Chroniques de La Lettre

Petite Chronique du temps qui passe
Par Thierry Vincent   publié le 18 novembre 2024

A propos de l’affaire dite « des viols de Mazan »

L’affaire dite « des viols de Mazan » à l’occasion de l’orage médiatique qu’elle déchaîne provoque tant de réponses rapides ou conventionnelles et de points de vue péremptoires face à l’incompréhension première […]
Petite Chronique du temps qui passe
Par Thierry VINCENT   publié le 1 juin 2024

La vie ordinaire des gens sur la terre – à propos de Sud, d'Antonio Soler (Rivages, 2022)

à propos de Sud, d’Antonio Soler, Rivages, 2022

Que ceux qui cherchent des histoires lénifiantes ou édifiantes passent leur chemin ; des histoires avec une morale et de la justice aussi ; des personnages bien typés « gentils » ou « méchants », tout autant. Pas de critique sociale dans « Sud », en tout pas de celles bien appuyées sur les repères classiques déclinant l’évangile selon Marx, Jésus ou n’importe quel autre prophète. « Sud » narre la vie ordinaire de gens ordinaires dans un pays ordinaire occidental. Dans une de ces démocraties comme les haïssent les Poutine, Xi Ping et autres Khamenei, parce qu’elles façonnent selon eux des dégénérés, alibi bien commode pour escamoter leur haine fondamentale de l’Autre, un Autre sensé s’incarner chez nous dans ce qu’on appelle « les Droits de l’Homme », lesquels révèlent immanquablement aussi la part d’ombre de chacun. Or le roman est une des formes que peut prendre cette révélation.

« Sud » est l’histoire ordinaire d’un groupe de gens plus ou moins disparates, plus ou moins liés entre eux (mais c’est sans grande importance) un unique jour d’été dans le sud espagnol, terrassé par le « Terral » un vent sec et chaud passant pour rendre apathiques ceux qui le subissent. En réalité les personnages de Sud sont tout sauf apathiques, tant le livre les cueille au niveau pulsionnel.

Billet d'où ?
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 1 novembre 2023

Pourtant la lumière

Partout des ténèbres ?

Tout est sombre. Tout est crispant. Tout est glaçant. Au niveau national, international, planétaire, social, personnel, mis en abîme pour l’analyste par le discours des patients et analysants – réflexions d’horreur à l’infini.
La fonction du psychanalyste est de ne pas prendre au pied de la lettre, de se décaler, de lire les mécanismes en jeu ; décrypter que tout ceci n’est qu’une des formes du chaos perpétuel du monde ; se souvenir de l’intemporalité des messagers de l’apocalypse[1] ; se rappeler que la violence, l’agressivité, le pouvoir et son abus, sont indissociables des mécanismes psychiques et pulsionnels. Le tableau se révèle plus sombre encore, alors ? Les ténèbres ne sont pas qu’à l’extérieur, elles sont aussi et surtout au fond de chacun de nous ?

La question se renverse : comment est-il possible qu’il n’y ait pas que les ténèbres, la violence ? Comment est-il possible qu’existent des relations entre humains qui ne sont pas seulement utilisation, consommation, séduction suggestive, abus de l’un par l’autre ? Comment est-il possible qu’existe la rencontre ouverte, la présence généreuse ? Cela existe-t-il seulement ?
Je pense, j’espère, que chacun d’entre nous en a l’expérience, de ces moments de rencontre lumineuse. Sans l’appui de l’expérience, dans la seule réflexion à partir d’une certaine actualité, il y a le risque, voire il y aurait lieu, de douter de l’existence de la lumière[2].

Rappelez-vous, elle existe. Rappelez-vous, certains regards, certains sourires, quelques silences, l’une ou l’autre main tendue. Quelques paroles, même.

Petite Chronique du temps qui passe
Par Thierry VINCENT   publié le 1 novembre 2023

À propos de « William Conrad », de Pierre Boulle

William Conrad[1], sous couvert d’un roman d’espionnage, est un grand livre sur l’influence et sur l’hypnose pratiquée à l’échelle des nations, une pratique qui, avec l’invasion russe en Ukraine et ses conséquences, revient sous les feux de l’actualité.

William Conrad est un jeune homme d’origine polonaise devenu un journaliste célèbre dans son pays d’adoption, l’Angleterre, en raison de ses positions patriotiques au moment de l’entrée en guerre de la Grande Bretagne contre les forces nazies. À tel point qu’on lui confie bientôt, au sommet de l’état, la rédaction d’articles encourageant l’effort de guerre et le patriotisme du pays. Il a fait ses études dans une prestigieuse université anglaise, son meilleur ami est un jeune idéaliste qui ne tardera pas à s’engager dans la lutte en Orient contre les Japonais et il est reçu et protégé dans un cercle très influent proche du gouvernement. Il paraît s’acquitter du rôle qui lui est confié, celui d’être propagandiste de la politique de Churchill avec brio et dévouement. Seulement en réalité William Conrad est un agent d’influence nazi dont la mission est de s’élever au sein de la hiérarchie anglaise pour la subvertir de l’intérieur. Une première étape impeccablement accomplie, puisque William Conrad est devenu tellement populaire qu’il reçoit de nombreuses lettres d’admirateurs et d’admiratrices de tout le pays.

Petite Chronique du temps qui passe
Par Thierry VINCENT   publié le 1 septembre 2023

À propos du film « The Banshees of Inisherin » de Martin MacDonagh

The Banshees of Inisherin est un film comme il en existe peu. Un film rare sur les lois de la parole, ses conditions et ses conséquences. Sur une île d’Irlande assez désolée (je le sais : j’y suis allé il y a très longtemps, il n’y avait encore aucun véritable magasin d’alimentation à l’époque…) au large de Galway, deux hommes très différents l’un de l’autre, entretiennent une amitié depuis… on ne saura pas. L’un d’eux, Colm, un musicien, homme solitaire qui crée au violon des mélodies tirées du folklore irlandais, annonce un jour à l’autre, Patraic, personnage au cœur simple selon la référence flaubertienne, qu’il ne souhaite plus désormais qu’il lui adresse la parole.
Bien entendu Patraic croit à une farce. Il ne comprend pas les raisons pour lesquelles Colm a soudain cette exigence à son égard. Sur l’île personne ne comprend non plus, mais laisse chacun à ses affaires. Effondré par cette annonce, Patraic harcèle Colm pour avoir des explications et surtout pour renouer leur amitié. Colm refuse et exige de Patraic qu’il respecte sa demande, ce que ce dernier ne peut accepter. Devant l’entêtement de Patraic, Colm le menace. Et là où le film devient vraiment intéressant, c’est que cette menace ne vise pas Patraic, mais lui-même, Colm.

Billet d'où ?
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 1 avril 2023

Merlin………. le psy ? Désenchantements et réenchantements du monde

Avertissement préliminaire :
ce « billet d’où ? » s’est écrit étrangement, éclats et échos de voix. Fermez les yeux, imaginez une grande scène blanche, deux comédien-nes s’avancent sur la scène, lisez le texte – rouvrez les yeux, donc, ne les fermez qu’en pensée –, entendez leurs voix résonner dans l’espace.
Ou… passez votre chemin.
Ou… écoutez la version mise en voix.

Un humain
enchanté-e – désenchanté – déchanter – réenchanter – faire chanter –
Merlin… l’enchanteur –
espèce… d’enchanteresse

Un psy (humain aussi, par ailleurs)
C’est quoi ce métier ?!
On me demande des solutions – le monde regorge de solutions, internet regorge de solutions, scrollez n’importe quel réseau social, défilent des solutions à tous les problèmes imaginables, et inimaginables, même ceux auxquels vous n’avez jamais pensé, et même ceux qui ne sont pas des problèmes… –, le psy répond qu’il n’en a pas, de solution.

Petite Chronique du temps qui passe
Par Thierry VINCENT   publié le 1 avril 2023

« Suivre Pauline » de Sidney Cohen

Il est rare que tant d’émotion se dégage d’un texte psychanalytique. Suivre Pauline[1] est d’abord un texte courageux : choisir de publier un cas et de longuement le détailler ne se fait quasiment plus, tant il faut maintenant illustrer ses propos par des « vignettes cliniques », reflet le plus souvent de sa paresse conceptuelle et surtout d’un engagement minimaliste. Il est courageux aussi, d’annoncer d’emblée ce qui pourrait être pris (surtout pour les détracteurs de la psychanalyse) pour un échec, comme s’il fallait d’ailleurs un « happy end » forcé à l’instar des contes de fées, chez tous nos patients, alors qu’il ne s’agit que d’une tranche de vie dont on peut espérer qu’elle les protège de l’asservissement à quelques liens.

Car la première qualité de Suivre Pauline est de mettre en mots une cure où il s’agit de courir derrière sa patiente, et d’avoir littéralement du mal à la suivre. La force du récit c’est cette course haletante et interrogative, centrée sur les doutes, les hésitations et les inquiétudes de l’analyste. Comme si être analyste, ça allait de soi et qu’il fallait se suffire de laisser causer…

Billet d'où ?
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 1 mars 2023

Corps et brumes !..

Qu’est-ce que j’ai envie de dire, comment je peux le faire entendre ? Sous quelle forme pour atteindre l’autre, vraiment ?

Corps et brumes.
Je n’en reviens pas, je ne finis pas de ne pas en revenir, probablement je passerai ma vie à n’en pas revenir ? – en êtes-vous revenu-e ? –. Ce qu’est un être humain : corps et brumes.

« Le sens n’est nulle part. Nous le traçons avec de la fumée et le vent n’est jamais très loin. »  Salah Stétié[1]

Je préfère les brumes – l’idée est la même ? –, je préfère la texture du mot, je préfère la texture de la « matière ».
Parfois nous traçons, Salah Stétié, parfois nous dessinons dans les brumes ; souvent elles se forment sans que nous n’y contrôlions rien, elles se soulèvent lorsque nous touchons – bousculons ou nous cognons dans – un bout de réel ou un autre, le touchons du regard, de la pensée, du bout du doigt, d’un bout de corps.

Billet d'où ?
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 13 décembre 2022

Rébellion.

La psychanalyse peut être une forme de rébellion.
La psychanalyse telle que je la pense, telle que j’essaie de la pratiquer, est une forme de rébellion.
Il faut de la rébellion, elle est vitale. Il faut une force tendue, constante, pour permettre qu’une certaine part de l’humain s’exprime – la part de l’ouverture, de la rencontre, de la créativité, de la joie – et ne soit pas écrasée par une autre part de l’humain – les mécanismes dont les moteurs sont quête des pouvoirs, jouissances aveugles, peurs…

Peurs.
Le pessimisme est criminel. Les discours ambiants actuels sont criminels. La soupe servie est sombre, de la bile noire en boîte façon concentré de tomate. Rassurons-nous, il y a toujours moyen d’y échapper : l’hypnose béate et idiote est omniprésente, à portée de clic et de scroll : regardez, le chaton mignon entre les pattes de l’énorme chien – qui n’en ferait qu’une bouchée, mais il semblerait que pour lors il n’a pas faim –, regardez, ma dernière story avant/après mon rendez-vous chez le coiffeur !.. Merveilleux, non ?… Une nouvelle coupe et j’oublie guerre, pénurie d’essence, coupures d’électricité, rien ne m’inquiète plus !

Billet d'où ?
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 1 octobre 2022

Tyrannies et libertés... psychiques!

Quels espaces de liberté ?
De quels espaces de liberté disposons-nous ? Nous, humains, et chacun au singulier, toi, moi, jusqu’où pouvons-nous nous mouvoir ?

L’expérience de la cure (personnelle et celle de nos analysants) dévoile à quel point le psychisme d’un humain est déterminé par des rouages qui lui échappent, mais aussi dans quelle mesure il peut s’en désaliéner.

Pascal Quignard écrit que pour l’être humain la liberté n’existe pas… La liberté entendue comme un état n’existe pas. Il soutient cependant l’existence et la possibilité d’un mouvement de libération. Ses écrits en témoignent profondément.

Billet d'où ?
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 1 octobre 2022

Sur la technique - propos nocturnes et décousus

Nuit calme. Terrasse surplombant la mer.

Ils sont venus finir la nuit ici, à discuter à trois. Ils se connaissent de longue date, leurs nuits d’étudiants ressemblaient à la nuit qui se déroule. La vie a rapproché deux d’entre eux, entrelacé leurs devenirs, amené sous d’autres cieux la troisième, la danseuse. Ils sont venus la voir danser la dernière représentation de son spectacle. Sera-ce le dernier ? Chacun se le demande sans le dire. Le temps a passé, le temps continue de passer.

La psychanalyste soupire : « Je t’envie, le sais-tu, de savoir faire parler ton corps. »

La danseuse, dans un sourire : « Il a plus à dire que ma tête. Mais entends-tu qu’il gémit, parfois, grogne, ce ne sont pas des mots qu’il dit, il hurle il murmure des sons inarticulés, la vie que je ressens à travers lui, la joie, la lumière, l’émerveillement l’horreur. Je t’envie de savoir transformer cela en mots – pourtant, dans la transformation, que devient ce que ressent le corps, qu’en fais-tu ? »

Billet d'où ?
Par Marie-France SCHAEFER   publié le 1 août 2022

Écho à « Variations sur l'inspiration »

Elle pose des questions qui me parlent :
Pourquoi ne me suffit-il pas de ressentir que je suis vivante. Pourquoi la nécessité d’en écrire quelque chose ?
Et
Pourquoi certains écrits d’il y a mille ou deux cents ans nous touchent encore. Ils recèlent des fragments de ce que vivre et penser donnent à dire à l’humain ?

Écrire, c’est matérialiser par des traces sur un support : du papier, un écran ou un objet ce qui se déroule, ce que j’ai vécu, ce qui se dit dans ma tête.
J’écris ce que j’ai fait dans ma tête de la réalité dans laquelle j’étais prise, après coup.

 

Billet d'où ?
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 1 juillet 2022

Variations sur l’inspiration

Jour 1

Les mots ne reviennent jamais tout à fait identiques. Une ou deux phrases se sont dessinées dans mon esprit, hier, avant-hier, je ne sais plus, des phrases à écrire, pas écrit de suite, pas le temps, pas le courage, ou il était tard, je me rappellerai les mots – les mots ne reviennent pas. Peut-être est-ce à les chercher qu’ils ne reviennent pas. Arrêter de chercher.
Tant de paroles. Tant d’écrits. À quoi reconnaître un « texte », une « écriture » ? Un de ces textes qu’on lit encore, un demi-millénaire plus tard. Qu’ont-ils de particulier, ces textes d’il y a mille ou deux cents ans, qui nous touchent encore ?
Et tout l’intérêt qu’un humain peut avoir pour des mots, pour des histoires. La soif de mots.

Si le corps n’est pas approvisionné en eau, son degré d’hydratation baisse et il meurt. Si l’humain n’est pas abreuvé de mots, que se passe-t-il ?

Billet d'où ?
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 1 juin 2022

Qu’est-ce que l’inspiration ?

Qu’est-ce que ces mots qui viennent à l’esprit, se déroulent en phrases, viennent on ne sait d’où ? Et pourquoi l’inspiration se poursuit-elle plus fluide lorsque je fais glisser la plume sur le papier, plutôt que taper les lettres sur les touches du clavier ?

Qu’est-ce que l’inspiration ?
En un sens simplement une forme de symptôme, ou de manifestation de l’inconscient, manifestation des quelques mécanismes psychiques qui nous régissent à notre insu.
Les idées nouvelles et pertinentes naissent ainsi – les idées fausses, absurdes, délirantes… de même. Jusque dans les réflexions et recherches scientifiques, entre connaissances établies et données de l’expérience, l’articulation soudaine d’une hypothèse est de l’ordre de l’inspiration.
Donc de l’ordre d’une forme de symptôme, de l’ordre d’une manifestation des quelques mécanismes psychiques qui nous régissent à notre insu.

Billet d'où ?
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 1 avril 2022

Madame Bovary et les émoticônes ?

Nous essayons de saisir avec des mots, avec de la pensée, l’épaisseur – opaque boueuse gluante explosive lumineuse parfois – de ce que nous vivons. Nous alignons quelques mots : voici ce que j’ai vécu, voici ce que je vis.
Autant essayer de traduire Madame Bovary (version intégrale) en une série d’émoticônes.

Je me penche au bord des mots – sous mes pieds à l’intérieur de moi des abîmes d’épaisseur – vertige.
Comment parvenez-vous à rester arrimé-e aux mots ? À continuer à les aligner, à construire des discours, jusqu’à des « explications » de tout, et de l’humain, et de la vie, et de la parole ? Comment ? Que faites-vous des abîmes sans fond de l’épaisseur du vivant ?

Billet d'où ?
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 1 mars 2022

Sublimes abîmes, sublimes élans ?

« Le travail de pensée est donc réalisé par la sublimation des forces pulsionnelles érotiques. Ainsi, toute activité signifiante est du domaine de la sublimation, pas seulement de sa nature, elle est activité de sublimation : c’est la question de la sublimation du désir. Le désir est-il alors une sublimation ? »
Jean-Richard Freymann, Les mécanismes psychiques de l’inconscient[1]

 

Que se passe-t-il, lorsque j’écoute de la musique ? une voix, ou un instrument, la voix d’un instrument, ou les deux mêlés, enlacés. Quel est cet effet ?
Pourquoi certaines musiques me touchent-elles si profondément, et d’autres non ? Dans une chanson, à un moment précis, là, maintenant, une voix s’ajoute à la voix de la chanteuse, un écho, une vibration de fond, une vibration venue du fond de je ne sais quoi, elle me traverse, se transforme en pulsation au fond de mon corps. La pulsation se propage, et l’envie de laisser le corps être porté, ondulé, saccadé, spasmé par l’onde vibratoire.

Billet d'où ?
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 1 février 2022

À quand la fin des haricots ?!..

« Être » psychanalyste n’empêche pas de se poser des questions idiotes : y a-t-il un risque que l’être humain s’arrête de parler, ne sache plus parler ?
Je veux dire, un risque que l’être humain n’ait plus accès à l’ouverture possible par la parole, cet endroit où quelque chose – on ne sait trop quoi, et peu importe – se dit, peut s’entendre. Un risque que l’être humain se retrouve enfermé dans des discours ficelés, univoques, mécaniques, réduits au communicable et au consommable ?

Billet d'où ?
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 7 janvier 2022

Billet d’où ?

D’accord, d’accord, je ne le nierai pas : dans mon titre s’entend l’envie de vous écrire un billet doux. Eh oui, un peu de douceur, que diable, dans ce monde de brutes !
Ou plutôt, à vrai dire, un peu de parole subjective, par pitié, dans ce monde de perroquets hypnotisés…

D’où ça parle ? d’où ça parle, pour faire entendre un peu le sujet ?
Ça parle, aujourd’hui ça parle trop, tout parle, à tort et à travers et sans sujet. Vos applications vous parlent : elles vous racontent votre vie, elles vous racontent qui vous êtes. L’application GPS retrace vos trajets et les présente sous forme de roman photo agrémenté des images de quelques « lieux phares » – où, Covid oblige, vous retrouvez davantage vos lieux de travail que vos lieux de vacances, sur la carte trois points entre lesquels vous tournez en rond, triangle des Bermudes ?

Entre divan et théories
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 7 décembre 2021

Sous influence ?

J’ai entendu par hasard un passage d’une émission de radio évoquant « les risques de dérives sectaires ». Un spécialiste (des dérives sectaires) rappelait qu’un changement repéré chez une personne s’inscrivant dans un nouveau groupe (religieux, associatif, sportif, arts martiaux, etc…) constitue un signal d’alerte, un signe d’influence.
S’entendait une inquiétude face à une menace grave, diffuse : changement (sous-entendu de comportement) = influence = danger.
Quid de la cure psychanalytique, alors, qui n’en est pas une si elle ne produit pas de changement : serait-elle une secte à deux ?!!!
S’entendait en creux l’idée que l’individu pourrait vivre sans influence, devrait vivre sans influence aucune. Lacan la repérait sous le nom de « délire d’autonomie » : le délire de penser qu’un être humain pourrait n’être déterminé que par lui-même, sans influence extérieure de quiconque ni de quoi que ce soit.

Billet d'où ?
Par Cyrielle Weisgerber   publié le 1 juillet 2021

Mises à mal de l'humain et points de fuite du désir

« Tout » est dans le titre.
Tout ce qui me pousse à écrire aujourd’hui, ce que j’aimerais vous faire entendre aujourd’hui, en partie au moins – que pouvons-nous faire entendre, que pouvons-nous entendre, entre malentendus, projections et faux semblants ?.. -, tout est dans le titre. Je vais essayer de déplier un peu.

 

Points de fuite du désir

Une discussion avec Jean-Richard Freymann m’a donné l’envie d’écrire ceci, aujourd’hui (18 décembre 2020).
Il a évoqué le rôle du point de fuite dans les tableaux, et le moment de révolution de l’art pictural qu’a été l’invention de la perspective. La perspective implique un point de fuite du regard, un point à travers le tableau, au-delà du tableau, qui fait passer du plat de deux dimensions à la profondeur et l’espace de trois dimensions.
Le désir est un point de fuite dans le tableau, a-t-il ajouté. Le mouvement désirant ouvre un point de fuite, ouvre la perspective.

Petite Chronique du temps qui passe
Par Alix ENRIQUEZ   publié le 1 juillet 2021

Témoignage « Après la pluie, le beau temps »

Aujourd’hui, lundi, premier jour de la semaine, il ne cesse de pleuvoir. On dirait que le ciel pleure, comme pleurent les passants qui s’abritent derrière leur parapluie bien trop étroit pour recueillir l’eau du ciel. Cette eau du ciel qui ruisselle au-dessus de nos têtes mais également le long les rigoles qui se forment sur le sol.

Billet d'où ?
Par Cyrielle Weisgerber   publié le 19 novembre 2020

Notes sur la psychanalyse, sur l'écriture. Journal de navigation en eaux troubles

Octobre 2020 Préambule

J’écris un journal.

Parfois aux éléments personnels se mêlent des réflexions sur la pratique, sur la psychanalyse. Réflexions un peu décousues, sous forme de notes, sans le formatage de l’article de psychanalyse. Je préfère cette forme-là, décousue, à la croisée du personnel et du « professionnel », à la croisée de l’analyse personnelle, didactique et de contrôle. Cette forme-là est celle qui (me) parle le plus. D’une façon (trop) peu théorisée ?

Cela tombe bien, je pense précisément que le discours d’un analyste ne consiste pas à faire des théories, mais à les défaire. C’est-à-dire qu’il ne s’agirait pas de travailler sans théorie, cela n’aurait pas de sens, mais de travailler avec les théories et de travailler les théories elles-mêmes de manière à les « traverser » plutôt que d’être fasciné par elles.

Je vous livre donc des notes de mon journal, et les intitule « Journal de navigation ».

Non classé
Par Cyrielle WEISGERBER   publié le 15 septembre 2018

Quelques remarques autour de la psychanalyse… à l’usage de ceux qui se demandent ce que c’est

Préambule…

…à l’usage de ceux qui se demandent ce que c’est, mais il ne sera pas répondu à la question, bien sûr. Il ne sera pas dit « ce que c’est ». Il ne peut pas être dit « ce que c’est », comme il ne peut être dit ce qu’est l’homme. Ou alors, à ce qu’il peut en être dit, manque l’essentiel, le p’tit truc insaisissable et essentiel.

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