû s’imposer naturellement. Certes, cette notion a une importance socio-politique majeure mais, aux yeux du psychanalyste dont la tâche est de tenter de faire surgir de la différence, de la disparité subjective, le principe d’égalité ne peut se comprendre que comme une équidistance de chaque « Un » par rapport aux lois qui sont celles du système politique qui gère notre quotidien. Système que l’on peut définir comme une République laïque et démocratique et qui doit s’attacher à préserver cette équidistance.
Intervention de Daniel Humann lors de la Formation APERTURA « Modifications des troubles psychiques » qui a eu lieu le 7 juin 2017.
Depuis la fin de son enseignement à Sainte-Anne en 1963, qui rassemblait alors principalement des psychanalystes, Lacan tient son séminaire à l’École Normale Supérieure devant un public élargi et universitaire. Les années 1968-1969 constituent un nouveau tournant car il se voit contraint de quitter la salle Dussane suite à l’intervention du Directeur Flacelière. En réaction, son auditoire (J. Kristeva, A. Fouque, P. Sollers notamment) occupe le bureau de ce dernier, avant d’être délogé. Lacan parlera par la suite dans l’enceinte de la Faculté de Droit rue St-Jacques.
The Banshees of Inisherin est un film comme il en existe peu. Un film rare sur les lois de la parole, ses conditions et ses conséquences. Sur une île d’Irlande assez désolée (je le sais : j’y suis allé il y a très longtemps, il n’y avait encore aucun véritable magasin d’alimentation à l’époque…) au large de Galway, deux hommes très différents l’un de l’autre, entretiennent une amitié depuis… on ne saura pas. L’un d’eux, Colm, un musicien, homme solitaire qui crée au violon des mélodies tirées du folklore irlandais, annonce un jour à l’autre, Patraic, personnage au cœur simple selon la référence flaubertienne, qu’il ne souhaite plus désormais qu’il lui adresse la parole.
Bien entendu Patraic croit à une farce. Il ne comprend pas les raisons pour lesquelles Colm a soudain cette exigence à son égard. Sur l’île personne ne comprend non plus, mais laisse chacun à ses affaires. Effondré par cette annonce, Patraic harcèle Colm pour avoir des explications et surtout pour renouer leur amitié. Colm refuse et exige de Patraic qu’il respecte sa demande, ce que ce dernier ne peut accepter. Devant l’entêtement de Patraic, Colm le menace. Et là où le film devient vraiment intéressant, c’est que cette menace ne vise pas Patraic, mais lui-même, Colm.
Intervention de Jean-Richard Freymann lors de la formation APERTURA « Les nouveaux complexes familiaux » qui a eu lieu le 8 mars 2017.
Le thème d’aujourd’hui réfère à l’actuel mais étudier l’actuel c’est « être dans un train et en même temps le regarder passer », c’est un mouvement topologique difficile à traiter. Je vais aborder cette question par un texte de Lacan, Les Complexes familiaux1, de 1938. Ce texte est important pour deux raisons : il est paru dans l’Encyclopédie Universalis, autrement dit il concerne toute une époque, c’est une sorte d’écran, voire de souvenir-écran dans lequel Lacan intègre tous les apports de ses congénères, toutes les avancées sociologiques, ethnologiques etc., et d’autre part, ce texte anticipe l’ensemble de son œuvre. C’est un plan projectif où nous avons à la fois le contexte dans lequel se trouve Lacan et tout ce qu’il va développer par la suite.
Depuis 8 mois, la pandémie du Covid-19 écrase à peu près tout et nous devons maintenant faire face à une deuxième vague et à un second confinement. De dimension planétaire, impossible d’y échapper, impossible de la contourner même en changeant de continent…
Alors que des techno-prophètes (le terme est d’Etienne Klein, physicien, enseignant de philosophie des sciences) annonçaient notre imminente libération des soucis liés à la matérialité de notre corps grâce aux nouvelles technologies, le coronavirus est venu brusquement nous rappeler notre finitude et notre condition de mortel.
Les élections américaines du 5 novembre nous ont confronté à la surprise de voir Donald Trump l’emporter avec un écart qui a démenti tous les sondages, lesquels pronostiquaient que les deux candidats étaient au coude à coude. Diverses explications ont été avancées, notamment conjoncturelles ; manque d’attention pour telle ou telle catégorie de la population, pour la dimension économique, la question de l’immigration. Cette démarche politique ou explicative qui fait crédit au juste sens pour en rendre compte nous semble insuffisante pour expliquer que plus de 50% des Américains aient voté pour Donald Trump. Cette démarche positiviste ne dissimule-t-elle pas une vérité, qui de ne rien en vouloir savoir, renforce la résistance aux changements, à l’inflation de mesures pédagogiques ou législatives ? Nous proposons ici de prendre de la hauteur, de sortir des discours communs, pour essayer d’appréhender autrement cette réalité, ce Malaise dans la civilisation. C’est-à-dire essayer de s’approcher de ce qui cause cette souffrance de l’homme, liée à sa condition elle-même, voire renforcée par le politique ?