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Re – billet d’où ?

par Cyrielle Weisgerber, juin 2025

Certains l’auront peut-être remarqué, ma production de « Billets d’où ? », un temps assez régulière, s’est ensuite tarie, depuis longtemps à présent.
Que s’est-il passé ?
Des débuts de textes se sont écrits pourtant, abandonnés les uns après les autres, encore et encore. Je rédige les articles sur mon ordinateur, les conserve via une application ; une fenêtre (de l’application) est et est restée ouverte, à travers le temps qui passe, des onglets de plus en plus nombreux s’y alignent. Un titre, et quelques mots, parfois un titre seulement, et la page blanche.

Ce matin, à parcourir les onglets avec la pointe de la souris (les titres s’affichent alors), leur série me fait sourire :
Humain-e, ami-e humain-e
Polyphonies
être un humain, peut-être
Vacillements
Mise au point ou table rase ?
Fragilités du « sacré »
Comment parler… encore ?
Parole, parole, parole… et
Aller « au fond des choses », puis s’en ficher
Ivresse de l’analyste
Sortir de la répétition ?
Massacre banal et quotidien par déni de subjectivité
Le courage d’être humain ?
Pourquoi la psychanalyse, aujourd’hui
“Document sans titre”
Fragilités de la joie
Métier : rallumeuse

Vous ne me croirez peut-être pas, je ne triche pas, ils apparaissent ainsi, dans cet ordre-là. La série de mes « billets d’où ? » non écrits.
Je vous laisse les imaginer, les rêver, en faire – ou ne pas en faire – ce que vous voudrez.

La psychanalyse démonte quelque chose des mécanismes, des aliénations, dissipe quelques illusions. Y a-t-il le risque de démonter trop ? Probablement. Surtout lorsque vient s'y mêler l’un ou l’autre petit événement intercurrent.
Chacun n’y est pas exposé, peut-être. Les leurres et fantasmes sont des chats et ont neuf vies, ou plus.
À devenir analyste, y a-t-il nécessairement un moment de désabusement ? Est-ce un passage, et un passage incontournable ?

Les mécanismes une fois dépliés, démontés, se révèlent être au fond assez peu de chose – mais pas rien ! –, les édifices théoriques, qu’ils soient brillants, intéressants, ou obsessionnels et très ennuyeux, ou paranoïaques et effrayants de rigidité, apparaissent dans toute leur artificialité. Pourtant les constructions théoriques restent nécessaires, sont la matière nécessaire d’une pensée et d’un dialogue dans le champ analytique.
Qu’est-ce qui nous permet de composer avec cela ? Qu’est-ce qui nous permet de continuer à parler de psychanalyse ?

Probablement je ne suis pas la personne la mieux placée pour y répondre. Comment faites-vous, vous ? Comment y parvenez-vous ?
Un élément de réponse – il me semble, qu’en pensez-vous ? – s’esquisse avec la forme des deux questions immédiatement ci-dessus : quelque chose de l’adresse à l’autre, quelque chose du lien à l’autre, malgré ce que nous savons de la mécanique des liens – du cisaillement/écrasement de leurs rouages les plus serrés, à l’évanescence de leurs illusions.

N’y allons pas par quatre chemins.
La vie humaine est une aberration. Être un corps de chair et de sang, mortel, et penser est une aberration. Être mortel, penser la mortalité et imaginer l’immortalité, (R – S – I ?), écartèlement perpétuel.
Supporter cela, et trouver / créer jusqu’à la possibilité de la rencontre des autres, du partage, de la joie, est de l’ordre du prodige, à réinventer jour après jour.
Articuler l’inarticulable, afin que se réalise ce prodige, achoppe souvent : nous sommes pris dans la mécanique aliénante de l’échafaudage de notre monde, ou devant (ou dans) le gouffre laissé par l’effondrement du fragile échafaudage, ou parfois enseveli sous ses ruines.
La psychanalyse est un dispositif qui permet à l’analysant de cheminer, c’est-à-dire de poursuivre son mouvement malgré les différents écueils ; permet d’assouplir certaines entraves, de réarticuler des éléments disjoints, etc ; permet de continuer à recréer, réinventer, encore et encore, le prodige d’être humain, avec d’autres humains.

Alors cela mérite de s’ennuyer à se coltiner un peu de théorie. Mais le vif du discours analytique ne saurait se faire entendre dans le ronronnement théorique, qui au contraire le recouvre et l’asphyxie.
Le vif du discours analytique, dans la transmission ou dans la cure (l’acte analytique ?), aurait à voir avec le rapport de l’analyste au tranchant de l’énonciation ? L’acte analytique, ou un rapport à l’usage du tranchant de l’énonciation ?

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