Analuein n° 15 – Novembre 2010

EDITORIAL
L’institution : garantie et transmission
Daniel Lemler

« Oui, mais jamais, au grand jamais
Son trou dans l’eau n’se refermait
Cent ans après, coquin de sort
Il manquait encore »
Georges Brassens

Ce numéro d’Analuein est traversé des deuils qui nous ont frappés cette année. Cathie Neunreuther?, et Pierre Jamet?, au souvenir desquels je tiens à associer Jean-Claude Schaetzel? Léonard Singer?.
J’ai eu le plaisir de faire un bout de route avec chacun d’entre eux. Le numéro s’ouvre avec un double hommage à Pierre Jamet : « Mon ami Pierrot, prête-moi ta plume pour écrire un mot », l’émouvant texte de Jean-Yves Gaume, et une séance, nachträglich, dans l’après coup, du cartel à propos du transfert dans la cure, dans la formation, dans la transmission, auquel ont participé Mireille Lamaute Ammer, Anne-Marie Pinçon, Joël Fritschy, Jean-Pierre Fourcade, Pierre Jamet. A partir de l’article de François Perrier sur l’érotomanie, paru dans l’ouvrage collectif Désir et perversion, se déploie une large réflexion sur les enjeux du transfert dans la cure comme dans la vie courante. J’en retiendrai un questionnement sur les effets de la perte de l’autorité paternelle, liée aux changements de notre société occidentale, sur le transfert, que ce soit sa potentialité ou son analyse.

Je saisis l’occasion de cet éditorial pour saluer la mémoire de Pierre. Dès notre première rencontre, il m’a marqué par sa simplicité et son humour. Il avait une manière, bien à lui, de booster la dynamique d’un groupe de travail et d’encourager les élaborations de chacun.
Freud nous a transmis quelque chose de fondamental à propos du deuil : lorsqu’il étudie
l’Untergang, la sortie du complexe d’Œdipe, qu’il appelle parfois Zerstörung, destruction, il demande comment l’être humain arrive à supporter la perte de ses premiers objets d’amour, qui représentent les plus importants investissements de toute son existence. Pour rendre cette perte supportable, le sujet va s’en dédommager, par une identification, secondaire. A quoi ?

Analuein n° 15 – Novembre 2010

Analuein n° 17 – Décembre 2011

EDITORIAL
Trente ans
Laurence Joseph

Nous ne pouvons pas aborder cet édito d’Analuein sans évoquer les trente ans de la mort de Jacques Lacan au mois de septembre dernier. Cette date anniversaire a été largement reprise dans la presse, les radios et la télévision. Le témoignage et la filiation étaient au cœur des débats et des publications, une question sans cesse s’entendait : qui a vraiment connu Lacan, qui était cet homme, qui a su voir au-delà des apparences et presque coincer la « substance Lacan»?
En écoutant le flot de témoignages et d’anecdotes, je me faisais la réflexion suivante : voici une famille qui a perdu son père, frères et sœurs se réunissent pour reconstituer le corps et la voix du père mort.

Analuein n° 17 – Décembre 2011

Analuein n° 12 – juillet 2009

EDITORIAL
Bejahung : ceci est une pipe

Démocratie
« Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour.
« Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques.
« Aux pays poivrés et détrempés ! – au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.
« Au revoir ici, n’importe où. Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la
science, roués pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. C’est la vraie marche. En avant, route ! »
Arthur Rimbaud, in Illuminations, juin 1886.

Bon sang, mais c’est bien sûr… dans cette fissure et à travers ces buissons, «Un homme allongé», se cache dans ce tableau de Matthäus Merian. Image double, réversible où un paysage prend l’apparence d’un visage, à moins que ce ne soit l’inverse. Placée sous le signe de l’apparence trompeuse, cette rhétorique picturale participe d’un discernement qui transforme le champ de la vision et du regard : le spectateur s’en trouve divisé et du coup amusé…

Analuein n°12

Analuein n°11 – juin 2008

Le jour d’après-
J’en ai mis du temps à me rendre compte que nous avions effectivement changé d’époque. C’en est fini de la dé-subjectivation, de la sempiternelle adaptation nécessaire au monde actuel qui n’en finirait pas de bouger, de la prise de possession de la machine sur l’humain. Nous sommes aujourd’hui le jour d’après.  Hier, (1984), c’était Orwell avec une description prémonitoire du monde totalitaire et de sa police des mots. Rien n’était plus horrible que la richesse de la langue. La forclusion radicale du malaise dans notre civilisation dépasse en ce moment la fiction
entrevue par G. Orwell.
Je soutiens, qu’aujourd’hui, nous ne sommes plus dans un processus d’aliénation de la subjectivité. La machine, somme toute, n’était faite que de mots, au sens où Jacques Lacan disait, le 8 décembre 1954 : « Le monde symbolique, c’est le monde de la machine. »
La donne marchande est aujourd’hui l’indépassable réalité de notre époque. Pas en dernière analyse, mais immédiatement, d’une façon que je qualifierais d’obscène.

Pour ma part, deux indices, issus de la pratique, ont corroboré ce terrible constat :
– L’un, anecdotique : une déléguée de l’Aide Sociale à l’Enfance me demande récemment un devis pour « réparer » un enfant ! Quoi de plus normal ? Elle obéit en cela à l’exigence comptable du Conseil Général et des Juges (il faut se reconstruire). Après tout, n’avons-nous pas, nous les psy, les outils de la clinique ? Ne serions-nous pas bien outillés ? En combien de séances pourrions-nous réparer l’irréparable de la maltraitance ? Pour quel prévisionnel ? Combien pèse le « bien » de l’enfant ? Le jargon « psy » est passé depuis longtemps dans lalangue. Mais aujourd’hui, l’enfant est devenu une charge, pris dans un schéma, une donnée comptable pour laquelle tout compte, c’est-à-dire, rien…

Analuein numéro spécial – novembre 2008l

Analuein n° spécial – Novembre 2008

En guise d’ouverture
Joël Fritschy

« Les analystes écrivent beaucoup et quand leur transmission ne relève pas de l’écrit, elle se trouve relayée par la frénésie d’échanges, d’élaborations orales qui les amènent à mettre en mots, à tenter de théoriser les trouvailles auxquelles ils se trouvent constamment confrontées. Cette activité, nous devons bien le reconnaître, pose le socle théorique et technique à partir duquel nous travaillons et auxquels nous ne cessons de nous référer. »
Jacques Hassoun, Actualités d’un malaise

 

Cette citation extraite du dernier opuscule inachevé de Jacques Hassoun pourrait figurer en exergue de ce nouveau congrès de la F.E.D.E.P.S.Y. La haute importance de ces Journées s’accorde avec les termes d’une politique de la psychanalyse au sens où durant ces trois jours vont s’échanger, se croiser des discours s’appuyant sur des expériences, des champs théoriques différents voire en provenance d’autres aires culturelles. Créer de nouveaux espaces théorico-cliniques, tel pourrait être un des enjeux de ce congrès dont le point nodal — eu égard à la diversité des thèmes abordés en rapport avec l’actuel et l’Histoire — pose la question d’une articulation du social et du politique à l’analytique. Il paraît bien difficile d’évaluer le moment historique que nous sommes en train de vivre car il y manque cet après coup nécessaire au travail de pensée, à l’opposé d’un Moi qui se perd dans le miroir aux alouettes du temps réel. De toute évidence — et les travaux présentés au cours de ces Journées le diront — les événements survenus tout au long du XXe siècle, les guerres, crimes et meurtres de masse, les
attentats à la vie, contre la pensée, le psychisme et la langue, le tour pris par les bouleversements sociaux, les modifications de valeurs qui paraissent pourtant fondamentales, donnent à la crise actuelle une dimension qu’il semble bien difficile de réduire à un simple retour aux dures réalités, après l’euphorie des « trente glorieuses »…

Analuein numéro spécial – novembre 2008

 

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