Femme, psychanalyste, juive, singulière, engagée… assassinée !
Ce riche numéro d’Analuein est dédié à Elsa Cayat, assassinée dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.
C’est à une collègue, elle était psychiatre et psychanalyste, que nous rendons ainsi hommage.
Elle faisait partie de ceux qui savent mettre les enseignements de la psychanalyse à la portée de tout un chacun, que ce soit dans sa rubrique bimensuelle dans Charlie Hebdo, ou dans ses livres.
Analuein – N°23 – Décembre 2014
Ce nouveau numéro d’Analuein présente des contributions dans différents champs de la psychanalyse en intension et la psychanalyse en extension. Nous avons choisi dans cet éditorial de mettre l’accent sur la particularité qu’il porte – ce dont plusieurs contributions sont le vecteur – de dessiner un mouvement de retour sur les questions amorcées dans le précédent numéro d’Analuein, à savoir la spécificité du discours analytique et son mode de transmission1, ainsi que les fractures doctrinales et leurs effets institutionnels.
Analuein n° 12 – juillet 2009
EDITORIAL
Bejahung : ceci est une pipe
Démocratie
« Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour.
« Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques.
« Aux pays poivrés et détrempés ! – au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.
« Au revoir ici, n’importe où. Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la
science, roués pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. C’est la vraie marche. En avant, route ! »
Arthur Rimbaud, in Illuminations, juin 1886.
Bon sang, mais c’est bien sûr… dans cette fissure et à travers ces buissons, «Un homme allongé», se cache dans ce tableau de Matthäus Merian. Image double, réversible où un paysage prend l’apparence d’un visage, à moins que ce ne soit l’inverse. Placée sous le signe de l’apparence trompeuse, cette rhétorique picturale participe d’un discernement qui transforme le champ de la vision et du regard : le spectateur s’en trouve divisé et du coup amusé…
Analuein n°11 – juin 2008
Le jour d’après-
J’en ai mis du temps à me rendre compte que nous avions effectivement changé d’époque. C’en est fini de la dé-subjectivation, de la sempiternelle adaptation nécessaire au monde actuel qui n’en finirait pas de bouger, de la prise de possession de la machine sur l’humain. Nous sommes aujourd’hui le jour d’après. Hier, (1984), c’était Orwell avec une description prémonitoire du monde totalitaire et de sa police des mots. Rien n’était plus horrible que la richesse de la langue. La forclusion radicale du malaise dans notre civilisation dépasse en ce moment la fiction
entrevue par G. Orwell.
Je soutiens, qu’aujourd’hui, nous ne sommes plus dans un processus d’aliénation de la subjectivité. La machine, somme toute, n’était faite que de mots, au sens où Jacques Lacan disait, le 8 décembre 1954 : « Le monde symbolique, c’est le monde de la machine. »
La donne marchande est aujourd’hui l’indépassable réalité de notre époque. Pas en dernière analyse, mais immédiatement, d’une façon que je qualifierais d’obscène.
Pour ma part, deux indices, issus de la pratique, ont corroboré ce terrible constat :
– L’un, anecdotique : une déléguée de l’Aide Sociale à l’Enfance me demande récemment un devis pour « réparer » un enfant ! Quoi de plus normal ? Elle obéit en cela à l’exigence comptable du Conseil Général et des Juges (il faut se reconstruire). Après tout, n’avons-nous pas, nous les psy, les outils de la clinique ? Ne serions-nous pas bien outillés ? En combien de séances pourrions-nous réparer l’irréparable de la maltraitance ? Pour quel prévisionnel ? Combien pèse le « bien » de l’enfant ? Le jargon « psy » est passé depuis longtemps dans lalangue. Mais aujourd’hui, l’enfant est devenu une charge, pris dans un schéma, une donnée comptable pour laquelle tout compte, c’est-à-dire, rien…
Analuein n° spécial – Novembre 2008
En guise d’ouverture
Joël Fritschy
« Les analystes écrivent beaucoup et quand leur transmission ne relève pas de l’écrit, elle se trouve relayée par la frénésie d’échanges, d’élaborations orales qui les amènent à mettre en mots, à tenter de théoriser les trouvailles auxquelles ils se trouvent constamment confrontées. Cette activité, nous devons bien le reconnaître, pose le socle théorique et technique à partir duquel nous travaillons et auxquels nous ne cessons de nous référer. »
Jacques Hassoun, Actualités d’un malaise
Cette citation extraite du dernier opuscule inachevé de Jacques Hassoun pourrait figurer en exergue de ce nouveau congrès de la F.E.D.E.P.S.Y. La haute importance de ces Journées s’accorde avec les termes d’une politique de la psychanalyse au sens où durant ces trois jours vont s’échanger, se croiser des discours s’appuyant sur des expériences, des champs théoriques différents voire en provenance d’autres aires culturelles. Créer de nouveaux espaces théorico-cliniques, tel pourrait être un des enjeux de ce congrès dont le point nodal — eu égard à la diversité des thèmes abordés en rapport avec l’actuel et l’Histoire — pose la question d’une articulation du social et du politique à l’analytique. Il paraît bien difficile d’évaluer le moment historique que nous sommes en train de vivre car il y manque cet après coup nécessaire au travail de pensée, à l’opposé d’un Moi qui se perd dans le miroir aux alouettes du temps réel. De toute évidence — et les travaux présentés au cours de ces Journées le diront — les événements survenus tout au long du XXe siècle, les guerres, crimes et meurtres de masse, les
attentats à la vie, contre la pensée, le psychisme et la langue, le tour pris par les bouleversements sociaux, les modifications de valeurs qui paraissent pourtant fondamentales, donnent à la crise actuelle une dimension qu’il semble bien difficile de réduire à un simple retour aux dures réalités, après l’euphorie des « trente glorieuses »…
Analuein numéro spécial – novembre 2008