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Faire dérailler le train

par Jean-Richard FREYMANN, 24 Mai 2024

À chercher l’essentiel, on s’y perd... enfin.
Après 45 ans, ou 50 ans de pratique, je crois que l’on pourrait en tirer quelques fils.
Hier, j’ai vu, à Metz, l’exposition sur Lacan et je n’en ai pas été déçu ?
On pourrait faire bien des commentaires, mais il suffirait de dire : quelle créativité !
Ce n’est pas tellement la question, de la manière dont on va « enfiler les perles », mais quelle créativité.
Lacan fait partie de ceux qui ont fait dérailler les trains du conformisme, et il n’y en a pas beaucoup.
Faire dérailler le train, n’est-ce pas l’image de la résistance ?
Le problème qui se pose, c’est qu’il n’y a plus beaucoup de gares.
Pour repérer une nouveauté, il faut un cadre, et dans notre champ, un cadre théorique.
Puis-je vous parler de manque, du vide, de la perte... de l’absence, sans parler de : fonction paternelle, de métaphore, du sinthome et j’en passe et des meilleurs.
Pourrais-je parler du vélo, sans sous-entendre le guidon. Alors, comment crée-t-on des guidons ?

J’ai une idée : il faut suivre son idée ?
À condition d’en payer le prix.
Le prix est celui d’une certaine forme de solitude. Mais cette solitude n’est pas rien. C’est une certaine perception à l’éternité du rien. J’ai eu envie l’autre jour de réintroduire les pratiques de l’anorexie.
Le fameux RIEN, qui constitue l’ultime recours de la structure.
Ultime manière de s’en sortir, créer de l’anorexie. Qu’est-ce à dire ? Comment quitter ce trop-plein ? Comment me dégager ? Comment l’Autre va-t-il enfin être troué ?
Créer une perte chronique.
Je crois que la maladie est un plein...
Alors pourquoi pas le dire : l’anorexie dite mentale est une fort bonne lutte contre la psychose. « Dépsychotons » !!!

Alors une idée en plus, le psychanalyste se dépsychote, quand il travaille sa matière.
Mais je vais vous le dire tout net !
Autant je trouve que nos groupes de travail sont pertinents, et souvent fort agréables, autant je trouve que les psychanalystes en singulier ne bossent pas assez, justement ne débordent pas leurs propres idées.
Actuellement, beaucoup de jeunes me suivent... ou je n’en sais rien.
Autant j’ai perdu beaucoup d’amis, et pas seulement dans les cimetières.
Trop de mes collègues se contentent de leur savoir synchronique et ne poussent pas leurs possibilités.
Ne pas perdre courage sur ses propres capacités « métaphoriques » malgré les « guerres » et nos quotidiens « merdiques ».
Paradoxe : autant j’éprouve des facultés à « tout reprendre ou repenser », la marche reste un effort, je l’ai vu à l’exposition de Lacan, mais au fur et à mesure je m’en détache.

Alors que chercher :
– un nouveau rapport à la culture ;
– des leçons de respect de l’autre ;
– repenser la question de la jalousie et de la frérocité.

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