Le pas-tout dans la structure du langage

Conférence de Christian Hoffmann dans le cadre de la formation APERTURA « Modifications des troubles psychiques »  du 7 juin 2017.

Je vais parler d’une question que l’on commence seulement à examiner, question que Lacan et bien d’autres avaient commencé à interroger, que l’on pourrait appeler l’universel de la structure.
Pouvons-nous considérer que nous sommes encore aujourd’hui dans un universalisme au sens absolu du terme ?
L’universalisme, dit-on, a été enterré dans les guerres de tranchées de 1914-1918, à savoir l’hégaléianisme qui faisait l’équation entre le réel et le rationnel. L’histoire de 1914- 1918 et sa boucherie ont montré que cette philosophie de l’univers et de la totalité a perdu de son importance.

Lorsqu’est apparu en France le nouveau roman, et les nouveaux romanciers, notamment Albertine Sarrazin, dont il a fait un résumé des deux premiers ouvrages, Kojève, hégélien, maître de Lacan en philosophie, conclut très vite que l’homme d’aujourd’hui (dans les années 1950) n’est plus un homme en uniforme, mais un homme en pyjama.

Progressivement, cette notion d’universel est tombée en désuétude au profit d’une autre notion qui s’oppose logiquement à l’universel, qui est la contingence, ce que Lacan appelle le pas-tout. Avec la notion de pas-tout (notion aujourd’hui galvaudée), Lacan montre qu’il n’y a pas de globalité, pas d’universel, il n’y a que des contingences, c’est-à-dire des rencontres qui sont parfois plus ou moins aléatoires, qui peuvent constituer en politique des groupes de pression ou peuvent constituer, par des regroupements qui ne sont plus des chaînes signifiantes, un potentiel inconscient producteur de symptômes ou producteur d’autres choses. Ce qui voudrait dire que nous serions à même aujourd’hui – quelques publications en font déjà mention – non pas de remettre en question mais d’interroger le dogme lacanien, cette définition de l’inconscient à partir de la linguistique que Lacan répète jusqu’à la fin de son enseignement, tout en y apportant quelques modifications à savoir que « le signifiant représente le sujet pour un autre signifiant ». Ce dogme vaut-il pour toutes les manifestations de l’inconscient ? Y a-t-il des choses qui y échappent même en y ajoutant l’objet petit a comme reste, les quatre discours ou les cinq discours avec le discours capitaliste ? Ce qui voudrait dire que, sur le plan de la structure, quelque chose serait à même d’échapper, ne serait pas pris de façon universelle dans cette structure langagière de l’inconscient, qui fait modèle ou paradigme pour Lacan.

La pensée de la limite est une des grandes pensées qui traverse le champ philosophique, tous les intellectuels, y compris Foucault, étaient obsédés par cette question. Tradition de la pensée de la limite en philosophie qui pourrait nourrir notre interrogation sur la question de la limite d’un point de vue de l’inconscient. Lacan s’intéressait tout particulièrement, tant au niveau théorique que clinique, à la question de la limite. Il s’intéressait à la limite du phénomène psychique et du symptôme qui envahissaient ses patients.

Jusqu’où quelqu’un délire (nous savons que le délire est partiel) ? Jusqu’où quelqu’un produit-il du symptôme ?

Jusqu’où produit-il « cette pratique de corps et de jouissance » ?

Et jusqu’où la biologie de son temps permettait, et permet maintenant, d’expliquer ce qui nous intéresse dans l’inconscient ?

On comprend bien cette construction sur et autour de la limite. Si vous cherchez le désir, disait Lacan, cherchez la limite, mais ce propos est déjà une extension.

Cependant, il n’y a pas de raison épistémologique d’interroger le dogme lacanien pour essayer d’en éprouver l’existence de limite, que ce soit par le biais de la clinique ou par le biais de la bibliothèque, car le dogme de Lacan, construit sur l’appareil langagier comme système saussurien, ne peut pas s’empêcher de produire du sens hormis lors de quelques déchirures analytiques, de quelques scansions, de quelques ponctuations, de quelques moments où on peut lâcher le sens pour aller explorer le hors-sens qui nous habite. À cet endroit, cela voudrait dire qu’il y aurait dans l’inconscient un réel qui n’entrerait pas dans le maillage de la structure langagière, réel qui se définirait par un hors-sens radical dans l’inconscient, c’est-à-dire un réel qui ne se laisse pas mettre en sens, presqu’un réel qui n’arrive pas à l’énonciation. Cette idée ancienne a été développée par Sol Rabinovitch pour la forclusion, à savoir qu’il y a dans l’inconscient des lettres qui n’arrivent pas à la vocalise, ancienne hypothèse qui sous-tend une pluralité d’approches théoriques de cette notion de réel qui pourrait échapper à ce dogme de « linguisterie » lacanienne. À cet endroit, nous aurons à réfléchir sur l’existence d’un réel hors sens fusse-t-il de l’ordre de la lettre qui n’arrive pas à l’énonciation, qui nous fait penser au refoulement originaire, à l’unbekannt, à ce qui est non reconnu et le restera à tout jamais. La question du refoulement originaire n’apparaît pas dans les études actuelles alors qu’il y a, pour Freud, un inconscient dont une partie résiste à tout jamais à l’arrivée à la connaissance. Quelque chose échappe au maillage du rapport de l’énoncé, de l’énonciation, ce qui ne nous étonne donc pas tant que cela.

Lacan, dans un de ses derniers séminaires, a abordé cette question par un autre biais en parlant d’un « réel forclusif généralisé » que la psychose n’est pas à même de recouvrir. Un réel qui serait forclusif du fait même qu’il n’arrive pas à la symbolisation, qu’il n’arrive pas à ce que Freud disait magnifiquement dans Psychopathologie de la vie quotidienne lorsqu’il parlait des formations de l’inconscient, à savoir qu’il y avait toujours une pointe signifiante des formations de l’inconscient par rapport auxquelles on arrivait à les attraper dans l’analyse, sinon on n’en saurait rien.

Qu’est-ce que ce réel forclusif qui ne déclenche pas forcément une psychose mais fait limite à l’inconscient structuré comme un langage ?

Dans les années 1980, Lucien Israël enseignait – alors qu’on était dans la période du structuralisme – qu’en fonction de la catastrophe qui arrive, on peut, peu importe la structure, puiser dans les trois mécanismes de défense : dans le refoulement, dans le déni, dans la forclusion.

Je prends pour exemple terrifiant, la perte d’un enfant qui convoquerait une réaction psychotisante. Qui pourrait dire quoi que ce soit de l’ordre d’un jugement par rapport à cette réaction ? La réaction dépend bien sûr de chacun, ce sont des choses observables et traitables sans pour autant relever de ce qu’on appelait classiquement des phénomènes élémentaires de la psychose.

Dans cette situation, on peut se poser la question de ce que j’appelle les pathologies de la limite – plutôt qu’états-limites qui, pour moi, est un terme fourre-tout – qui posent la question de l’excès. Y-a-t-il quelque chose en excès ? Cette question rejoint la question posée pour le dogme de Lacan, excès que nous trouvons aussi dans la clinique, mentionné dans les rapports des internes en psychiatrie, chez des personnes qui, par exemple, se scarifient, vont jusqu’à la TS (tentative de suicide), prennent des toxiques etc., et vont diront souvent au petit matin qu’elles n’avaient aucune idée de vouloir mourir, qu’elles voulaient simplement « s’ouvrir » le corps pour que ça sorte et trouver un apaisement : nous avons là un symptôme qui ne suit plus le circuit classique de la pulsion et des fonctions physiologiques du corps.

Je ferai ici une hypothèse qui me paraît intéressante par rapport à cette question du pas-tout de la structure langagière de l’inconscient qui nous permettrait d’avancer dans notre pensée. Hypothèse largement présentée et développée par Moustapha Safouan, qui a été obligé de remarquer, après soixante ans de pratique, qu’aujourd’hui la plupart des patients sont de cette structure. Des patients, me disait-il, ont un tel rapport au langage, qu’ils viennent aujourd’hui en analyse, alors qu’ils ne sont pas en mesure de faire un jeu de mots ou d’entendre une équivoque. Nous sommes dans un monde contemporain qui a considérablement changé où la place du langage s’est déplacée considérablement.

Quelle est l’idée de Moustapha Safouan qui serait à développer ? Un certain nombre de personnes viennent en consultation mais on ne peut pas dire, en fonction de leur subjectivité, que ce soient des cas de forclusion. Il y a de la subjectivité, de la subjectivation où on peut repérer une inscription du Nom-du-Père qui signerait une structure névrotique, il y a donc là un « décrochage ». Lacan parle d’un autre « décrochage » lorsqu’il dit que ce n’est pas parce qu’il y a une inscription et une incorporation du Nom-du-Père ou des noms-du- père, que pour autant la métaphore paternelle fonctionne. Il y aurait une « panne » de la métaphore paternelle, au sens où Joseph Konrad parle d’un bateau en panne, bateau qui serait susceptible d’être relancé mais parfois pas. Autrement dit, chez la même personne, parfois cela fait métaphore et parfois pas. On revient à quelque chose de très classique, en fonction de ce que j’appellerais l’enveloppe symbolique singulière, pour ne pas parler de chaînes signifiantes. En fonction des événements qui viennent en résonnance au signifiant de notre inconscient, soit la métaphore se produit, soit elle peut se mettre en « panne ». Dans ce dernier cas, il y a dysfonctionnement du corps pulsionnel, c’est l’escalade de ces pathologies qui cherchent l’apaisement à tout prix. C’est cette hypothèse qui serait à creuser.

L’autre hypothèse plus classique dont Lacan a parlé très rapidement lors de ses cours, c’est la question de la forclusion partielle. Lacan, disait Marcel Czermak, a parlé très fermement de l’étendue de la forclusion. Ce qui veut dire que l’on pourrait avoir une forclusion qui serait et resterait tout sa vie de la taille d’une tête d’épingle mais pourrait être bien plus vaste, jusqu’au délire monstrueux. Je l’illustre par un exemple. Un patient a eu une hallucination toute sa vie, toujours la même. Lorsqu’il se rendait à son travail, il passait devant la station « Ménilmontant » où il avait une hallucination, une perplexité psychotique, qui durait quelques minutes. Puis il repartait travailler. C’était minimaliste, cela ne l’a pas empêché de vivre dans une réalité psychique, parfois d’une façon assez classique.

Dès le séminaire sur le sinthome, Lacan commence à engager une discussion intéressante sur la question de la topologie, discussion qu’il ne poursuit pas. On entend bien qu’il remet en cause la structure qu’il oppose à la forme, au sens philosophie de la forme. Par exemple, vous prenez un ballon et vous en faites un tore, vous obtenez une nouvelle forme qui reste, comme dit Lacan, prédéterminée par la structure.

Pour parler de l’appareil psychique, il y a deux termes, la forme et la structure – il y a ici une dialectisation – mais la forme reste déterminée par la structure. À ce moment, Lacan maintient la structure, position qui changera quelque peu par la suite. Cette question, comme la question de la limite, n’est pas une invention de Lacan, qui était de bonne facture philosophique. Nous oublions souvent qu’une conceptualisation de la limite trouve sa tradition dans la philosophie jusque chez Platon dans le Timée1, à savoir qu’il y a un couple – nous ne faisons pas assez fonctionner le couple pour sortir une quintessence de la question de la limite. Les philosophes travaillent toujours sur le couple limite-illimité. Freud travaille aussi sur la question de l’illimité avec le sentiment océanique, le malaise dans la culture. Il y a de l’illimité chez Freud de même que le terme « illimité ». Faire fonctionner le couple limite-illimité en en faisant sa généalogie au sens foucaldien est quelque chose qui pourrait beaucoup nous servir. Freud a une conception de la limite. Que dit Freud quand il reprend et synthétise les deux textes, le texte sur la dénégation2, commenté par Hippolyte, et le texte sur Malaise de la culture3 ? Au niveau clinique, « se constitue, dit Freud, la seule limite dans l’appareil psychique entre le monde extérieur et le corps propre », c’est-à-dire le narcissisme. Dans le même temps, cette bipartition, du fait de la perte d’un objet, réduit le narcissisme qui passe du lust-ich à real-ich et introduit le principe de réalité.

Pour résumer ce paradigme : l’objet petit a, le placenta (pour certains analystes), le sein etc., est vécu comme une partie qui a d’abord fait partie du corps propre, objet que nous avons perdu par la suite, ce qui fait que, contrairement aux psychoses, nous ne l’avons pas dans la poche. Sur la base de cette perte fondamentale, Freud formule la castration en ces termes : entre l’objet cherché, parce que perdu comme le sein, et l’objet trouvé, ce n’est pas ça. Formulation que Lacan reprend dans Encore4 en ces termes : la fonction phallique est entre la jouissance cherchée parce que perdue et la jouissance trouvée, ce n’est pas ça, (et ajoute) et ça laisse à désirer, autrement dit il y a du manque dans la théorie de sa jouissance.

Hippolyte, grand philosophe et ami de Lacan, met ceci en exergue : c’est au moment où se fait cette séparation et l’institution de la limite dans l’appareil psychique sur un fond de perte que se constitue l’acte de juger entre l’objet perdu, à chercher, et l’objet trouvé. Nous avons un paradigme de la cognition psychanalytique chez Freud, ce qui est extraordinaire, les cognitifs courent encore aujourd’hui après l’affect.

Lorsque je parle de pathologie de la limite, on voit bien que si on se pose des questions sur ce qui pourrait échapper à la structure et qui ferait qu’il y a un brouillage de la structure qui fait qu’on n’arrive pas à se repérer cliniquement, je dirais qu’il faut, comme on le dit souvent, interroger les patients sur l’expérience de la perte, notamment de la perte dans la névrose infantile.

Discussion

Jean-Richard Freymann : Tu amènes une diversité d’approches de la clinique – la question du signifiant qui représente le sujet pour un autre signifiant, la question du hors- sens, du réel forclusif, la question de l’excès et de la perte – qui permettent non seulement de comprendre que dans les analyses nous avons accès à ces différentes approches qui permettent d’écouter les personnes, à l’endroit où quelque chose n’est pas tout à fait collé, c’est-à-dire à l’endroit où quelque chose fait écart, mais aussi de comprendre les avancées dans notre rapport à la théorisation.

J’ajouterais la question du symptôme et du sinthome où Lacan laisse en suspens la topologie. Ce qui est demandé du côté de l’analyste ou de celui/celle qui est en formation analytique, ce n’est pas seulement la Durcharbeitung, la perlaboration, mais d’être dans un

« travail culturel » qui lui permet d’avoir un autre regard sur ce qui se passe dans le discours ambiant, pour avoir cet écart par rapport à ce qui est dit.

Dans ton exposé, tu décris les différentes manifestations cliniques possibles du clivage du sujet ou de la Ichspaltung ou du clivage du moi. À partir du moment où on a un primat du clivage, est-ce qu’on va arriver à être du côté du hors-sens ? Du côté du sens ? Est- ce des effets métaphoriques ? On est obligé de revenir aux bases culturelles, celles du structuralisme, de la linguistique.

Une épure se fait qui montre non seulement le travail théorique mais aussi le travail dans l’universitas. Comment se confronter au discours universel actuel autrement que par l’université où il faut aussi continuer à lutter. C’est à cet endroit que l’on voit que les quatre discours ne peuvent être pertinents que si on est dans un climat de lutte.

CH : Nous oublions parfois une chose importante. Lorsqu’un scientifique est dépêché sur un lieu de catastrophe comme celui de Fukushima, il intègre dans ses mesures de laboratoire 10% d’incertitude. Serions-nous les seuls à ne pas intégrer une incertitude ? On se fait quelques illusions sur le réel en science, autrement dit le symbolique ne recouvre en rien l’ensemble du réel tel qu’il est produit par la science.

JRF : Lacan l’a dit dès le premier jour, la question est que l’on ne peut pas l’entendre.

CH : On en fait une idéologique.

Remarque à propos du fait qu’il n’y a pas de globalité en mathématique, il n’existe pas un ensemble de tous les ensembles. Pour les physiciens, le réel est à jamais voilé, il y a donc non seulement de l’inconnu mais il y a de l’inconnaissable.

JRF : Il faut aussi arrêter de dire que c’est de la théorie. Ce que tu as dit n’est pas de la théorie, nous y avons accès pour peu qu’il y ait des cures qui aillent suffisamment loin. On peut effectivement passer du monde du sens au monde du non-sens, on peut tomber sur le fait que, dans la cure, il y ait des mécanismes autres que le refoulement, des moments délirants, qu’à certains moments on a du mal à reprendre sa pensée pour lui trouver une sorte de cohérence. Nous savons tellement peu de choses.

CH : Et puis, on ose peu de choses.

JRF : À propos de l’excès, C. Melmann et d’autres ont raison quant à ce qu’il advient de la question par rapport à la jouissance. Comment quelqu’un qui a eu accès à la question de la castration ou des castrations va-t-il se repérer par rapport à la question de la satisfaction des pulsions et par rapport à la question de la jouissance ? Jusqu’à quel point va-t-il supporter de laisser cette question ouverte ? C’est la question de la jouissance actuelle, celle des produits toxiques. Qu’avons-nous à proposer aux personnes lorsqu’elles prennent des drogues ? Nous avons à proposer différents niveaux de la parole, nous n’avons pas à être seulement au niveau d’une parole énonciative, nous avons à inventer différents modes du rapport à la parole qui sont encore inédits, qui peuvent avoir des effets considérables.

1 Platon, Timée, Œuvres complètes, Flammarion, 2008.

2 S. Freud (1925), « La négation » « Die Verneinung », dans Résultats, Idées, Problèmes II, Paris, Puf, 1985.

3 Sigmund Freud (1929), Malaise dans la civilisation, Paris, Puf, 1e édition 1971.

4 J. Lacan, Le Séminaire livre XX (1972-1973), Encore, Paris, Le Seuil, coll. « Points Essais », Paris, 1999.

Vers une nouvelle économie psychique ?

Texte de Nicolas Janel en écho à la formation APERTURA « Modifications des troubles psychiques » qui a eu lieu le 7 juin 2017.

Selon Charles Melman et Jean-Pierre Lebrun, une nouvelle économie psychique tendrait à apparaître. Ces deux auteurs tentent dans leurs livres1, et lors de leurs échanges, d’en préciser laquelle et d’en préciser les nouvelles formes cliniques. De manière très schématique, ils parlent de jeunes, ayant souvent au-delà de 20 ans, qui seraient très différents de ce que les analystes ont pu connaître dans le passé. Des jeunes qui ne sauraient plus d’où ils viennent, mais qui n’y attacheraient pas d’importance particulière. Et qui ne sauraient pas davantage où ils vont. Leur parcours social serait hésitant, aléatoire, morcelé, leur identité serait inquiète, y compris leur identité sexuelle, avec, de façon qui ne serait plus du tout exceptionnelle, une expérience de la bisexualité. Ces individus viendraient chez l’analyste avec un malaise, une interrogation qui elle-même parviendrait difficilement à être formulée. Ils consulteraient peut-être pour chercher à trouver une existence, une organisation de désir, de spécificité, de particularité, où ils pourraient reconnaître une identité et des propriétés qui leur seraient spécifiques et qui viendraient en quelque sorte organiser leur parcours. Et de leur nouvelle économie psychique, découleraient des pathologies nouvelles.

Comment l’expliquer ?

Nous assisterions à une mutation sociétale produisant des rapports collectifs marqués par le rassemblement explicite autour d’objets qui se trouvaient autrefois refoulés. Le principe des discours et des échanges actuel serait la dispense de tout refoulement. Disparition du refoulement du sexuel2 ! Les causes seraient multiples : notamment une fragilisation des représentants de la fonction paternelle dans la société actuelle, associée à la logique marketing néo-libérale, dite « de consommation ». Tout cela précipiterait les individus dans le monde du matriarcat et du préœdipien. Déplions un peu…

La fragilisation des représentants de la fonction paternelle dans la société actuelle

Concomitamment à certains progrès sociétaux indéniables, une fragilisation des représentants de la fonction paternelle dans la société serait à l’œuvre selon différentes voies, notamment selon l’effet d’un glissement de la démocratie (« démocratisme »), et selon l’effet de certains développements de la science.

Les effets du « démocratisme »

Pour Jean-Pierre Lebrun, si dans la démocratie l’autorité reste préservée car représentée par les élus au pouvoir, cela ne serait plus le cas par effet de glissement dans ce qu’il appelle le « démocratisme ». L’actuel démocratisme récuserait tout principe d’autorité et légitimerait l’égalitariat où toute différence de place et de sexe serait escamotée. L’égalité des places tendrait à effacer tout rapport de transcendance, et par conséquent tendrait à effacer tout appui dans la société qui légitimerait la différence des générations. L’égalité homme-femme tendrait à effacer tout appui dans la société qui légitimerait la différence des sexes. Bref, tout ceci irait dans le sens d’une fragilisation de tout appui qui légitimerait la fonction paternelle dans la société. Tout ceci irait dans le sens d’une fragilisation dans notre société des appuis à ce qui fait normalement rempart face à la jouissance qui dissout le sujet.

Les effets de certains développements de la science

Cette fragilisation des représentants de la fonction paternelle évoluerait également concomitamment à l’évolution de la science. Aujourd’hui, la science permet notamment une transmission de la vie qui s’opérerait hors du registre sexuel. Avec la procréation médicalement assistée, on parvient à provoquer des fécondations et des reproductions qui seraient détachées de la sexualité. Une forme de procréation « paternellement assistée », comme on dit « médicalement assistée », où le père ne fournirait simplement que le matériel biologique nécessaire, de la même manière que dans le clonage. Il pourrait donc s’instaurer un mode de transmission des générations par un ordre où le père n’interviendrait que comme un facteur purement biologique, non pas comme un facteur culturel ni subjectivement intégré, ni amoureusement investi, mais comme un facteur biologique, sans valeur symbolique. Autrement dit, on pourrait bel et bien se passer du père. La science nous permettrait d’approcher l’illusion d’une auto-reproduction qui se passerait de tout tiers. Le model du matriarcat, où le tiers n’est plus partie prenante deviendrait alors la forme dominante d’ « élevage » des enfants au sein de nouvelles structures familiales.

Par ailleurs, les sciences, qui peuvent proposer au sujet des énoncés et des concepts censés rendre compte de son être, lui rendraient conjointement plus difficile une parole, une énonciation par laquelle il pourrait subjectiver à sa manière le sens de son existence. Comment le sujet pourrait-il investir réellement un désir ou un projet, là où la science pourrait prétendre posséder par avance le savoir où il serait enfermé jusque dans ce qu’il a de plus singulier ? Paradoxe de l’individu moderne : l’acquisition du savoir, allant dans le sens de grands progrès, ouvrant sur des possibilités d’action et de maîtrise en tout genre sur le monde et sur lui-même d’un côté, viendrait en même temps clore plutôt qu’ouvrir la voie du désir chez l’être parlant3. Déjà en 1953, dans son texte « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Lacan affirme que le sujet « abdique sa subjectivité dans le monde commandé par le discours de la science ». Lacan dit que le sujet retrouve parallèlement, dans une régression, l’enceinte où son moi contient ses exploits imaginaires. Selon cette logique, il y aurait l’idée d’une sorte de renforcement du « moi » dans notre monde. Là où le sujet ne pourrait pas soutenir une énonciation, il s’engluerait dans l’imaginaire et le spéculaire.

L’effet de la logique marketing néo-libérale, dite « de consommation »

La logique marketing viendrait, quant à elle, donner l’illusion d’une possibilité de comblement du manque constitutif du sujet par l’objet de consommation, directement dans la réalité. Ainsi, comme s’il était en place d’objet réel, l’objet de consommation viendrait illusoirement répondre à notre « manque à être ». Le marketing, qui tiendrait insidieusement le manche de notre société, nous donnerait ainsi l’illusion d’un retour possible à la jouissance qui répugne tout manque.

Emergence d’une nouvelle économie psychique pré-œdipienne dans une société matriarcale

Tous ces éléments ouvriraient la voie du matriarcat à l’échelle sociétale et l’émergence d’une nouvelle économie psychique pré-œdipienne à l’échelle de l’individu. Si l’on tente de répertorier quelques caractéristiques de cette nouvelle économie psychique pré-œdipienne, on retrouve en toute logique une instance maternelle qui ne serait plus trouée ou barrée d’un interdit. Elle deviendrait « indécomplétable ». Il s’agirait d’une économie où l’interdit de l’inceste ne fonctionnerait plus. Un pont est fait avec ce qui est développé dans la « Note sur l’enfant4 » de Jacques Lacan, adressée à Jenny Aubry : lorsque l’enfant « ne ressortit qu’à la subjectivité maternelle, il réalise l’objet petit a ». En ce cas de figure, l’enfant n’est plus que l’objet « petit a » d’une mère innombrable, qui ne peut pas être numérée, qui est sans point de départ.

Mais serait-ce de la psychose ? Car si la psychose est liée à la forclusion du Nom-du- Père, que se passerait-il justement dans une société où le Père n’aurait plus aucune référence spécifique ? Charles Melman amène que dans ce cas, il ne serait même plus question de le forclore puisqu’il n’y en aurait tout simplement pas. Du coup, il ne s’agirait pas de psychose. Annonçant un changement de registre, comme par glissement d’un cercle à l’autre du nœud borroméen5, Charles Melman situe une limite qui ne serait plus symbolique mais réelle, et qui protégerait justement de la psychose. Cette « protection » reposerait sur la vérification quasiment expérimentale, physiologique que la jouissance a des limites. Ces sujets feraient l’expérience qu’il existe une barrière bien souvent organique. Par exemple, dans l’usage des drogues ou de l’alcool : au bout d’un moment, ces sujets percevraient l’insatisfaction fondamentale que leur procure cet état. Une limite réelle s’imposerait ainsi à eux6.

Avec ce déplacement du symbolique vers le réel, les relations sexuelles se pratiqueraient comme des relations à un objet transitionnel. Ce que Winnicott a repéré comme une phase chez l’enfant, ce que Freud a individualisé avec le jeu de la bobine, on le verrait à ciel ouvert ! C’est-à-dire qu’un homme ou une femme ne pourrait plus rester avec une femme ou un homme, il ou elle aurait besoin de la/le jeter, puis de la/le faire revenir et ainsi de suite… Cette généralisation de l’objet transitionnel chez l’adulte ressortirait comme un mode de relation pour stimuler le désir. Désir qui s’éteindrait une fois l’objet présent, puisqu’on aurait affaire à un objet réel et non pas à une représentation.

À l’échelle sociétale, suivant le même déplacement, le matriarcat garderait une efficacité, non plus symbolique mais réelle : celle de transmettre la vie, à l’image de l’efficacité animale.

Au sein des cabinets de psychanalystes, ces nouveaux sujets ne viendraient plus du tout comme les névrosés d’autrefois qui dissimulaient, cachaient, ou avouaient à peine. Ils viendraient là aussi comme à livre ouvert, sans refoulement. Les éléments de leur inconscient ne viendraient plus animer ce qui serait le sujet d’un désir. Un lapsus ne leur ferait plus dire quelque chose sur leur désir. S’ils ne savent pas ce qu’ils veulent en venant chez l’analyste, cela ne viendrait plus d’un désir contrarié, d’un choix impossible à faire à cause de l’abandon nécessaire de l’un des éléments de l’alternative, mais juste parce qu’ils ne sauraient pas, puisqu’ils ne désireraient inconsciemment pas. Il est cité par exemple, ce trait clinique du quotidien d’aujourd’hui : il y a dix, quinze ans, on avait toute une série de personnes qui consultaient parce qu’elles ne savaient pas choisir entre leur femme et leur maîtresse. Aujourd’hui, ce serait plutôt qu’elles n’arrivent pas à quitter. Cela ne serait plus une question de contradiction, de dialectique, mais une question d’engluement, d’absorption dans l’Autre (le grand ?). Alors que la nécessité de se séparer du conjoint leur serait évidente d’un côté, ces individus ne seraient plus en mesure de s’individuer. Ils seraient dans l’incapacité de dire non à cet endroit-là. La difficulté des ces nouveaux sujets serait de pouvoir s’individuer, au sens où ils ne seraient plus spontanément séparés de l’Autre sur le plan symbolique. Par conséquent, ils n’arriveraient plus à trouver leur place. Ils paraîtraient sans consistance, sans projet fixe, sans vœu qui leur serait personnels. Fonctionnant dans un monde où l’impossible serait évité, ces sujets manqueraient de la sanction symbolique qui vient normalement donner une assise à notre place dans le réel. Cette absence de repère ne leur donnerait plus la consistance d’un désir leur assurant l’identité de leur projet de vie.

Ensuite, quelles autres conséquences cliniques ou « nouveaux troubles psychiques » cette nouvelle économie psychique engendrerait-elle ?

Quelques conséquences cliniques ou nouveaux troubles psychiques engendrés

Le langage et la culture

La disparition du refoulement du sexuel ne serait pas sans effet sur le langage. Sous l’impacte du refoulement, un effet de « représentation » de l’objet sexuel manquant et désiré était jusqu’alors inhérent au langage. Mais le refoulement s’esquivant, cette fonction de représentation disparaîtrait au profit d’un nouvel exercice du langage qui ressortirait comme pure « présentification » de l’objet – objet qui prendrait place dans le discours en tant que réel. Pour le formuler autrement, le refoulement constituait jusqu’alors la marque de notre culture, un mode d’organisation du discours, c’est-à-dire des relations sociales, de « toute cette hiérarchie qui va de la politesse à la pudeur, à la convivialité, à la discrétion, à la réserve ». Le refoulement permettait au langage de prendre sa pleine valeur de représentation, en tant que celle-ci s’offre comme substitut à l’objet désiré. Mais cela ne serait plus opérant. Ce qui permettait un langage qui n’indexe pas mais donne à entendre serait de l’histoire ancienne. Ce qui était source d’un plaisir de langage, constitué sur le principe du développement de l’intelligence, en tant que celle-ci doit déchiffrer ce qui est donné à entendre, déclinerait, au profit d’un langage de type animal, constitué sur le principe du signe, d’une signalisation morne. Nous serions entrés dans l’air de la débilité insipide ! Cette dispense du refoulement assècherait radicalement la dynamique du désir et tuerait la pensée dans la mesure où cette dernière ne se soutiendrait que de l’obstacle qui fait butée à son parcours.

La bisexualité unisexe dans la jouissance objectale

La détermination du sexe anatomique ou imaginaire des partenaires n’aurait plus d’importance puisque, aujourd’hui, nous aurions le droit de jouir des mêmes objets. Le pénis serait devenu un objet partiel, réel, au même titre que les autres : il ne serait plus un moyen de la jouissance, mais, éventuellement, l’objet visé par la jouissance. La jouissance phallique nous condamnait jusqu’alors à ne jouir que d’un semblant du phallus, tandis que la jouissance objectale nous permettrait de saisir l’objet réel lui-même. Cela serait une des conséquences de cette promotion de la jouissance objectale sur la jouissance phallique. Autrement dit, le phallus sous la forme du pénis deviendrait lui-même un objet concerné par la jouissance objectale. Perversité directement introduite dans la jouissance phallique ! Alors que la jouissance phallique consistait à jouir d’un semblant, la jouissance objectale permettrait de prendre, de considérer le pénis comme un objet partiel à l’égal des autres objets partiels, c’est-à-dire le pénis comme un objet réel, au même titre que l’objet oral, que l’objet anal, que l’objet scopique, etc. La question du rapport entre l’objet petit a et le phallus serait ainsi escamotée. Autrement dit, cette promotion de la jouissance objectale serait unisexe. Plus précisément, elle serait la même quel que soit le sexe. Cette jouissance objectale abolirait, eu égard à la jouissance, la différence des sexes ; les deux sexes deviendraient parfaitement égaux dans leur relation à un objet qui est le même.

Le communautarisme

On assisterait à une distribution démocratique de la jouissance objectale mais aussi de la jouissance narcissique, ce qui favoriserait le développement du communautarisme. Il est rappelé que Lacan avait parlé de ce phénomène, en annonçant qu’allait venir la société des frères, c’est-à-dire une société constituée de groupes non plus organisés par la référence à un ancêtre placé en position d’ « au moins un », c’est-à-dire en position d’exception venant marquer la loi en isolant la place du réel – cette place du réel que l’ancêtre occupe et d’où s’inspire la dimension du respect. Ces groupes communautaristes seraient au contraire constitués par une identification purement imaginaire des membres entre eux, qui ne connaîtraient plus aucune limite à leurs violences et à leurs actions. Nous serions entrés dans une époque où nous viserions la constitution de groupes homogènes où l’altérité serait une dimension bannie, ne serait plus reconnue comme telle. Et ce, au profit de la dimension de l’étranger.

La dépression

La dépression serait la première grande forme pathologique qui dominerait aujourd’hui toutes les autres. Car si le sujet s’offre à la jouissance, s’il lâche sur le symbolique en cédant, comme le dit Lacan dans Télévision sur le « devoir de bien dire », sur le devoir « de s’y retrouver dans l’inconscient, dans la structure », il risque de tomber dans la dépression7. Ce risque serait par conséquent plus élevé aujourd’hui. L’augmentation du nombre des déprimés nous parlerait ainsi de ce qui se passe dans notre époque entre les individus et la société.

La toxicomanie

La toxicomanie serait une autre grande pathologie moderne. Ce qui s’expliquerait dans la même logique par l’idée qu’il serait implicitement reconnu et validé – si ce n’est explicitement8 – qu’il y aurait réellement dans la nature un produit, une substance capable de guérir l’insatisfaction.

Discussion critique

La critique la plus fréquente est celle-ci : cette théorie apparaît comme réactionnaire et vieux jeu ! Certains y voient une apologie du bon vieux temps patriarcal et œdipien, associé à un catastrophisme du style : « après moi, le déluge » ! Charles Melman prend en compte cette critique mais s’en défend en rétorquant qu’il apporte des faits sans jugement, à partir de constats cliniques qui ressortent comme évidents et indéniables. Il s’étonne même que certains collègues psychanalystes puissent passer à côté. Cette effet d’évidence ne doit-il pas cependant nous renvoyer à ce que nous a appris l’analyse de contrôle : il suffit d’étudier telle ou telle notion théorique, ou d’être préoccupé par tel ou tel enjeu de notre propre analyse, pour retrouver ces éléments avec la même impression d’évidence, chez nos patients… alors qu’il ne s’agit que de nos propres filtres fantasmatiques ! N’est-ce pas d’ailleurs pour cette raison qu’il est imposé à chaque analyste d’avoir lui-même entrepris une cure personnelle dite didactique, afin d’avoir dégagé, autant que faire se peut, ces tendances trompeuses ? L’argument de l’évidence clinique est donc toujours à prendre avec des pincettes.

Une autre critique vient de cette proposition : « on peut très bien dire, au regard de l’analyse, qu’il n’y a pas de désir constitué au départ. Il y en a les germes… Mais le désir, au sens où on l’entend, se constitue dans la cure, il n’est pas déjà là9. » Les paramètres du désir seraient déjà là, mais il serait nécessaire que ce désir se constitue dans le transfert analytique. Le désir serait « l’effet d’une opération constituante, et non pas constituée10 ». L’analyse n’ouvrirait donc pas sur une retrouvaille de quelque chose qui aurait déjà été là, mais elle ouvrirait sur une production, dans le sens d’une création. Il ne s’agirait pas pour l’analyste de procéder à une « archéologie du désir11 », mais à sa création. La fonction des entretiens préliminaires à une psychanalyse serait ainsi celle d’une ouverture vers cette voie de la création. Par conséquent, en sous-entendant de principe cette nouvelle économie psychique dans leur praxis, les analystes ne risquent-ils pas d’aller dans le sens de sa création (abandon du désir) ? L’analyste ne risquerait-il pas de se faire l’artisan complice de ce qu’il dénonce. ? N’y aurait-il pas alors une importance à ne pas céder trop vite sur la place du désir aussi dans la théorie, celle-ci pouvant participer au sous-bassement de notre pratique et de ce qui est produit dans les cures ?

Concernant l’évolution de « l’économie psychique » au cours des époques et au sein d’une civilisation, il y a toujours une difficulté de savoir si c’est notre clé de lecture qui change, ou si c’est l’économie psychique elle-même. Les choses se compliquent encore puisque les modifications de la clé de lecture ne sont pas sans effet sur l’objet lu (en l’occurrence l’économie psychique). En parallèle, les modifications de l’objet lu imposent de changer la clé de lecture. Le tout semble dynamique, en mouvement, avec des effets d’aller- retour. Dans toutes ces oscillations, comment continuer à tenir le manche du désir ?

1 Ch. Melman, L’Homme sans gravité. Jouir à tout prix, entretiens avec J.-P. Lebrun, Denoël, 2002 ; J.-P. Lebrun, La perversion ordinaire. Vivre ensemble sans autrui, Denoël, 2007 ; Ch. Melman, La nouvelle économie psychique, érès, 2009.

2 Sur le plan collectif, puis individuel par effet de discours.

3 Et ce quelle que soit leur pertinence dès lors que le savoir qu’elles apportent est conçu comme devant tendre à un achèvement.

4 J. Lacan, Autres Écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 373.

5 Figure topologique qu’utilise Lacan pour représenter l’intrication des trois registres que sont le Réel, le Symbolique et l’Imaginaire.

6 Jean-Pierre Lebrun et Charles Melman soulèvent à ce titre la question d’un rapprochement à faire avec la flambée du concept de borderline.

7 Voir N. Janel, Structure-Dépression-Civilisation, www.nicolasjanel.over-blog.com.

8 Notamment avec certains médicaments psychotropes dont certains sont de véritables amphétamines, ou ont des effets d’accoutumance et de dépendance.

9 J.- R. Freymann, La naissance du désir, Toulouse, Arcanes-érès, 2005, p. 11.

10 Ibid.

11 Ibid.

Suivez-nous sur les réseaux sociaux