L’amour de cuisiner

Dans le cadre des « Rencontres Épicées » du 12 octobre 2022 à Mulhouse

I. Cuisine

Le chemin dans lequel nous mène Michel Troisgros est le trajet d’un magnifique papillon. Il nous attire à partir de Roanne (Loire) vers les différentes formes de plaisir :

  • plaisir du regard – comme l’œuvre de Silvia Bachli ;
  • plaisir du goût avec Papillon (la mousse au chocolat, la crème aux agrumes, la glace royale, la finition) ;
  • plaisir de l’échange – avec Denis Lafay.

Avec Le plaisir de faire plaisir[1] qui induit ces « Rencontres Épicées » qui font cuisiner le « Psy » autour de la joie de créer et ce triptyque à la carte : « cuisine, plaisir et transmission ».

Je connais peu Michel Troisgros mais j’ai pu goûter la saveur de nos échanges à partir de cet unique échange, mais si marquant, que je dirais en tant que psychanalyste : échange autour de Rien… et du devenir du rien.

Avant de vous endormir je voudrais vous dire aujourd’hui que la « joie de créer » se métamorphose comme le papillon autour des Métamorphoses Du Rien.

La gastronomie est la transmission du devenir d’une recette culinaire vers une symphonie polychrome avec différents mouvements.

L’idée du papillon est géniale parce que le papillon passe avant tout par la « chrysalide ». Quelle mue à partir des ingrédients avant de devenir le vol du papillon !

Le « rien » c’est aussi le pertuis, le vide, le manque par lequel le sujet, l’enfant doit passer pour devenir humain : femme ou homme.

Les « Rencontres Épicées » les plus difficiles dans le monde de la pathologie c’est l’anorexie[2], dite souvent mentale. Où le pari fou, voire limite, c’est de ne pas s’alimenter pour créer du rien, dans un monde pensé comme étouffant.

C’est là où le dénommé Jacques Lacan introduit cette notion « le rien » qui n’est pas Rien.

Comme le dit Michel Troisgros, créer une recette c’est ciseler la nourriture à partir « d’un rien ».

« Le plaisir de recevoir et de partager, celui de créer et de manager, celui d’oser et de décider, celui de caresser un ingrédient puis celui de lui faire honneur dans l’assiette[3]. »

II. Plaisir

Mon maître, le Pr Lucien Israël[4] [5]fait une remarque fort utile pour différencier le nourrissage du petit enfant, l’alimentation de besoin, de ce qui serait la joie de profiter d’un plat d’un grand chef.

La première vague de plaisir a à voir avec l’apaisement d’un besoin. Ce plaisir va fort loin chez le bébé, non seulement il aspire vers le sein ou son substitut – la tétine –, il aspire le sein, il pleure en cas de manque, la mère est, comme le dit Philip Roth[6], un « sein géant » qui l’aspire et le persécute.

Le rapport au plaisir va fort loin, il peut aller « au-delà du principe de plaisir » de Freud, c’est la question de la « jouissance ». Ce qui pousse l’enfant à aller jusqu’à « halluciner le sein ».

Il est une formule énigmatique que l’on retrouve chez Freud et chez Lacan : « ce qui n’est pas symbolisé (l’absence du sein), revient du réel ».

Et c’est là où la création culinaire présente un statut particulier : elle transforme l’aliment en un objet d’art, elle sublime la donnée brute de l’aliment.

Et Lucien Israël de dire : dans la recette on introduit du principe de réalité dans le principe de plaisir et nous tombons là dans la question de la sublimation.

Alors je cite Antoine de Saint Saint-Exupéry : Dans quelque domaine que ce soit, « la perfection est enfin atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer. »

III. Transmission

Quant à la question de la transmission : je me souviens de la nouvelle de Noëlle Châtelet[7] où toutes les semaines la famille allait manger la blanquette chez la grand-mère. Et pour une fois, en voyant les grimaces des petits enfants, « la blanquette n’était pas bonne ». Et alors ! La grand-mère s’est suicidée en sautant par la fenêtre.

La transmission des repas, ses spécificités, ses goûts originaux n’ont pas seulement à voir avec l’Éros, le désir, cela a à voir avec la transmission d’une époque, d’une ambiance, d’un goût, d’une généalogie et aussi avec l’automatisme de répétition où s’inscrivent dans notre bouche des morceaux de notre histoire.

Michel Troisgros donne l’éventail de la joie de créer et nous attendons toujours une suite dans l’avenir, quel que soit le contexte guerrier.

  1. M. Troisgros, Le plaisir de faire plaisir, L’aube, 2021. Et La joie de créer, L’aube, 2017. ?
  2. J.-R. Freymann, Les parures de l’oralité, Springer Verlag, 1992. ?
  3. D. Lafay, 4e de couverture dans Le plaisir de faire plaisir de Michel Troisgros, L’Aube, 2021. ?
  4. L. Israël (1974), La jouissance de l’hystérique, Strasbourg, Arcanes, 1996. ?
  5. L. Israël (1989), Boiter n’est pas pécher. Essai d’écoute analytique, rééd. Arcanes-érès, Toulouse, 2010. ?
  6. P. Roth, Le sein, Folio n° 1607. ?
  7. N. Châtelet, Histoire de bouches, Mercure de France, 1986. ?

Préambule au Séminaire de J.-R. Freymann – Essai de psychanalyse éclatée, de Joyce à Philip Roth

Je suis tombé sur cette dialectique entre symptôme et sinthome et je n’en suis pas revenu.

Topologiquement il s’agit d’une dialectique complexe que j’inscrirais entre aliénation et séparation.

Il s’agit là d’un aboutissement premier des élaborations entre fin de cure et fin d’analyse, ce sur quoi Freud a buté et où Lacan a dû inscrire – dans le champ analytique – une nouvelle approche.

De manière quelque peu paradoxale, ces fins et ces finitudes butent sur des nouveautés contemporaines. On a quitté le bon sens d’une progressivité pour tomber sur le vide… de parole au moins. Et pourquoi ? Parce qu’avant tout on a perdu les différents niveaux de la parole et que l’on se contente des rudiments du langage.

Ne soyons pas trop étonnés que l’on se confronte à la dimension de l’acte plutôt que de l’échange, et que l’on se contente d’un petit plus de vérité, qui ne nous fait pas rêver.

C’est ainsi que la « faim de l’analyse » a changé d’appel et que les banalités de la verbalisation ne suffisent plus.

Nous étions nombreux comme analystes à rentrer dans des « disputations » autour des luttes entre la psychanalyse et la suggestion hypnotique.

Aujourd’hui le « combat change d’âme » (Victor Hugo), les « parlêtres » que nous rencontrons ont déjà franchi ces techniques. Et souvent aujourd’hui la question serait plutôt : « Comment créer du symptôme à partir de la somatisation ? »

La parole, par le biais du transfert, peut-elle créer du symptôme ?

Créer de la « faim d’analyse » c’est déjà atteindre une certaine victoire par rapport au réel.

Après se pose la question des différents niveaux de discours où il existe une archéologie verbale qui mérite d’être dépoussiérée.

On ne peut que suivre Lucien Israël quand il différencie le « discours de désignation » et le discours signifiant.

La fin de cure aurait alors à voir avec l’évolution dans l’arbre des linguistiques. Jusqu’à quel point as-tu foré dans l’histoire de « lalangue » ?

On se perd en conjectures pour penser le changement de la structure.

On pouvait penser avoir réglé un problème structurel en abordant la place structurale ou structurelle du sinthome. Nous n’avions pas tort et Lacan nous en a laissé quelques indices.

J’ai fait le choix pour cette année, non seulement de nous confronter à Joyce mais aussi de donner la parole à Philip Roth, surtout à partir de Portnoy et son complexe mais aussi de Pourquoi écrire ? où il quitte la scène de l’écrivain.

C’est sept ans après qu’il meurt…

Comment l’humain peut-il accepter l’idée de sa mort prochaine ? Et la psychanalyse nous indique-t-elle quel est notre sursis ?

Je n’oublierai pas de parler de « Pourquoi la guerre  »contemporaine » » où l’être parlant supporte souvent les massacres, tout en mangeant son Mac Do.

Bibliographie :

S. Freud (1933), « Pourquoi la guerre ? », Résultats, Idées, Problèmes I, Paris, Puf, 1984.

H. Carrère d’Encausse, L’empire éclaté. La révolte des nations en URSS, Paris, Flammarion, 1978.

P. Roth (2017), Pourquoi écrire ?, Paris, Gallimard, 2019.

P. Roth (1975), Le Sein, Paris, Gallimard, 1984.

C. Soler, Lacan, lecteur de Joyce, Paris, Puf, 2015.

A. Camus (1945), Caligula, La Pléiade, 2006.

J. Clavreul, L’ordre médical, Paris, Seuil, 1978.

M. Safouan, Le transfert et le désir de l’analyste, Seuil, 1988.

J. Lacan, « Les sœurs Papin », dans Écrits ?

 

Tyrannies et libertés… psychiques!

Quels espaces de liberté ?
De quels espaces de liberté disposons-nous ? Nous, humains, et chacun au singulier, toi, moi, jusqu’où pouvons-nous nous mouvoir ?

L’expérience de la cure (personnelle et celle de nos analysants) dévoile à quel point le psychisme d’un humain est déterminé par des rouages qui lui échappent, mais aussi dans quelle mesure il peut s’en désaliéner.

Pascal Quignard écrit que pour l’être humain la liberté n’existe pas… La liberté entendue comme un état n’existe pas. Il soutient cependant l’existence et la possibilité d’un mouvement de libération. Ses écrits en témoignent profondément.
Je repense à la « fenêtre du fantasme » évoquée par Lacan : l’homme ne voit la réalité qu’à travers la fenêtre de son fantasme – une petite lucarne, opaque d’ailleurs la lucarne, un minuscule vitrail aux formes et couleurs toujours singulières.
Côté fauteuil, dans la succession des séances et des discours qui se déroulent, il est parfois frappant d’entendre la diversité des mondes tyranniques : l’un étouffe dans un espace de plus en plus restreint par ses crises d’angoisse et d’agoraphobie, l’autre n’est plus qu’une des variables de son équation de calcul continuel des calories, une autre subit en tremblant les foudres et colères de son chef (étrange, il est vrai que sa mère entrait dans des rages imprévisibles, mais démissionner ? « non, vous n’y pensez pas, jamais je ne retrouverai un aussi bon poste… »), un autre se torture sans fin à la pensée d’une infidélité de sa femme, il y a dix ans… Les variantes se déclinent sans fin, elles aussi.
Combien d’entre nous subissent de plein fouet la tyrannie de leurs mécanismes psychiques, ou sont en lutte contre eux ? Quelqu’un y échappe-t-il ?
Faut-il être en lutte contre une tyrannie extérieure, pour échapper à ses tyrannies intérieures – ou seulement les mettre en sourdine ?..

Pourtant, pour peu que l’on s’accroche un peu, pour peu que l’on accepte qu’il y faut une certaine temporalité – cela prend du temps, de démêler les minces fils d’acier agglutinés en cordes qui nous enserrent et nous constituent à la fois -, s’ouvrent des espaces de liberté. Et il y a cette surprise de la liberté, encore et encore, qu’elle soit personnelle ou ressentie par un-e analysant-e. Tiens, quelque chose de nouveau est possible ! C’est assez incroyable, « je respire un peu ! ».

Deux questions :

  • qu’est-ce qui est opérant ? quel scalpel tranche les fils d’acier ?
  • quels espaces ?

Quel scalpel ?
La parole. Ou plus précisément un certain usage de la parole. Ou plus précisément encore ce n’est pas la parole elle-même, c’est un certain rapport à la parole.
L’art de l’analyste (il me semble…) réside dans son rapport à la parole, dans sa capacité à distinguer les différents plans de la parole, s’y repérer, s’y situer, entendre un peu de quelle manière l’analysant y est pris, et par ses interventions – interprétations (dans un certain contexte : un transfert sans dimension utilitaire[1]) permettre que la prise dans le langage devienne moins aliénante, que se creuse peu à peu l’espace d’un positionnement subjectif et désirant.
En ce sens l’image du scalpel est fausse : ce serait plutôt du dissolvant à effet très lent, qui dissout peu à peu des points de fixation, ce serait encore une forme de lubrifiant, qui aide à démêler des noeuds trop serrés, et de la patience à chercher à tâtons quels bouts de quelles cordes tirer, pousser, faire bouger et glisser, peu à peu…
Ce rapport particulier à la parole, qui distingue différentes formes et plans de langage, de parole et de discours, a pour nom « historique » l’inconscient freudien. Je le souligne souvent et le répète encore, il me semble que ce rapport particulier à la parole peut prendre d’autres formes et d’autres noms que la psychanalyse (autour de l’art, de la créativité, de l’inventivité et de la rencontre…). Dans le champ de l’analyse la dimension de l’inconscient freudien reste l’une des références essentielles, un repérage incontournable.

Les différents plans de la parole, qu’est-ce que cela veut dire ?
D’abord nous ne pouvons pas oublier (il me semble…) qu’au regard du réel la parole n’est que du vent (et le vent chante parfois un chant bouleversant, ou nous caresse et berce avec une douceur infinie, ou nous secoue de sa terrible violence), ou « au mieux » la parole se transforme en chimère, un être composite de mots et de réel, vent et matière opaque mêlés, lorsque la parole parvient à toucher à un peu de réel, à s’y ancrer.
Les différents plans de la parole : les mots s’agglomèrent en discours, un truc qui est censé avoir un certain sens, une certaine signification. Les effets d’un discours dépendent en grande partie de l’entité qui le profère, et de son positionnement dans le rapport « interhumain » : effets structurants des bouts de discours qui nous constituent (il faut bien arriver à se prendre pour soi-même, et un peu de matériaux pour le construire, ce soi-même), effets informatifs des connaissances partagées, enseignées, effets hypnotiques et/ou effets d’oppression du discours ambiant, du discours des figures d’autorité, quelles qu’elles soient.
Un discours n’a rarement qu’un seul type d’effet : les effets structurants, informatifs, hypnotiques et d’oppression se mélangent en proportions variables.
Le rapport particulier de l’analyste à la parole – il n’est pas le seul à pouvoir construire ce rapport particulier – relève d’une espèce de paradoxe intenable, à soutenir tout de même : la parole n’est presque rien (ce n’est que du vent, des chimères !.. la plupart de nos discours sont des leurres, ou des ritournelles que nous répétons, ou des délires, et ce que je suis en train de produire n’y échappe pas), mais sans parole (sous une forme ou une autre) nous n’existons pas. Sans parole nous ne nous rencontrons pas. Sans parole ne peuvent s’opérer les magies de l’humain, toutes ses formes de poésie. La parole, ancrée à certains endroits du réel de notre corps, raboutée dans notre chair (cf la « lalangue » de Lacan), est la matière même de notre existence d’humain, de sujet. La cure agit sur cette matière, et permet à l’analysant de la transformer.

La parole n’est presque rien, est tout, est un leurre, une ritournelle, un délire, les discours constituent, enferment, écrasent. À supporter de parler tout de même, à soutenir que « c’est de la parole / ce n’est que de la parole », à supporter d’écouter l’autre parler, se construit l’espace de la possibilité de la présence de l’un et de l’autre. Je peux exister, tu peux exister. Ni plus, ni moins…
Je peux exister, parler, t’écouter, nous échapperons peut-être à peu près aux effets d’oppression si nous y prenons garde, nous n’échapperons pas aux leurres, ritournelles, erreurs, délires, malentendus, mais j’aurai pu être présente (subjectivement) en ta présence, et inversement. Tu auras pu me faire entendre quelque chose de ta parole, de ta forme singulière d’existence, et inversement. Il y a un peu de magie dans ces effets de présence.
Pouvons-nous plus ?

Quels espaces ?
Tous ou presque. Ce rapport particulier à la parole, où qu’il soit soutenu, permet un positionnement subjectif et désirant : je suis présent-e, je pense, je n’en pense pas moins probablement diverses « conneries », mais j’existe, et lorsque je parle, c’est mon discours. Ce n’est pas un discours qui détiendrait la vérité, ce n’est pas un discours d’affirmation du moi pour lequel je me prends, c’est de la parole.
Un tel positionnement a des effets jusque dans la mise en jeu des pulsions. Une liberté se dessine dans le corps et son « usage », sa mise en mouvement et son rapport aux autres. Un espace de liberté dans les gestes du corps, le timbre de la voix, le rapport à l’alimentaire, à la sensualité, aux désirs charnels…
Je n’en dirai pas plus – ce n’est que de la parole !..

  1. le transfert à un autre qui n’utilisera rien de vous, ne jouira en rien de vous (le contrat du paiement des séances en est une formulation : ce que l’analyste retire de ses séances se limite au paiement en argent, avec pour prime il est vrai quelque chose du côté du mouvement désirant. Il serait mensonger de prétendre qu’il n’y pas une forme de satisfaction dans la mise en jeu du « désir de l’analyste », lorsque la cure permet le mouvement vers une libération subjective et désirante de l’analysant). ?

Osons réveiller l’inconscient freudien et le génie de Lacan

Nous en étions arrivés à une question fondamentale dans notre périple éditorial. En quoi le rapport au particulier, voire à la singularité, peut-il mettre en défaut la prise par le collectif ?

Si l’on rajoute en plus le climat de guerre dans lequel nous sommes pris, nous sommes dans un délire de fin de monde. Ce que nous sommes en train d’essayer de dégager c’est de rajeunir la question de Einstein à Freud (entre autres). « Pourquoi la guerre ? », nous ajoutons « aujourd’hui ».

Osons poser la question sous forme inversée : « Comment se fait-il qu’il y ait des périodes où nous sommes inversement dans… « l’après-guerre » ? »

À y regarder de plus près : dans le monde il y a toujours un endroit où les guerres fleurissent. À combien peut-on évaluer le nombre de morts dues à la débilité ou à la folie d’un seul… le paysage est épouvantable. Suivant le pays ou le continent où vous habitez vous avez de toute façon fait l’impasse sur bien des lieux « en guerre ».

Feu mon père me racontait qu’en plus de la menace de mort, dans la résistance, une horreur supplémentaire apparaissait quand un des compagnons avait été pris en flagrant délit de trahison. On est loin de la formule de Freud « seule la mort est pour rien »[1].

À toute petite échelle et si on a la chance de pouvoir poursuivre sa vie, on peut recenser dans son histoire la question suivante : « Dans ton périple combien de tes proches t’ont-ils trahi ? ». Bien sûr la question se pose dans différents niveaux de trahison.

On a plutôt envie de se réfugier dans la phrase de Georges Brassens : « Quand je cherche les amis, je regarde le gazon. »

Dieu merci (!), l’analyse des trahisons montre que l’on a été souvent trahi, en regard de son attente. Rassurant ? Référons-nous à la Doxa psychanalytique. Et voici le chemin escarpé vers l’amour déçu, mais pas seulement ! Ne lâchons pas la « hainamoration ».

En temps de guerre les trahisons sont souvent synonymes de réalisations meurtrières. N’oubliez pas de vous reporter aux « Épurations ».

Plus tard, durant la révolution de 1968 on osait prétendre qu’il y a « un esprit de droite et un esprit de gauche »[2], on dirait aujourd’hui totalitaire ou démocratique…

Aujourd’hui on radicalise les choses. Soutiens-tu la montée du fascisme et de l’extrême droite, oui ou non ? Les référents sont tombés.

Je dirais aujourd’hui qu’il n’y a pas de zone intermédiaire. Et aux psychanalystes aussi de brandir ce drapeau : celui de ne pas se taire, ailleurs que dans la cure.

Comment pourrait-on soutenir la naissance du « sujet de l’inconscient » et à la fois désigner une série de tiers exclus ? Mais il s’agit au moins de dénoncer que ceux qui évitent cette question vont obligatoirement vers un « intellectualisme » ou dans le monde de la rationalisation secondaire.

Dans un monde où l’évolution de la mythologie familiale va souvent dans le sens de la « parentalisation des enfants », enfant que l’on met en position parentale, l’angoisse de destruction est au rendez-vous à tous les croisements.

La psychanalyse est aussi là pour remettre en place l’ordre des générations, où chaque génération à ses spécificités face aux « traumatismes », face à ses « fantasmes » et où apparaît une nouvelle « mythologie » comme on dit pour le congrès[3].

Et tout cela dans un déni de la réalité qui flirte avec l’ordre de la « Verwerfung ».

Comment peut-on continuer à vivre presque « normalement » quand les centrales atomiques sont occupées comme des bunkers et que de part et d’autre on s’envoie des missiles ?

Peut-on parler encore d’un « monde civilisé » ? ou a-t-on développé les cultes de Thanatos ?

Alors, espérons que la cure analytique va sauver quelques analysants, pour témoigner du clivage entre Eros et Thanatos.

Par exemple qu’il n’y a pas de « leçons de l’histoire mais que l’historiole de chacun doit tenter de s’inscrire dans le monde pour recréer des « conflictualités symboliques » qui ne sont pas des guerres.

Et pourtant, vous me direz, on assiste à des renaissances : « L’OTAN réexiste, l’Europe se conflictualise, les femmes parlent et se révoltent en Iran ».

De plus, j’ai été agréablement frappé par notre première séance de ciné-club de la FEDEPSY, à partir du film Roland Gori, une époque sans esprit, réalisé par Xavier Gayan, animé par Georges Heck, Marc Levy et moi-même, où, à ma grande surprise, une nouvelle génération est apparue et a posé des questions autour de l’inconscient et de la politique aujourd’hui.

Cela laisse de l’espoir et j’en profite pour conseiller trois titres qui prépareront mon cours :

Pourquoi écrire ? de Philip Roth[4] ;

Lacan, lecteur de Joyce de Colette Soler[5] ;

L’Empire éclaté d’Hélène Carrère d’Encausse[6].

À nous de prendre le relais… nous étions plus de 50 à cette première rencontre.

Merci aussi à Georges Heck et au Cinéma Star.

NB : N’oubliez pas de nous faire part des différents enseignements des séminaires ! Qui relève le défi ?

  1. S. Freud (1938), « Le clivage du moi dans le processus de défense », dans Résultats, Idées, Problèmes II, Paris, Puf, 1985. ?
  2. Cf Morvan Lebesque (1911-1970), journaliste et essayiste français, chroniqueur au Canard enchaîné entre autres. ?
  3. Le prochain congrès de la FEDEPSY aura lieu en 2024 sur la thématique « Traumatismes – Mythes – Fantasme. Pourquoi la guerre aujourd’hui ? », avec trois journées préparatoires sous forme de forum en 2023/2024. ?
  4. P. Roth, Pourquoi écrire ?, Paris, Gallimard, 2019. ?
  5. C. Soler, Lacan, lecteur de Joyce, Paris, Puf, 2015. ?
  6. H. Carrère d’Encausse, L’empire éclaté, Paris, Flammarion, 1978. ?

Sur la technique – propos nocturnes et décousus

Nuit calme. Terrasse surplombant la mer.

Ils sont venus finir la nuit ici, à discuter à trois. Ils se connaissent de longue date, leurs nuits d’étudiants ressemblaient à la nuit qui se déroule. La vie a rapproché deux d’entre eux, entrelacé leurs devenirs, amené sous d’autres cieux la troisième, la danseuse. Ils sont venus la voir danser la dernière représentation de son spectacle. Sera-ce le dernier ? Chacun se le demande sans le dire. Le temps a passé, le temps continue de passer.

La psychanalyste soupire : « Je t’envie, le sais-tu, de savoir faire parler ton corps. »

La danseuse, dans un sourire : « Il a plus à dire que ma tête. Mais entends-tu qu’il gémit, parfois, grogne, ce ne sont pas des mots qu’il dit, il hurle il murmure des sons inarticulés, la vie que je ressens à travers lui, la joie, la lumière, l’émerveillement l’horreur. Je t’envie de savoir transformer cela en mots – pourtant, dans la transformation, que devient ce que ressent le corps, qu’en fais-tu ? »

La psychanalyste, après un temps de silence – déformation professionnelle ? : « Parfois le ressenti est présent, intact, malgré les mots, à travers les mots, parfois il est escamoté, occulté par les mots. Je ne sais pas ce que je préfère : l’intensité souvent douloureuse de ressentir, ou la violence l’étouffement de l’effacement. »

Elles se taisent. Alors il se décide à parler, le karateka, resté silencieux jusque-là : « Vous parlez de violence. Vous rappelez-vous la dernière nuit que nous avons partagée – il y a combien d’années ? – nous n’avons parlé que de cela, de violence, vous m’interrogiez sur la violence du combat, ce que l’art martial en fait, comment un pratiquant d’art martial s’en débrouille, de la violence. »

La danseuse : « Oui, je me rappelle. Tu me disais qu’il y a autant de violence dans ma danse que dans tes combats, et je ne comprenais pas. Entre temps j’ai compris, je crois. »

La psychanalyste : « Cela se voyait dans ta danse, ce soir. Excusez-moi de revenir à moi, je suis prise d’une nostalgie étrange, une lassitude de mon métier, une nostalgie de ces temps jadis d’avant le choisir, l’envie d’y revenir, quel choix ferais-je aujourd’hui ? Je n’ai pas le corps, je n’ai pas la technique et son usage à travers le corps, pour supporter la violence, de la lumière et de la noirceur. »

Le karateka : « Tes paroles m’étonnent. Tu nous as tant parlé de technique, tu nous expliquais, des nuits entières à nous expliquer les arcanes de la psyché humaine. »

La psychanalyste : « J’aimerais que tu puisses me rappeler ce que je disais. Et à la fois je suppose que je n’y croirais plus. »

La danseuse : « Tu ne crois plus ? Ou tu n’y crois plus ? En quoi ? Moi aussi je crois en beaucoup moins de choses, mais il reste quelque chose en quoi je crois, saurais-je dire quoi ? Saurais-je le danser peut-être ? Peut-être est-ce ce que j’essaie de danser, à chaque mouvement. »

Le karateka : « La technique : ce truc étrange, truc comme ceux du prestidigitateur. Je l’ai travaillée, la technique de l’art martial, l’ai étudiée, l’ai répétée, suis allé lire ce qu’en disent quelques maîtres, ceux qui se sont rompus à son usage, ceux qui à force de vouloir la traverser se sont laissés traverser par elle. Qu’est devenue ta technique ? qu’es-tu devenue, t’a-t-elle traversée ? »

La psychanalyste : « Vos questions me font du bien, elles me réveillent, elles me rappellent des choses que j’oublie. Avec le temps les aspects techniques se sont simplifiés, épurés, cependant tu as raison, il reste de la technique, elle est essentielle.

En quoi je crois ? Qu’est-ce que j’essaie de danser, moi qui ne danse pas ? La parole est une chose étrange – lorsque j’essaie de la faire dire (quoi que ce soit), lorsque j’essaie de la forcer à dire, elle ne dit rien. Lorsque je me prête à elle, lorsque je me prête à parler, elle dit tant – bien plus que je ne sais. »

Le karateka : « Ce serait ta technique, alors ? Le truc, les trucs qui te permettent d’accéder à te prêter à la parole, au lieu de la forcer ? »

La psychanalyste : « Peut-être… la technique de l’analyste serait ce qui permet à l’analysant d’expérimenter cela – malgré la présence de l’autre qui risque de brouiller les pistes, à vrai dire à travers la présence de l’autre.

Elle est immatérielle, cette technique. Parfois je regrette de ne pouvoir la matérialiser comme vous le faites de vos mouvements, de vos gestes. Je me rappelle ton corps sur la scène ; je me rappelle ton corps à l’aube sur la plage, tu répétais encore et encore le même mouvement, tu cherchais quelque chose, je ne sais quoi. À me rappeler l’aube ce matin me vient l’idée qu’au fond ta technique n’est pas plus matérielle que la mienne : elle réside dans le je-ne-sais-quoi que tu cherches, dans cette petite nuance de mouvement, pas dans le geste en tant que tel.

La parole est un geste elle aussi, peut-être ? La rencontre de l’autre est une danse ? »

La danseuse : « Ton idée me plaît. La rencontre, la danse, la scène… Les différentes formes de rencontre. Quelle forme de rencontre, dans ton métier ? Comment fais-tu avec l’autre, la rencontre de l’autre ? »

La psychanalyste : « Parfois je ne sais pas. Parfois je me rappelle, la question de l’analyse, l’art de l’analyste. Peut-être ce serait… une certaine façon de se positionner sur la scène qui invite à la parole… lui permet de se déplier se déployer… sans l’aspirer trop ni la déformer… une écoute qui fait résonner sa parole aux oreilles de l’analysant. Qu’a-t-il à savoir, l’analyste ? Rester à sa place, ne pas se laisser emporter dans la danse. Et savoir quelque chose de la mécanique de la danse psychique, en avoir une idée : elle n’apparaît vraiment sur la scène que si l’analyste en a une idée, une idée des chimères qu’il tente d’observer. La mécanique subtile et boiteuse de l’être parlant.

Vous étudiez le corps, sa mécanique, ses possibilités d’articulation et de mouvement, vous expérimentez dans votre propre corps toutes les variantes du mouvement. La cure personnelle, ce serait la même expérience de la matière psychique et de ses rouages à travers sa propre matière psychique. Après cette expérience, et à condition de la maintenir vive, lorsqu’un analysant parle, lorsqu’on l’écoute d’une certaine manière, les rouages de sa matière psychique apparaissent sur la scène. Enfin, un truc un peu comme ça.

Trop d’images, trop de mots, excusez-moi. J’aimerais pouvoir finir ma petite improvisation langagière comme tu finis ton spectacle : tu cours, tu cours, tu voles, la vitesse la légèreté, et ce moment d’arrêt de suspension. On s’attend à plus de vitesse encore, à te voir virevolter à travers la scène, et tu t’immobilises, comme en plein mouvement. La lumière s’intensifie jusqu’au cri, puis s’éteint. »

Les mythes de Lacan et les mythes lacaniens

Séminaire de Jean-Richard Freymann TRAUMATISMES, FANTASMES, MYTHES
Séance du vendredi 21 Mai 2021 (par zoom)

Nous allons parler aujourd’hui de choses un peu difficiles. À partir de la question du mythe je voudrais arriver à définir la place structurale possible des symptômes. Il convient de saisir que les mythes de Lacan représentent les apports géniaux de ce dernier ; quant aux mythes lacaniens ils ont à voir avec ce en quoi les lacaniens ont réussi à transformer les apports fondamentaux de Lacan. Au niveau de la pratique, le but est d’arriver à se re-brancher sur les mythes de Lacan, par lesquels il a bouleversé tous les apports, en particulier freudiens.

Deux ouvrages me semblent importants pour ce retour au mythe de Lacan :

Le retour à Freud de Jacques Lacan de Philippe Julien1 et

Le mythe individuel du névrosé2 que Jacques-Alain Miller a fait paraître, où il est question du symptôme mais ailleurs que chez les analystes. Cela s’est passé au collège de philosophie.

Je voudrais vous montrer trois schémas qui vous permettront de vous repérer et qui constituent un triptyque fondemental :

1er schéma dans le livre de Philippe Julien (ce dernier a changé complètement la lecture des différents temps de Lacan) :

2e schéma. Qui a à voir avec le stade du miroir chez Lacan

3e schéma. Le graphe – l’aboutissement de toutes les théories – où vont se nouer à la fois les questions des pulsions et celles du signifiant

Si on interroge la question du mythe autour de Lacan, on en vient au stade du miroir, apparu le 3 août 1936 et repris le 17 juillet 1949. Il traverse l’œuvre de Lacan et constitue le mythe fondamental à partir de Lacan qui est d’ailleurs un des seuls éléments qui est entré dans la culture. Tout l’apport de Lacan efface les apports théoriques. Ce n’est pas un hasard, le stade du miroir correspond à une période où on s’interrogeait sur la constitution pour l’enfant de son image, aussi bien de son image spéculaire que de l’imaginaire non spéculaire.

Le stade du miroir a à voir avec le fait qu’au moment où l’enfant est en prématuration organique, il va voir dans le miroir une unité corporelle qui n’existe pas dans le réel. L’image qui se met en place précède l’embryologie, en voyant cette image une opération de jubilation s’opère en lui. Il est important de voir que l’image du corps va précéder son corps réel. La complexité est qu’il faut que la mère soit présente, en position de grand Autre. Par rapport au cycle du devenir de la vie, ce qui est premier c’est cette image qui nous revient du dehors, ce n’est pas son corps réel.

Quelle est la différence chez Lacan entre le texte d’août 1936 et celui de juillet 1949 ? On peut dire que dans le nouveau texte apparaît la constitution du JE et celle de la spécularité, donc la place du narcissisme. Le mythe du stade du miroir est quelque chose qui nous branche cliniquement sur la question du narcissisme primaire. Que se passe-t-il avant qu’on se constitue comme sujet avec des signifiants, des fantasmes, des pulsions qui se nouent ? Ce mythe est celui de l’originaire structurel pour Lacan. Il faut savoir qu’au moment où il commençait à être question du stade du miroir, Henri Vallon avait fait un texte dans l’Encyclopédie française, on était dans une mode où on cherchait comment l’enfant va se constituer. Il faudrait faire retour à cette période. L’apport de Lacan est certain et correspond à la période de 6 à 18 mois de l’enfant. Qu’advient-il du déclin du sevrage ? Par la suite on aborde les opérations constituantes : la constitution des signifiants, du sujet, du Moi… C’est dans Le mythe individuel du névroséi que Lacan a cherché le pont du nouage autour de cette affaire. Il y aboutit en parlant de deux types de symptômes : les symptômes de l’homme aux rats et l’histoire de Goethe par rapport au côté oraculaire ce dernier est frappé d’une sorte de malédiction qui l’empêche d’embrasser. Fort heureusement Frédérique Brion a réussi à lui faire retrouver le plaisir du baiser. Cet aboutissement nécessite une idée de construction, de montage.

Vous êtes face à deux positions : celle de Freymann et celle de Philippe Julien. Le premier vous dit que le véritable mythe de Lacan est venu inscrire quelque chose dans la

culture et n’est pas la même chose que ce que les Lacaniens en ont fait. Tandis que Philippe Julien prend une position différente sur le plan de la pratique.

Il dit que dans un premier temps Lacan a fait retour à Freud, il va désimaginariser ce qu’on avait fait de Freud. Il s’agit d’une autre mythologie, les post-freudiens ayant mis beaucoup d’interprétations imaginaires autour des apports de Freud. Il y a eu ce retour à Freud qui nécessite de tomber sur la question du symbolique. C’est là qu’intervient chez Lacan le SIR qui est le primat du symbolique par rapport à l’imaginaire et au réel. Il redonne à Freud ses lettres de noblesse en repartant du côté de la textualité.

Le SIR a fini par devenir le RSI que vous trouvez dans le nœud borroméen, avec une donnée considérable : le symbolique n’est plus premier. Il y a trois dimensions et l’une n’est pas valorisante par rapport à l’autre. Dans ce nouage entre SIR et RSI se loge au centre le fameux objet a. Il s’agit de l’objet perdu, l’objet lacanien, pure invention de Lacan. Freud était ennuyé avec la question de l’objet. Par l’invention de Lacan s’opère une coupure qui fait qu’on n’a pas toujours besoin de chercher son alter ego, son Moi ou l’image du moi… ce qui est premier c’est l’objet perdu. Ce qui permet d’ailleurs qu’existe le stade du miroir, ou s’opère la récupération d’une image complète. Du côté des symptômes, voire des sinthomes, il y a un certain nombre de difficultés qui vont se poser. Philippe Julien dit qu’il n’y a pas chez Lacan un imaginaire reposant sur une spécularité ou sur le narcissisme, il y a un imaginaire non spéculaire et ce dernier correspond pour Lacan, contrairement à Freud, va être de redécouvrir les mouvements de cette objet a. Une analyse en tant que telle consisterait dans un premier temps à déposer la série des objets a dans l’autre et toute la psychanalyse elle- même va être une tentative de repérer ses objets a et par la suite de réussir à les perdre, à accepter subjectivement la question du bord, du trou, la question du milieu, du centre de ces trois dimensions. Le rapport au symptôme de Freud et celui de Lacan n’est pas le même. Freud a laissé tous ses élèves se débrouiller avec l’histoire de la fin d’analyse et ce n’est qu’en 1938-1939 qu’il a donné sa théorie à lui. On parle du roc de la castration où, quelle que soit l’analyse, on arrive à un point de butée : pour l’homme de se faire sodomiser par le père, pour la femme le désir d’enfant. Autant Freud montre ces points de butée autant Lacan dira que c’est de supporter la perte des objets a… supporter qu’on part de rien. Comment la personne qui fait une analyse va-t-elle supporter ce manque ?

Nous sommes dans deux hypothèses qui méritent d’être retenues pour le congrès. Il faut différencier les bases de Lacan qui sont avant tout l’histoire du stade du miroir.

Je voudrais terminer sur la question des symptômes qu’il y a dans le mythe individuel du névrosé. Le modèle du symptôme névrotique pour Lacan c’est avant tout le symptôme de la névrose obsessionnelle. Rappelez-vous l’horreur de la scène où un individu se fait enfoncer un rat dans l’anus. Il y a un certain rapport à l’objet et aux scénarios qui va se poser, où des tas d’objets devront fonctionner, dans l’histoire en particulier de l’Homme aux rats, du capitaine A, du capitaine B, la femme riche, la femme pauvre où on mettra en place des métonymies. Chez l’obsessionnel on ne va jamais au point essentiel, il est « planqué » par rapport au désir. On en revient à l’histoire de Goethe, ce garçon avait embrassé la sœur de sa promise, cette dernière a fini par lui lancer une malédiction. Seule Frédérique Brion lui permettra de lever cet interdit et ce côté oraculaire, mais pour que cela fonctionne il sera obligé de se déguiser.

  1. Philippe Julien, Le retour à Freud de Jacques Lacan – L’application du miroir, EPEL, 1990.
  2. Jacques Lacan, Le mythe individuel du névrosé, Seuil, 2007.

Témoignage « Après la pluie, le beau temps »

Aujourd’hui, lundi, premier jour de la semaine, il ne cesse de pleuvoir. On dirait que le ciel pleure, comme pleurent les passants qui s’abritent derrière leur parapluie bien trop étroit pour recueillir l’eau du ciel. Cette eau du ciel qui ruisselle au-dessus de nos têtes mais également le long les rigoles qui se forment sur le sol.

Étonnant, d’ailleurs, ce terme de « rigole » qui me fait rire justement par sa connotation joyeuse, tandis que pour moi, la pluie est associée aux pleurs du ciel. Entre rires et larmes – davantage larmes que rires, à vrai dire – voilà à quoi ressemble cette étrange période de « re-déconfinement ».

Le deuxième confinement que nous avons connu ou plutôt le reconfinement était bien plus léger, moins austère que le premier et le « re-déconfinement » est à son image, en demi- teinte. Les cafés, les cinémas et les théâtres sont encore fermés et les rues, que l’on traverse ont encore ce goût de morosité, ce parfum de tristesse qui s’étire, de lumières qui s’étiolent avant de plonger brusquement dans la nuit.

Ainsi, si le premier déconfinement rimait avec l’arrivée du printemps, le second résonne avec la venue inopinée de l’hiver. Et cela, personne n’en avait vraiment conscience avant de le vivre cruellement. Le ciel d’automne a troqué son habit rougeoyant de lumière pour un manteau sombre et rapiécé où les nuits paraissent si longues, où les jours paraissent si courts, rabougris, réduits à peau de chagrin,

Ce « re-déconfinement » se conjugue donc avec le mot « obscurité » et son cortège d’ombres, errantes, de sombres présages, d’épidémie qui stagne, de découragement qui nous gagne. Et le déluge, qui éclate en ce jour de décembre, semble en être la preuve la plus éclatante.

Pourtant, au loin, à travers le tissu humide et gondolé de mon parapluie, je crois discerner une trouée de lumière dans ce ciel de plomb. Un espoir naît comme une luciole dans la nuit. Bientôt des jours meilleurs ? Il faut l’espérer ou bien tenter d’y croire. Et je continue de marcher avec ce brin d’espoir au fond de moi. Ne dit-on pas d’ailleurs : « Après la pluie, le beau temps. » ?

Le chemin des transferts et des amours

Un jour, un mois, une année. Des années… 10 années bientôt.
L’exigence et l’avancée dans l’effort et l’essoufflement. Les quatre saisons qui se répètent.
Telle une partition musicale, la vie est une mélodie.
Dure et douce, forte et calme comme les battements d’un cœur ou d’une pierre contre un rocher.
Temporalité et Rencontres… Les transferts nous fondent et nous construisent.
L’exigence d’une analyse et de la traversée de nos folies douces ou dures, fortes ou calmes, notre inconscient donne le rythme.
C’est lui qui finalement donne le tempo des pas… et rythme la danse de nos vies.
Des amours oubliés, des amours perdus, des désamours… Le mal aimé ou le mâle aimé ? Le symptôme et ses résistances.
Rien n’est parfait, rien ne le sera jamais.
Les quatre saisons se suivent et se traversent, telle une randonnée pédestre.
« À votre créativité active. Ne lâchez pas. »
Il m’est impossible de renoncer même si la traversée est longue et quelquefois douloureuse. Je suis imprégnée et engagée.
Mes savoirs sont encore fragiles mais mon écoute bien présente, l’effet corona a mis des trous sous nos pas.
Telle une randonneuse qui ne connaît pas le chemin mais le fait tout de même en marchant et en allant de l’avant.
Petit pas par petits pas, elle est bien là et frustrante quelquefois. Consciente de ses maux, elle tente d’y mettre des mots.
Le chemin des transferts et des amours. Parental, amoureux, amical ou professionnel,
Chacun de nous y passe et y passera.
Les quatre saisons… mélodie intemporelle…
Au loin… on y voit un bout ou le bout mais il n’est que le départ d’une nouvelle étape. Le chemin des transferts et des amours.

Lumière et Pianissimo


au fond du plus profond silence il se tient
sobre et discret
mais ses paroles sont le feu et son visage
plus lumineux que la lumière
Je caresse le ventre bleu
du monde d’où je suis née
Le long des quais le jour s’assoupit
Une guitare se plaint dans le soir
Un ange murmure : À demain !
Je vais blême dans un monde livide
peuplé d’ombres et de vacillations
Il n’est d’autre parole que la poésie
Le matin est là L’aube est sur le toit le laurier
brille dans le talus et sourd
la lumière

Passion

Petit essai pour le séminaire de Corpo Freudiano (Paris) du 21 mars 2021

« Le temps de chaque jour est élastique. Les passions que nous ressentons le dilatent, celles que nous inspirons le rétrécissent et l’habitude remplit le reste1. »
                  Marcel Proust, A la recherche du temps perdu

Article « Passion » dans Le champ de dictionnaires

L’étymologie selon Bloch/Warburg (qu’affectionnait tant Lacan)2

Article très court. Cite Saint-Léger (Xe) et surtout Montaigne (1538). Passion au sens de souffrance ; référence à la passion du Christ. Une première fois au XIIIe du latin de basse époque, passio et passionalis « qui a subi une souffrance physique ». Jusqu’au XVIe. Alors que les sens parallèles apparaissent à partir du XVe.

Absence du mot chez Laplanche-Pontalis3

L’apport Freudien (Sous la direction de Pierre Kaufmann4)

L’article de l’ouvrage est le plus dense des quatre compulsés.

« … Tension entre désir et intensification des émotions … mise en scène dramatique … du pathos. Débordement du moi … expansion narcissique ou menace de dissolution … (tension) entre moment de fascination (de capture) et du destin qui fait signe… voir énamoration, transe, excitation, rencontre sidérante, pari du joueur, obstination du collectionneur… ».

« Comme la pulsion, la passion est situable à la limite du psychique et du soma. … réactivation d’expériences primordiales … cause de désir et d’angoisse … (liés) à l’avidité des premiers soins. … C’est en même temps un sujet qui souffre en son corps, aliéné par un discours : c’est la « passion des signifiants » dit Lacan. Inscription dans l’inconscient de la part de jouissance perdue. … intrication de la vie et la mort.

Objet d’une ou de la passion : subit les mêmes tiraillements entre idéalisation amoureuse ou rejet haineux ; l’enjeu qu’il fixe reste l’identification et ce qui pourrait combler le manque ou garantir l’existence du désir de l’Autre. La passion devient tiraillement entre quête de certitude et refus de savoir concernant la faille subjective que recouvre un tel besoin.

Conflit particulièrement tendu dans les formes pathologiques de la passion où l’être hanté par le vide se consume dans la destructivité. Le manque devient blessure narcissique et la personne tente une annulation de la perte (initiale et momentanée). D’où la nécessité qu’un lien fusionnel s’établisse, présent encore là où l’angoisse persécutive apparaît et que ce lien est fui ou attaqué. L’amour se transforme et se maintient alors dans la haine. Dans le bain de l’altérité insupportable et de la confusion dangereuse, l’autre n’est atteignable que dans la violence. A l’extrême, la preuve de la certitude passionnelle ne peut se maintenir que dans le sacrifice d’un des deux protagonistes.

Pacification de la passion : si la fascination et les figures du destin ne tourne pas vers le tragique, d’autres routes sont possibles au-delà de l’impasse répétitive. « Décider entre dominer ses passions pour se plier à la réalité ou se préparer à les défendre contre le monde extérieur est l’alpha et l’oméga de l’expérience de la vie. » S. Freud, La question de l’analyse profane.

Dictionnaire de la psychanalyse de Chemama et Vandermersch5

Evoquent dès l’introduction de leur article la notion de « modalité particulière de rapport à l’objet… » … « de la passion du collectionneur au délire passionnel » … « signe de force ou faiblesse chez les philosophes ». Puis ils inspectent le terme ou concept chez Freud et Lacan.

Freud

Source : Souvenir d’enfance de Léonard de Vinci (voir la recherche passionnée de l’enfant Léonard) ; La question de l’analyse profane (voir phrase citée plus haut) ; Pour introduire le narcissisme (théorisation plus précise de Freud, le choix d’objet par étayage et celui d’objet narcissique dans la vie amoureuse, « débordement du moi sur l’objet » ; suppression des refoulements et restitution des perversions, notion d’idéal sexuel, rapport avec l’idéal du moi et la recherche de ce qui y manque, …

Lacan

Evocation d’une clarification théorique de Freud ; Lacan différencie passion narcissique et passion de l’être. Dans cette dernière, Lacan distingue les trois passions humaines de l’amour, la haine et l’ignorance où la notion de l’autre est centrale – voir Werther de Goethe et St Augustin. Toutes les passions auraient en commun la quête de l’origine ( ?). Du côté de la passion narcissique, celle de l’Un – référence à objet perdu, sublimation et élévation à la dignité de la chose, etc. pour tenter d’abolir la division du sujet, y compris dans un « toujours plus de sacrifice et de souffrance ». Du côté des passions de l’Être, déploiement (dans la cure) du rapport à l’Autre, où le sujet peut repérer la cause du (de son) désir dans le procès suivant : d’abord « ignorance des voies de son désir » qui ouvre à la possibilité du transfert (« crédit fait à l’autre ») ; dans lequel le patient peut s’engager « dans le défilé des signifiants » où il peut arriver à distinguer « la faille de l’Autre et/ou la haine de l’objet », accepter sa division, se dégager de l’image narcissique et de l’illusion de l’Être de l’objet a cause du désir » et accéder au « voile de l’incomplétude, seule « origine » à laquelle un sujet puisse accéder ».

Débat ou dépliement personnel

Billet d’humeur joyeuse et un peu persiflante

Les dictionnaires ne me sont jamais apparus « marrants et utiles » avant cet exercice…

Parcourir le Bloch/Warburg à l’ombre « rassurante » de Lacan – j’habite en Lozère sous la can tcham », petit causse, grand champ) dite de Ferrière ou de l’Hospitalet – qui est un ouvrage facile à transporter et parcourir, de 1932 et nous plonge dans un temps où il semblait possible de faire quelque chose avec trois mots écrits, sans subir l’inlassable pulsion de la toile pour découvrir le dernier article qui va bien sur la question qu’on travaille.

La somme qu’est l’apport freudien est déjà d’une autre utilité pour les « spécialistes » de la psychanalyse.

En 1967, Laplanche et Pontalis (parmi les plus brillants auditeurs et « élèves » de Lacan) ne disent rien de la passion. Pour rappel, Lacan meurt en 1981.

Dans notre contemporanéité, Chemama et Vandermersch, n’hésitent plus dans un décorticage un tantinet plus « verbeux » ou conceptuel qui aboutit à une notion tout-à-fait proche de théorie-logique négative, apophatique, de la mystique chrétienne orientale : « le voile de l’incomplétude » et le non-dicible du désir – ils ne parlent certes pas de Dieu !

Je me permets cette incise un peu provocatrice car les chrétiens sont en plein carême précédant leur façon de fêter Pâques et le Bloch/Warburg évoque précisément la passion christique pour illustrer ce que ce mot a comme rapport avec la souffrance physique mais également spirituelle (ou psychique…)6.

Amour, Passion, Désir

Voilà les trois mots et leur ordre avec lesquels Paolo Lollo m’a relancé par mail en m’épaulant tout en s’informant de savoir si je n’oubliais pas (ou ne faiblissait pas devant !) la tâche dans laquelle je me suis engagé pour le séminaire du 21 mars. Jour du printemps !

Où je comprends en écrivant que Paolo a non seulement une ouverture à l’autre tout- à-fait rare mais aussi de la suite dans les idées : j’ai l’impression (mais je n’ai pas dû consulter le programme ?!) qu’après avoir parlé d’amour, puis de passion, nous aborderons le désir…

Quelle belle trilogie, ou triptyque si nous voulons restés dans l’athéisme déontologique de la psychanalyse ! C’est comme cette histoire de mystère et d’énigme. Il y a des moments où il faut choisir entre les fonctions de moine-poète et d’analyste-enquêteur.

L’amour raisonnable et raisonné est peut-être subtile, doux, « piège dans lequel tout le monde tombe et seule raison de vivre7 », sublimatoire, « dépassement des motions pulsionnelles orientées vers le souhait de jouissance8 », « passionnant mais pas passionné9 ». Il n’en reste pas moins indéfinissable, comme tout concept ouvert, non cernable. Et surtout, le versant plus bouillant de l’amour n’est jamais loin – Marivaux écrit en 1730 Le jeu de l’amour et du hasard ; certains contemporains se régalent d’une série télévisée (à l’eau de rose ?) Les feux de l’amour. C’est un peu gentillet en comparaison de Tristan et Iseult mais ça frétille quand même.

A contrario, le concept de passion semble l’être, définissable. Il est du côté de la dissociation, du sulfureux, du brûlant. Il est d’abord en rapport avec la souffrance. Souffrance physique, puis souffrance de l’âme – les femmes âment l’âme dit Lacan dans Encore10. Il est en rapport avec un dérèglement de l’humeur, une exagération. En particulier dans l’appréhension de ce que nous nommons depuis des décades maintenant, l’objet. Tout semble être objet en psychanalyse. Comme pour nommer et s’affranchir du rapport-collé aux choses, à la chose ?

La passion relèverait d’un rapport déréglé, souffrant, fiévreux aux objets (voir le collectionneur donjuanesque passionné de femmes ou le ferroviaire passionné de locomotives, selon le goût ou le pouls) et derrière, à l’objet primordial, avec une notion de débordement (du moi). Le Christ souffre jusqu’à la mort dans la fièvre de la vraie liberté, de la vraie foi, du vrai rapport au père, du vrai chemin de vie. Les amants Roméo et Juliette, pour ne citer que ceux-là, souffrent jusqu’à la mort, leur impossible amour réel dans la réalité sociale.

Du coup, la passion vient toucher là les rives de l’impossible. On parle, les amis moines comme les amis psychanalystes, de pacification des passions. Comme s’il y avait de la guerre là-dessous. D’un autre côté, comment imaginer vivre sans passion ? Serait-ce l’état de normopathie que l’on nous vend volontiers dans les émissions de télé-achat du matin, à propos d’aspirateurs ou de tables de relaxation ?

Peut-on dire qu’un amour dépassionné laisse la place à un désir non préhensif, ouvert ?

Les jeux de la médaille et du triptyque ?

Nous voudrions conclure ce bref travail sur la passion sur le rapport entre signifié et signifiant. Face d’une même médaille ? Et avant cela remercier Paolo Lollo de nous avoir proposé et confié cet essai.

La psychanalyse est ou bien peut être dite comme le chemin qui récolte, agrège, nettoie, enfile comme des perles, la danse des signifiants – pour grande partie équivalente chez Lacan au « représentant de la représentation », Vorstellungsrepresantanz, de Freud, idiôme particulièrement long à dire ! – pour trier, tamiser et jeter au rebus tous ceux qui ne pèsent pas pour laisser advenir, bon grain de l’ivraie, celui qui domine les autres. Nous parlons bien là de signifiant-maître inconscient qui aide à révéler le fantasme inconscient du sujet (de l’inconscient) qui est aussi fantasmatique que réel. Quand on l’a trouvé, un autre se met à briller ou sourdre…

Dans cette parole évoquée plus haut « l’amour est passionnant mais pas passionné », nous avons l’expression même du rapport signifié/signifiant, être/étant, manifeste/latent, etc. Il est passionnant de vivre. Il est dangereux (pour soi et l’autre) de vivre passionné.

La quête de l’Être – où Heidegger (dernier philosophe métaphysicien dit Giorgio Agamben11) a mis en valeur son génie unique mais n’a pas pu cacher sa petitesse d’homme12 – nous apparaît comme un leurre devant l’étant, le devenir, l’acceptation de non-préhension- possession de la chose. Et les quêteurs de l’être sont souvent les plus terrifiés, du coup haineux et assassins, devant ceux qui se contentent du devenir de l’étant. Et nous ne sommes pas nous-même libéré de la quête de l’être. C’est comme le moi, nous n’arriverons pas au paradis totalement nettoyé de notre moi imaginaire et ses manteaux égotiques13.

René Major dit quelque part que la pulsion d’emprise, pouvoir et maîtrise est celle qui chapeaute toutes les autres. La quête de l’être pourrait renvoyer à cette question de maîtrise alors que celle de l’étant ouvrirait au royaume de l’accueil et du partage ?

Dernier contrepoint : amour-passion-désir (Paolo Lollo) ; réel-symbolique-imaginaire (Jacques Lacan) ; marcher-jeter-sauter (Jacques Schotte) ; corps-âme-esprit ( ?) ; rythme- trope-toucher traversant (Démocrite) ; frapper (un tambour ou avant d’entrer) – danser (seule ou avec une belle fille) ; toucher en traversant (écrire) … on doit pouvoir jouer à l’infini au jeu des triptyques. C’est passionnant !

1 Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, volume I, édition de la Pléiade, Paris, 1954, p. 612.

2 Oscar Bloch et Walter von Warburg, Le dictionnaire étymologique de la langue française, Paris, Puf, 1932- 2002.

3 J. Laplanche, J.-B. Pontalis (sous la dir.), Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, Puf, 1967.

4 Sous la direction de Pierre Kaufmann, L’apport Freudien, élément pour une encyclopédie de la psychanalyse, Bordas, Paris, 1993.

5 R. Chemama, B. Vandermersch, Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Larousse, 2003.

6 C’est un thème en soi-même. Un grand maître de Strasbourg, Lucien Israël (mort en 1996), dit à plusieurs reprises de Freud qu’il a, comme le Christ, en allant moins loin, œuvré pour sauver le père.

7 Lucien Israël, encore, dans Parlez-moi d’amour, 1994, CD disponible chez érès et FEDEPSY.

8 Paolo Lollo lors de la dernière séance du séminaire sur l’amour.

9 Jean-Richard Freymann, maître de Strasbourg, lors d’une séance du séminaire FEDEPSY « Mythe, trauma et fantasme ».

10 Jacques Lacan, Le Séminaire livre XX (1972-1973), Encore, paris, Le Seuil, 1975.

11 Dans L’ouvert, de l’homme à l’animal ou L’Aperto, l’uomo e l’animale, Payot, Paris, 2006.

12 Propos de Rudolph Steiner, mort en 2020, entendu dans une interview de lui sur Heidegger par un journaliste qui voulait l’enfermer sur les adhésions borderline du génial philosophe.

13 Jacques Lacan, le Séminaire livre II (1954-55), Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1978.

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