La FEDEPSY souhaite retisser des liens qui se sont distendus ou rompus suite à la pandémie avec des psychanalystes d’autres associations, d’autres régions, d’autres pays… pour publier des travaux, des billets, des notes ou des articles qu’ils voudraient bien partager. Entrelacs est un espace dédié à ces échanges.
C’était au temps où Serge Gainsbourg chantait Charlotte for ever (au début des années 80). Je la revois encore, le geste ample, le cigarillo à la main, citant Freud d’une voix tonnante dans sa critique de La naïveté du comportementalisme[2] et dessinant, au tableau d’une salle de l’Institut Goethe de l’Université de Strasbourg, son schéma des actes[3], un pentagone, produit de L’entraînement mental, avec en son centre un personnage à la Chelon coupé en deux à hauteur de ceinture, pour représenter la division subjective du sujet entre le comportement (les phénomènes de surfaces visibles) et la structure…
Elle nous enseignait cela : alors que les vieux livres de psychiatrie étaient jadis remplis de paroles de patients, ceux que l’on trouvait aujourd’hui étaient remplis de statistiques et de diagrammes pseudo-scientifiques.
« Voilà donc la gloire pour toi.
– Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, dit Alice.
Humpty Dumpty sourit dédaigneusement.
– Évidemment que tu ne comprends pas – pour cela il faut que je te l’explique. Je veux dire : Voilà un argument décisif pour toi !
– Mais ‘‘gloire’’ ne veut pas dire ‘‘argument décisif’’, objecta Alice.
– Lorsque j’utilise un mot, dit Humpty Dumpty avec mépris, il signifie exactement ce que je choisis qu’il signifie – ni plus, ni moins.
– La question est de savoir si vous pouvez faire signifier aux mots autant de choses différentes, répondit Alice[1]. »
« Moi, je me fais fort de faire dire dans une phrase, à n’importe quel mot, n’importe quel sens[2] » aurait pu lui répondre Lacan. Le langage, peut-il ne pas être subversif ? Chaque mot prononcé n’est-il pas fondé sur le malentendu ? Sans l’avoir conceptualisé ainsi, Lewis Carroll l’illustre pourtant de manière délicieuse.
Synopsis du mémoire soutenu le 14 septembre 2022, dans le cadre du Master 2 Psychanalyse – Université Paul Valéry, Montpellier 3 – sous la direction de Bernard Victoria.
Ce livre est l’histoire d’une rencontre entre un mathématicien, Alain Connes, et un psychanalyste et qui n’ont pas eu peur d’échanger, sans parti pris, des idées sur leurs disciplines et ont rapidement dû constater qu’existaient de nombreux points de convergence entre elles.
En rapport avec l’écriture d’un nouveau livre, je me trouvais à Cerisy-La-Salle pour assister à un colloque ayant pour thème : « Les autres noms du temps ». Ce colloque m’a donné l’occasion de rencontrer Alain Connes, qui faisait partie des intervenants, et de lui poser une question, à mes yeux essentielle, permettant d’imaginer un avenir à la psychanalyse : existe-t-il ou pas l’équivalent du Nom-du-Père en mathématiques, garantissant qu’une équation n’est pas folle ? « Oui, les mathématiques archaïques » me répondit-il aussitôt. À ma demande, il m’expliqua longuement ce qu’étaient ces mathématiques archaïques.
La scientificité de la psychanalyse est une question qui a suscité, et suscite encore, d’importants débats. On se souviendra qu’en 2013, Moustapha Safouan dans son livre La Psychanalyse. Science, thérapie – et cause[1] y avait apporté ses réflexions et des prises de position tranchées à ce stade de son parcours. Questionné de façon plus précise à propos d’une éventuelle distinction entre psychanalyse thérapeutique et psychanalyse didactique, il évoquait que la question du désir qui se situe là serait venue à Lacan à un moment où il voulait une transmission scientifique de la psychanalyse, à une époque où il croyait que la psychanalyse était transmissible scientifiquement. On comprendra mieux sa déception quant aux résultats attendus de la passe, dont la procédure visait à la production d’un savoir sur « le désir qui fait l’analyste ». Que cette expérience soit un échec, au sens de l’échec de l’attendu d’un savoir sur un désir, ne veut pourtant pas dire que le désir de l’analyste ne réponde à un certain nombre de critères pour dire qu’une analyse a un peu été opératoire et qui font partie de critères éthiques.
Le concept « transgenre » désigne les personnes qui ne s’identifient qu’imparfaitement ou pas du tout avec leur sexe biologique d’origine, souvent ressenti comme une erreur de la nature. Certains transgenres se décrivent exclusivement comme une personne d’un sexe identifié (homme ou femme), d’autres refusent généralement toute forme claire d’assignation sexuelle ou de catégorisation. La désignation est aussi utilisée par les transgenres motivés et engagés politiquement comme terme générique qui se soustrait visiblement à une désignation sexuelle claire (sans ambiguïté). Dans quelle mesure les personnes transgenres souhaitent des interventions médicales permettant une adaptation du sexe par des moyens hormonaux ou chirurgicaux ? Cela dépend de chaque cas particulier.
Chers collègues et amis,
Nous nous étions réunis autour d’un projet d’écriture, grâce à l’impulsion de Francis Hofstein venu nous solliciter avec enthousiasme pour rejoindre un groupe de travail en formation. Nous avons fait corps avec ce projet qui devait mettre la psychanalyse, ses enseignements, au cœur de la création d’un certain discours, comme effet d’une parole constituante.
De balbutiements en trébuchements, d’accords en désaccords, ce projet a bel et bien pris corps. Nous avons écrit dans une certaine adresse et il nous manquait l’accueil d’un lieu de l’Autre pour donner à cette impulsion toute sa portée symbolique, lui permettre un accordage comme effet de résonance et peut-être, un prolongement. À venir.
La Fédération Européenne de Psychanalyse, FEDEPSY, a accepté de se constituer comme lieu tiers pour notre projet en constitution, c’est une portée hautement symbolique, signifiante, qui nous offre désormais un ancrage et donne à notre impulsion toute sa valeur d’acte, à nos écrits une dimension de parole déposée.
D’aucuns, d’aucunes se demanderont peut-être pourquoi j’ai souhaité qu’une reproduction de l’enlèvement d’Europe par Zeus déguisé en Taureau figure en couverture d’un livre consacré aux hommes d’aujourd’hui, à leurs amours, leurs fantasmes et à leurs sexualités.
C’est que le point de départ de cet ouvrage fut une question qui m’a été posée par des chercheuses et des chercheurs, un groupe pluridisciplinaire, qui se réunissait annuellement dans un colloque consacré à ce mythe dans ses diverses occurrences artistiques au cours des siècles.