A) Les motivations

L’E.P.S. reprend, dans ses principes, ce qui a pu s’élaborer pendant 15 années au sein de la Bibliothèque de Recherche Freudienne et Lacanienne et, en particulier, dans le département dit Psychanalyse en Intersection, du côté de la formation de l’analyste et des initiations à l’utilisation de l’outil psychanalytique.

Le contexte socio-politique nécessite aujourd’hui de rendre lisible et transmissible l’expérience strasbourgeoise de formation qui a intéressé plusieurs générations de psychanalystes.

La formation à la psychanalyse apparaît comme une des seules garanties pour la formation à la psychothérapie puisque interrogeant le « psy » sur ses propres mécanismes inconscients.

L’E.P.S. tient compte de la complexité de la formation de l’analyste et propose deux nouveaux modes d’abord pour ses structures et pour son fonctionnement :
• Le compagnonnage dans la champ analytique.
• Les échanges et élaborations en « Agora ».
B) Les deux grands principes

1) Le compagnonnage

La formation du psychanalyste s’appuie sur l’analyse personnelle, avec une issue didactique, les supervisions (en analyse de contrôle) et les cartels (structure inventée par J. Lacan de 3 à 5 personnes plus une (…… (+ 1) ). Ce qui est proposé à l’intérieur de l’E.P.S. c’est de permettre à un postulant-analyste de se référer à deux analystes-compagnons, pour suivre sur une certaine durée son rapport à la pratique, à la théorie en élaborant avec lui sa dialectique propre théorie-pratique.

Ce compagnonnage débute sur un premier témoignage direct, préparé avec un analyste-compagnon à l’intérieur d’une agora régionale.

A partir de là débute une autre forme de compagnonnage qui est à inventer en fonction des interrogations théoriques du postulant et eu égard aux difficultés de sa pratique. La présence de deux analystes-compagnons (soumis à la confidentialité) permet une grande diversification des compagnonnages. Il reviendra à l’Agora des A.C. (cf. plus loin) d’individualiser ce compagnonnage à son abord, de débattre de son devenir et de tirer enseignement de sa diachronie.

Le second témoignage à l’issue de la démarche compagnonne a valeur d’ouvrage de compagnon, son moment est décidé par le postulant, en accord avec ses A.C. A l’issue de cet ouvrage compagnon et si l’Agora à laquelle il est adressé le considère comme recevable, ouvrant à des débats et publiable, le postulant devient Membre de l’Agora (M.A.). Mais, cette seconde étape n’est pas confondue avec la possibilité de devenir analyste-compagnon (A.C.) et donc de fonctionner dans l’Agora seconde des analystes-compagnons.

Les modalités d’entrée dans l’Agora seconde des A.C., qui constituent un autre mode de compagnonnage à interroger par rapport à la fonction du passeur (chez J. Lacan), sont à définir par l’Agora elle-même à partir de l’expérience. Quoi qu’il en soit, un nouveau « temps pour comprendre » est nécessaire entre l’accession au statut de M.A. et à celui d’A.C.

Les exceptions qui confirment la règle sont les suivantes : si pour un analyste expérimenté, l’entrée à l’Agora de Strasbourg (qui reste coordinatrice de toutes les autres) correspond aussi à la création d’une nouvelle agora régionale ou d’y être associé directement. Autre exception : les analystes qui ont été didacticiens de fait, ayant leurs propres séminaires d’enseignements et qui adhèrent à la charte constitutive de la F.E.D.E.P.S.Y.
En cas de litige au sein de l’Agora seconde des A.C., c’est le bureau de l’E.P.S. qui tranche.
2. L’Agora

L’idée d’Agora se réfère explicitement à la démocratie athénienne : chaque citoyen (et tout habitant d’Athènes n’étant pas citoyen) a droit à la parole pour les échanges et pour les décisions). Pour le champ analytique, l’analogie peut être parlante : que ceux qui se sont autorisés à parler en leur nom et en regard de leur subjectivité puissent participer à un lieu dépourvu d’administration, de hiérarchie et d’effets groupaux.

Même s’il s’agit là d’un idéal à atteindre, l’expérience a prouvé qu’il est possible d’instaurer des espaces de paroles où est mise en défaut la psychologie groupale ou collective qui suture l’Idéal du Moi et l’objet de désir.

Mais aussi, la structure de l’Agora apparaît comme le nouage de différents cartels, unité de travail définie par Lacan à partir de la fonction du (+1), de l’instance tierce qui ne saurait être occupée par une personne (à cet endroit, le soutien délicat de cette dimension d’un + 1 non concrétisé (cela reviendrait au leader) est de l’ordre de la spécificité de l’éthique de la psychanalyse.

On comprendra dès lors que la création d’une nouvelle Agora se fera à partir d’un cartel fondateur, au fait de cette dialectique, et qui pourra s’adjoindre les membres par le biais d’un témoignage direct sur le rapport à l’analyse : de nouveaux membres, mais cette cooptation pourra aussi se faire dans l’ensemble d’un cartel pour peu que le témoignage reste individuel.

La constitution de l’Agora ne peut se faire que progressivement en tenant compte des difficultés propres à la région et d’un nouveau mode d’institutionnalisation qui tranche avec les fonctionnements institutionnels habituels.

Si les antécédents institutionnels ne sont pas déterminants, voire l’appartenance à une autre association, la logique de l’Agora a bien du mal à intégrer l’ensemble d’un groupe constitué. C’est la raison pour laquelle toute constitution d’une nouvelle Agora régionale doit être parallèle à la fonction d’un Bureau régional du Groupement d’Etudes de la Psychanalyse (G.E.P.). En effet, le Bureau régional est la courroie de transmission par rapport à la F.E.D.E.P.S.Y. et le lieu d’enregistrement et de développement des activités autour de la psychanalyse. L’adhésion peut y être massive et cela permet de respecter la logique progressive de l’Agora.
3. Le fonctionnement

En ce qui concerne l’Agora fondatrice de Strasbourg, elle va, pour une large part, être la translation de l’Agora de P.E.I. de la B.R.F.L. Pourtant, individuellement, ce passage ne sera pas automatique, mais chacun pourra y adhérer en regard de la charte constitutive et des principes de l’E.P.S. qui entérinera cette inscription ou la temporisera. L’entrée dans l’Agora de Strasbourg de l’E.P.S. donne le statut de Membre de l’Agora (M.A.).

Les difficultés qui risquent de surgir au sein de l’Agora fondatrice concernent la multiplicité des membres au sein de la même Agora. Mais plutôt que d’en changer artificiellement le fonctionnement, ce n’est qu’après un an d’existence que l’Agora pourra se diviser mais sur un mode décidé par l’Agora elle-même.

Il existe donc plusieurs types d’Agoras :

a) L’Agora de Strasbourg qui est fondatrice et coordinatrice de l’ensemble des Agoras régionales. L’entrée dans l’Agora et donc dans l’Ecole de Psychanalyse de Strasbourg se fait par un témoignage direct de son rapport à l’inconscient et à la psychanalyse, préparé avec un analyste-compagnon. Une fois introduit dans l’Agora, le candidat devient M.A. et membre de l’E.P.S.

Comme postulant au compagnonnage, l’entrée se fait obligatoirement (dans un premier temps) par l’Agora de Strasbourg par le biais de deux A.C. (cf. ci-dessus). L’Agora de Strasbourg se réunit au moins deux fois dans l’année.

b) L’Agora des analystes-compagnons
Elle est constituée par l’ensemble des analystes-compagnons des différentes agoras (de Strasbourg et régionale). La première liste des A.C. est produite par le Bureau de l’E.P.S. constitué par le Président, le Directeur et le Secrétaire. Les fonctions de l’analyste-compagnon seront précisées dans un règlement intérieur, ainsi que l’Agora des A.C., après une année de fonctionnement. S’agissant d’une fonction institutionnelle, elle se dessinera dans l’expérience et le fonctionnement.

Mais, nous pouvons d’ores et déjà poser les données suivantes :

• C’est l’Agora des A.C. qui constituera une référence analytique majeure puisqu’elle aura à soutenir l’individualisation du compagnonnage, tirer expérience des échecs et des succès et produire des travaux théoriques qui orienteront le destin de la F.E.D.E.P.S.Y.

• La liste des A.C. ne peut être confondue avec une liste d’analystes didacticiens puisqu’elle s’étaye sur une autre fonction. Dans la première liste n’ont été proposés, à ce titre, que ceux qui ont participé à l’élaboration du projet. Elle sera réactualisée tous les deux ans.

• Les premières définitions de l’A.C. se font de manière négative : il n’est pas l’analyste du postulant, il n’est pas le contrôleur… Ses fonctions sont à inventer par rapport à chaque postulant.

• Le mode de choix ou de désignation d’un A.C. n’est en rien arrêté : s’agit-il du choix du postulant ? de la désignation de l’Agora des A.C. ? d’un tirage au sort ? ou d’un mixage de ces possibilités ?
Ces questions seront débattues dès la 1e Agora des A.C. Aucune candidature ne sera acceptée avant cette rencontre.
c) Les Agoras régionales
Plusieurs Agoras régionales vont apparaître (Sud-Ouest, Angers – Marseille – Grenoble – Luxembourg). Elles se constitueront à leur propre rythme (cf. ci-dessus).

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