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Le confinement crée-t-il un nouvel autisme ?

par Jean-Richard FREYMANN, 19 Novembre 2020

Le confinement confine le psychisme !
Il suffit qu’un groupe soit constitué pour que la paranoïa trouve des racines, ça manque de trous, comme dirait le gruyère !
La respiration est saccadée, les idées sont fixes ; il suffit que l’autre ne porte pas son masque sur les deux narines pour que se déchaîne « l’adversaire ». Le « Je » et le « Tu » manquent de « Il ».

D’un côté on manque de « Il », de l’autre côté, chacun fait appel à de l’autre ! Insupportable est aussi des scientifiques qui doutent.
Du coup la parole vient à prendre une portée de granit.
Vous aurez reconnu la force d’un Surmoi verbal qui nous ferme « le Verbe ».
Et pourtant l’expérience de l’analyste – que j’essaie d’être – ne trouve pas que de la « psychorigidité ».

Paradoxalement, pour beaucoup, le confinement rend beaucoup moins « con » ! Vive les sublimations !

Tout d’abord impossible de ne pas écouter ses enfants et ses petits-enfants.

L’enfant n’est pas branché sur le rituel de travail. Il sait supporter tous les délires et fioritures des aînés. Moustapha Safouan est décédé, il me disait en supervision : « Quelle solidité ces enfants, par rapport aux garrots des parents ! ? ».

À l’instant nous apprenons que le vaccin approche ; du coup toute la planète pécuniaire et capitaliste a retrouvé du dynamisme. (Pour combien de jours ?)

Trêve de plaisanterie de mauvais goût, voici la réapparition d’un point de perspective : le Ciel renaîtrait dans un tableau classique !

Les Montres Molles de Salvador Dali redeviendraient-elles molles ?

J’ai beaucoup appris des urgentistes et des réanimateurs, ils ont été contraints de trouver une individualisation à leur pratique et nous avons trouvé tout le personnel médical et

paramédical prêt à affronter les limites de leurs possibilités. À l’époque où les psychiatres devaient être consultés après une tentative « d’ auto-analyse » et où les réanimateurs demandait un avis psy : « L’hospitalisé peut-il rentrer chez lui ? »

Je me rappellerai toujours la question d’un des professeurs de réanimation qui me demandait : « Sur quels critères vous décidez-vous ? ». Tout en rappelant mon patron de psychiatrie !

Comment peut-on vitalement faire fonctionner le doute ?

Alors les psychanalystes sont nécessaires parce qu’ils font un pari sur la vie. Au risque de se planter.

Ne pas lâcher l’autre, même si l’on ne sait rien ! Voici une éthique à transmettre qui a à voir avec le « ne pas céder sur son désir » de Lacan.

J’ai connu l’épidémie du SIDA et ses conséquences sociales quand on ne connaissait aucun remède.

Plus la recherche et la médecine sont en difficulté ou en hésitation, plus les propriétés de la parole peuvent être considérables. La manière d’être présent pour le psychanalyste est une autre affaire, pleine de nouveauté. Quand la voix devient univoque, quand le temps du regard est évanescent.

Avez-vous déjà regardé le petit enfant qui découvre l’écran de l’ordinateur ? Lui au moins, il essaie d’y mettre les doigts.

Redonner de la voix à la loi, c’est aussi constater les effets d’une loi pour le collectif.

Il y a les respectueux, les transgresseurs, les dénonciateurs, les collaborateurs...

Restez prudents et respectez les règles communes qui ne sauraient trop durer, j’espère !

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