Intervention de Claude Ottmann dans le cadre du séminaire « Les abords de Lacan » animé par M. Lévy et A. Souirji.
Lecture du séminaire de Jacques Lacan « L’éthique de la psychanalyse ». Commentaire de la leçon n°17 du 11 mai 1960
La fonction du bien
Rappel : du Souverain Bien à l’économie des biens
[256] La croyance des cathares était « qu’il y a une parole qui sauve, et le consolamentum n’était rien d’autre que la transmission de sujet à sujet de la bénédiction de cette parole […] L’ennui, c’est que, pour qu’une telle parole soit non pas efficace mais viable, il faut l’arracher au discours. Or rien de plus difficile que d’arracher la parole au discours1 ». Pour avoir pris au sérieux (à la lettre) le discours chrétien et pour avoir mis leur foi en l’existence d’une parole salvatrice (l’Évangile, la bonne nouvelle), les cathares ont dû rendre des comptes aux tenants du discours (les ecclésiastiques) et ont été exterminés lors de la croisade des Albigeois au XIIIe siècle. En matière d’hérésie, Lacan avait déjà, dans la décennie 1950, posé quelques actes et savait que « […] quand on a commencé à être questionné par le discours, fût-ce celui de l’Église, sur ce sujet, chacun sait que la question n’a qu’une seule fin, c’est de vous faire taire définitivement ». L’enjeu était une parole sur le désir, parole extraite du discours freudien. Elle dit que le bien n’est pas l’objet du désir mais une barrière réelle (dans le réel) sur la voie du désir, tout comme le beau et la loi sont des barrières dans l’imaginaire et le symbolique sur cette même route2.
« Et cette fois j’espère, pour vous, jauger d’une façon définitive et radicale comment se situe la dimension, le registre éthique de l’utilitarisme dans la perspective freudienne. À savoir, pour autant que Freud se permet – lui, pour le coup – de le dépasser définitivement, je veux dire de s’apercevoir de ce que veut dire la référence utilitariste comme telle, à savoir ce qui la rend foncièrement valable, et ce qui en même temps la cerne, et permet de toucher absolument ses limites. Pour tout dire, j’essaierai de développer devant vous la perspective, non pas simplement du progrès de la pensée, mais de l’évolution de l’histoire, à démystifier la perspective platonicienne et aristotélicienne du bien, voire du Souverain Bien pour l’amener au niveau de l’économie des « biens ». Il est essentiel de le ressaisir dans la perspective freudienne du principe du plaisir et du principe de réalité pour, à partir de là, saisir, concevoir ce qui est à proprement parler la nouveauté de ce qu’introduit Freud dans le domaine de l’éthique3. »
Un signifiant plus tard, le sujet aura été
Les discours contemporains prétendent agir sous le chef et l’autorité du bien, le bien étant considéré comme un universel. Alors pour les analystes, le désir de bien faire serait le désir de guérir ? Lacan met en garde : « Nous avons à savoir à chaque instant quel doit être notre rapport effectif avec le désir de bien faire, le désir de guérir. Nous avons à compter avec lui comme quelque chose qui est de nature à nous fourvoyer, et, dans bien des cas, instantanément4. » L’analyste risque à tout moment la glissade sur la pente de la tricherie bénéfique (à qui ?), celle du vouloir-le-bien-du-sujet s’il n’est pas lui-même dans un désir de non-désir de guérir. Même si la tentation forte était de guérir l’analysant des illusions qui le retiennent sur la voie de son désir, il faudrait avoir vérifié que c’est bien « cette guérison » qu’il demande ! Et que penser de la voie américaine qui, pour obtenir une telle demande, promet l’accès ultérieur à tous les biens, à une sorte de paradis post-cure ?
Les illusions ne cèderont que devant un savoir, ce savoir qu’elles n’étaient qu’illusions qui se révèle au moment précis où le sujet peut dire qu’il ne savait pas. « La rupture de ces illusions est une question de science – de science du bien et du mal, c’est le cas de le dire5 […]. »
La formule « il ne savait pas » reprise de l’analyse du rêve du père mort, comporte dans l’imparfait du verbe l’irréductible écart entre le sujet et l’articulation signifiante dont il dépend : « Il n’en est pas l’agent, mais le support » en ce que, produit par l’articulation signifiante, il ne peut avoir su ce qui était avant lui. L’équivoque de l’imparfait réside dans les deux lectures de l’inachevé qu’il permet : l’une temporelle (l’action n’est pas encore terminée), l’autre événementielle (l’action a été empêchée ou arrêtée avant sa fin6).
Rappelons-nous le genre d’énoncés acceptés par de jeunes enfants : « J’ai trois frères, David, Pierre et moi » où il apparaît que celui qui décompte les trois signifiants de la fratrie n’est pas celui qui énonce le résultat.
Plus tard Lacan posera aussi l’alternative « ou je suis ou je pense » à propos du scénario sadien de l’annonce à la victime des modalités de sa mise à mort. Il en résulte une double mort, celle du sujet resté bloqué à la réponse qu’il vient de recevoir, une réponse totale et définitive qui exclut toute question supplémentaire à l’Autre, et la mort du corps au terme de l’action prescrite par le scénario. La jouissance du pervers est dans l’état de sidération de la victime, sidération qui témoigne aux yeux du pervers de la toute-puissance du grand Autre qui a le mot de la fin (par le script du scénario), c’est-à-dire que le grand Autre n’est pas barré, n’est pas castré.
Le sujet du bien
Lacan illustre avec deux exemples le trébuchement logique qui ruine depuis toujours les tentatives de cerner le bien de l’homme :
- avec Saint Augustin qui affirme qu’il n’y a que du bon dans l’être, car les choses ne peuvent se corrompre qu’en perdant ce qu’elles ont de bon jusqu’au reste incorruptible, l’être incorruptible qui ne peut donc être que … du bon ;
- avec Sade qui fait de l’anarchie un bien supérieur au régime des lois au motif qu’elle précède nécessairement ce dernier et que les tyrans n’existent que grâce à un régime de lois.
Pour l’analyste « la question du bien est dès l’abord articulée dans son rapport avec la Loi » édictée par le grand Autre, l’hypothèse d’un bien naturel n’est que tentative d’éluder la question. De fait, l’expérience analytique tendue vers la révélation du désir jette un doute sur la primitivité du rapport du sujet au bien : c’est que les voies de la recherche du bien se présentent constamment sous la forme de l’alibi, de la justification, ou de l’invocation d’une raison supérieure, comme si la recherche du bien via le plaisir devait être justifiée.
Or chez Freud, la pointe est toujours tournée vers le plaisir, sans discrimination – pas de vrai ou faux plaisir – et sans justification. Les philosophes, n’ayant pu trouver la faille entre vrai et faux plaisir, ont déplacé la question sur le bien indexé par le plaisir, en distinguant vrais et faux biens. « […] tous les philosophes sont amenés à discerner non pas les vrais et les faux plaisirs, car pareille distinction est impossible à faire, mais les vrais et les faux biens que le plaisir indique7. »
Freud : une nouvelle conception du plaisir
Dans l’horloge freudienne, le ressort du principe de plaisir est régulé par l’échappement du principe de réalité8 : l’un ne peut être sans l’autre. Le premier (aveugle) est nécessité de mouvement vers la baisse de tension pour le retour à l’équilibre initial (le repos), le second est la recherche d’un itinéraire praticable susceptible de mener au but, c’est-à-dire à la satisfaction du besoin.
Voyons comment Freud décrit l’événement de satisfaction, en 1896, dans un brouillon qui n’a été publié qu’après son décès : « J’ai exposé que ces états comprennent la justification biologique de toute pensée. La situation psychique est ici la suivante : dans le Ich règne la tension de désir, la conséquence en est que la représentation de l’objet aimé (la représentation de vœu, Wunschvorstellung) est investie. L’expérience biologique a enseigné que cette représentation ne doit pas être investie au point qu’elle puisse être confondue avec une perception, et que l’on doit différer la décharge jusqu’à ce que, venant de la représentation, les signes de qualité apparaissent, comme preuve que la représentation est désormais réelle, qu’elle est un investissement de perception. Si une perception arrive qui est identique ou semblable à la représentation, alors elle trouve ses neurones préinvestis par le vœu, c’est-à-dire déjà tous investis ou une partie d’entre eux, pour autant que, justement, cette concordance est là. La différence entre la représentation et la perception qui arrive donne le départ au processus de pensée, qui prend fin lorsque les investissements de perceptions excédentaires sont translatés sur des investissements de représentation en passant par une voie qu’il a trouvée ; alors l’identité est atteinte9. »
Il ne s’agit là que de l’application du principe thermodynamique de modération de Le Chatelier selon lequel un système écarté de son équilibre tend à s’opposer à cet écart jusqu’à retrouver une position d’équilibre, éventuellement différente de celle qu’il a quittée.
C’est l’existence d’une fonction de trop plein qui n’a pas son équivalent en thermodynamique qui fait l’originalité du système freudien, le frayage de nouvelles voies neuronales de dérivation lorsque la tension dépasse le seuil toléré par la voie existante10. La chute brutale de tension qui en résulte produit le plaisir sans qu’il y ait eu satisfaction du besoin. Ce plaisir facile et mortifère sera recherché et retrouvé par la suite, dans la répétition : « […] la remémoration est rivale […] des satisfactions qu’elle est chargée d’assurer. Elle comporte sa dimension propre, dont la portée va au-delà de cette finalité satisfaisante. La tyrannie de la mémoire, c’est cela qui s’élabore dans ce que nous pouvons appeler structure11. »
C’est la distinction entre éthos (ἔθοϛ) et êthos (ᾗθοϛ) déjà évoquée dans la leçon d’ouverture du séminaire qui revient ici : la subjectivité ne doit rien à l’habitude ou au dressage mais elle est modelée par le couple principe de plaisir – principe de réalité. « […] le nerf du principe de plaisir se situe au niveau de la subjectivité. Le frayage n’est point un effet mécanique, il est invoqué comme plaisir de la facilité, et il sera repris comme plaisir de la répétition. »
D’après Lacan, si l’homme est l’hôte du langage, la structure de sa mémoire est nécessairement celle d’une articulation signifiante. La possibilité d’une oscillation de l’investissement entre deux signifiants mémorisés est la métonymie de l’avènement d’un sujet dont la structure ne peut être, elle aussi, que conditionnée par celle d’une articulation signifiante. Nous sommes là à une source, comme au lieu d’apparition d’une eau qui sourd d’un substrat minéral sans pour autant s’en séparer, le lieu de contact entre le corps biologique et la conscience immatérielle.
Suivons Lacan pour constater : « […] l’autonomie, la dominance, l’instance comme telle de la remémoration, au niveau non du réel, mais du fonctionnement du principe de plaisir. Il ne s’agit point là d’une discussion byzantine, et, si nous créons une faille et un abîme, inversement, nous comblons ailleurs ce qui se présentait aussi comme faille et comme abîme. C’est ici que l’on peut apercevoir que réside la naissance du sujet comme tel, dont rien ailleurs ne peut justifier le surgissement12. » Le surgissement de la conscience n’est prolongé d’aucune forme de continuité de la conscience ; elle ne se manifeste dans la suite que par une succession de phénomènes erratiques tels que la prémonition, la prise de conscience, la conscience partielle, ce que Freud avait déjà signalé par le caractère « infonctionnalisable » du phénomène de la conscience. Par contre, la proposition de Lacan, fondée à cette époque sur la fonction créatrice du langage, permet un repérage objectif de la naissance du sujet par sa coïncidence avec l’élision d’un premier signifiant dans une chaîne signifiante : « le sujet est littéralement, à son origine, et comme tel, l’élision d’un signifiant, le signifiant sauté dans la chaîne. Telle est la première place, la première personne. Ici se manifeste comme telle l’apparition du sujet, qui fait toucher du doigt pourquoi et en quoi la notion d’inconscient est centrale dans notre expérience13. » Pour Lacan, l’apparition des rites célébrant les retours dans les cycles naturels (le retour du soleil par exemple) est la manifestation du « rapport essentiel, qui lie le sujet aux signifiances, et l’instaure à l’origine comme responsable de l’oubli ». Se croire obligé d’accompagner une chose naturellement répétitive et croire que l’acte de signifiance qu’est la cérémonie rituelle commande à la répétition comme si, automatique jusque-là, elle était devenue contingente et dépendante d’un signifiant, c’est donner à voir le pouvoir exorbitant du signifiant sur son sujet. Lui donnerait-il en contrepartie la possibilité de l’oubli, la mise au coffre des signifiés insupportables, autrement dit le refoulement ?
En vérité, nous faisons de la réalité avec du plaisir
Telle une gravure que seraient les frayages successifs de voies neuronales, l’inscription dans le corps des expériences acquises par la coopération et la confrontation des deux principes est une mémorisation sélective des voies bénéfiques, c’est-à dire de celles qui ont produit du plaisir tout en ayant réellement conduit à la satisfaction du besoin14. L’ouverture de nouvelles voies frayées à l’occasion d’un échec de satisfaction du besoin (échec qui peut malgré tout procurer le plaisir facile de l’hallucination et de l’addiction) sont un élargissement du champ de la réalité psychique en train de se construire. C’est ce qui fait dire à Lacan : « En vérité, nous faisons de la réalité avec le plaisir15. » Il devient alors impossible d’attribuer ou de réduire l’éthique à la contrainte sociale puisque ce qui oriente la construction de la structure subjective est son axe plaisir-déplaisir ; d’ailleurs il est patent que l’organisation sociale n’est pas faite pour la satisfaction des désirs des individus mais pour la satisfaction de leurs besoins, même quand elle prétend le contraire. C’est à ce propos que Lacan dénonce les illusions bouffonnes de Charles Fourrier, comme l’avaient déjà fait Karl Marx en révélant la mystification capitaliste avec lamise au jour de la plus-value, et Jean-Paul Sartre en fondant la condition de l’homme dans son rapport à ses besoins, rapport lui-même défini à partir de la rareté16.
Transparence et opacité : retour sur le vêtement
Le vêtement en tant que voile et symbole a fait, chez les analystes, l’objet de nombreux discours mais « la bivalence profonde de toute l’élaboration analytique sur le symbolisme du vêtement permet de prendre la mesure de l’impasse de la notion de symbole, telle qu’elle a été maniée jusqu’ici dans l’analyse17 ». Les bêtises dites à ces occasions mènent quand même au phallus caché sous le vêtement et même, pour l’un de ces analystes, à l’idée que l’étoffe vient compléter la toison de la femme pour occulter totalement le manque à son corps. Mais les choses sont plus subtiles car, la pensée analytique le montre, la nudité n’est pas un phénomène purement naturel et une fable pourrait être plus efficace pour en saisir un bout. Le textile est d’abord un texte. « Le problème des biens se pose à l’intérieur de ce qu’est la structure, s’il faut en croire les linguistes. Au début, c’est comme signifiant que s’articule quoi que ce soit, fût- ce une chaîne de poils. Le textile est d’abord un texte18. »
La production d’une tresse ou d’un tissu ne peut être rapprochée de certaines créations animales même quand elles sont tissées elles aussi, comme certains nids d’oiseaux ou les toiles d’araignées : le tissu, lui, est détaché d’un besoin, il circule, fait l’objet de disputes, supporte des modes et constitue une réserve (l’étoffe est déjà valeur de temps de travail social !). Ce n’est qu’après, dans une dialectique issue de la confrontation pour la jouissance de l’objet, que va se constituer le besoin, en même temps que l’homme s’est individualisé. C’est en s’appropriant le tissu dans lequel il a coupé des trous pour en faire sa tunique, un objet de satisfaction de son besoin, qu’il se constitue « comme vêtu, c’est-à-dire comme ayant des besoins qui ont été satisfaits ».
Autrement dit, l’homme individualisé est l’expansion de la primitive recherche de satisfaction des besoins vitaux, expansion sous contrainte de la rivalité pour la jouissance des biens capables de satisfaire ses besoins. Pourtant, une fois satisfait, il continue à désirer… quoi ?… pourquoi ?
Lacan fait allusion à la parole évangélique qui incite à s’arracher du textile (le partage de manteau par Saint Martin) et plus précisément… du texte (le bien symbolique) pour désigner un être préférable à celui de l’accumulation des biens : ceux qui se fient à la Providence du Père ne tissent ni ne filent19.
Ainsi le geste de Saint Martin n’est pas le partage d’un manteau, mais est un acte d’élévation et de reconnaissance d’un homme.
Le domaine du bien est donc la naissance du pouvoir
Même la pensée utilitariste de Jeremy Bentham ne parvient pas à s’affranchir de cette dimension symbolique. Croyant l’avoir neutralisée en réduisant les institutions humaines dans ce qu’elles ont de fictif et de foncièrement verbal à un simple moyen dialectique de régulation des conflits et partages, les utilitaristes ne voient plus qu’une organisation vouée à la maximisation de l’utilité pour le plus grand nombre puisque les besoins de l’homme se logent dans l’utile ; ils ne calculent que la valeur d’usage.
Or, comme vient de le montrer Lacan avec le tissu, pour toute chose produite par l’homme « il y a au départ autre chose que sa valeur d’usage – il y a son utilisation de jouissance ». Le fait qu’un objet soit d’abord propriété de l’individu qui en a la jouissance prime sur la valeur d’usage que cet objet peut avoir pour tous les autres hommes. « Or, dans cette chose, rare ou pas rare, mais en tout cas produite, dans cette richesse en fin de compte, de quelque pauvreté qu’elle soit corrélative, il y a au départ autre chose que sa valeur d’usage – il y a son utilisation de jouissance20. »
Le pouvoir qui naît avec les biens est évidemment celui d’en priver les autres. Rappelons que la privation est symbolique, l’objet concerné est réel et l’agent de la privation est imaginaire21 : c’est donc une affaire entre petits autres : le moi idéal est impliqué.
Défendre ses biens c’est donc se défendre soi-même d’en jouir
Ainsi la défense de biens, c’est-à-dire leur préservation d’une altération par la jouissance, se retourne contre soi-même : « Ce qui s’appelle défendre ses biens n’est qu’une seule et même chose que se défendre à soi-même d’en jouir. La dimension du bien dresse [donc] une muraille puissante sur la voie de notre désir. C’est même la première à laquelle nous avons, à chaque instant et toujours, affaire22. »
C’est par une répudiation radicale d’un certain idéal du bien qu’il faut passer pour progresser sur la voie du désir, ce sera l’objet de la leçon du 18 mai 1960.
1 J. Lacan, Le Séminaire, Livre VII (1959-1960), L’éthique de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1986, p. 255.
2 J. Alain Miller, Les six paradigmes de la jouissance.
3 J. Lacan, L’éthique de la psychanalyse, Leçon du 4 mai 1960.
4 J. Lacan, L’éthique de la psychanalyse, p. 258.
5 p. 258.
6 Un instant plus tard, la bombe éclatait.
7 J. Lacan, L’éthique de la psychanalyse, p. 261
8 Nous reprenons une image de Lacan utilisera dans les Ecrits II (1966), « La direction de la cure » (Paris, Le Seuil, 1999, p.71) « Mais être à l’heure de Freud est bien d’une autre tablature, pour quoi il n’est pas superflu d’en savoir démonter l’horloge. » Dans une horloge il y a ce qui pousse en permanence et aveuglément (un ressort, un poids…) et l’échappement, ce qui régule le mouvement (en général un pendule, un balancier ou un autre ressort). Une analogie possible avec le rapport entre les principes de plaisir et de réalité. Lacan a aussi utilisé l’image du paralytique juché sur les épaules d’un aveugle.
9 S. Freud, Esquisse d’une psychologie, Toulouse, érès, 2012, p.137.
10 Dans le but de retrouver des perceptions similaires à celles associées à la dernière satisfaction du besoin, fussent-elles produites par une hallucination.
11 J. Lacan, L’éthique de la psychanalyse, p. 262
12 p. 263.
13 p. 264.
14 On pourrait s’en tenir à cette analogie cybernétique qui leurre bien des neuroscientifiques de notre temps carils oublient que l’algorithme d’apprentissage d’une « intelligence artificielle « (IA) a été créé par …des intelligences humaines. Or Freud, dans sa première tentative vite abandonnée (Esquisse d’une psychologie) avait construit un modèle dans lequel la règle d’apprentissage et d’accumulation se matérialise et opère ex nihilo.
15 J. Lacan, L’éthique de la psychanalyse, p. 265.
16 Lacan précise quand même qu’il trouve ce concept un peu obscur pour une pensée qui vise la transparence dialectique !
17 p. 267.
18 p. 268.
19 Citons deux évangélistes. Matthieu 6, 24-25 « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent [µαµωνᾶ]. Voilà pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? » et Luc 12, 22-23 « […] ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. Car la vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. »
20 Ibid., p. 269.
21 J. Lacan, Le Séminaire, Livre V (1957-1958), Les formations de l’inconscient, Paris, Le Seuil, Leçon du 15 janvier 1958, p. 172. Les trois formes du manque : – La castration est imaginaire, son manque est symbolique et son agent est réel, – La frustration est réelle, son manque est imaginaire et son agent est symbolique, – La privation est symbolique, son manque est réel et son agent est imaginaire.
22 J. Lacan, L’éthique de la psychanalyse, p. 270.