Les entretiens préliminaires à une psychanalyse, (sous la direction de) Jean-Richard Freymann, éditions érès, coll. « Hypothèses », 2016.
Cet ouvrage fait suite aux Journées d’avril 2014 de la FEDEPSY : La clinique psychanalytique aujourd’hui. Praxis des Entretiens préliminaires, journées coordonnées par Jean-Richard Freymann et Marcel Ritter.
Jean-Richard Freymann explique que ce livre se veut un passage de flambeau des aînés psychanalystes à la nouvelle génération.
« Entretiens préliminaires », de quoi s’agit-il ?
Les auteurs de ce livre : Jean-Pierre Bauer, Eva-Marie Golder, Jean-Marie Jadin, Patrick Landman, Daniel Lemler, Nicole Lévy, André Michels, Marcel Ritter, Moustapha Safouan et Marie-France Schaefer, tentent d’y répondre.
Dans son introduction, Jean-Richard Freymann dit que les entretiens préliminaires sont le marche-pied pour entrer dans une analyse.
Tous les auteurs de ce livre partageront, en l’explicitant chacun à sa manière, cette définition. Freud, quant à lui, ne parle pas d’entretiens préliminaires mais d’un traitement d’essai à une psychanalyse.
Dans Je parle aux murs, Lacan dit : « Il n’y a pas d’entrée possible dans l’analyse sans entretiens préliminaires ».
En considérant cette définition, les entretiens préliminaires désignent les premières rencontres d’une personne qui veut commencer une analyse avec un psychanalyste. C’est lors de ces entretiens, en effet, que le futur patient formule sa demande d’analyse à un psychanalyste. Le psychanalyste doit mesurer la possibilité de l’implication du sujet dans l’analyse et sa tolérance à ce travail qu’est une psychanalyse.
On peut dire que les premiers entretiens sont l’occasion d’une évaluation chez le sujet qui demande une analyse. Pour le dire autrement, et d’une façon plus explicite, l’analyste doit, lors de ces premiers entretiens, mesurer la capacité de symbolisation d’un sujet et du supportable de la perte.
L’instauration du transfert est un autre enjeu des entretiens préliminaires et c’est là que l’analyste doit formuler la règle fondamentale.
La formulation de la règle fondamentale est la seule exigence demandée au futur analysant : celui-ci doit dire ce qui vient, sans sélectionner et sans avoir peur de dire des bêtises.
Les entretiens préliminaires s’exercent dans une position de face à face de l’analyste et de l’analysant. Mais quand, exactement, le patient peut-il passer de cette position de face à face à celle du divan ? Quand peut-on dire que débute l’analyse ? La bascule de la position assise à celle du divan peut se faire au moment où l’analyste entend la vraie demande du patient. C’est l’entrée en jeu de son désir d’analyste.
Daniel Lemler parle de fin des entretiens préliminaires comme mise sur le divan et fin du corps-à-corps, c’est-à-dire passage du face à face avec l’analyste au divan où l’analyste formule la règle fondamentale.
Patrick Landman nous dit que les entretiens préliminaires amènent au constat d’une nécessité pour le patient de réaliser dans le transfert la brèche qui s’est ouverte (ouverture de l’inconscient), ouverture que l’on appelle l’initium de l’analyse.
Il y a un moment où se produit un virage dans certaines cures analytiques : c’est l’instant où l’analysé trouve le déclencheur de son mal être qui se trouve être la perte de l’objet petit a, cet objet irrémédiablement perdu.
Moustapha Safouan affirme que toute analyse fonctionne à ce niveau-là. Une fois que l’analysé est parvenu à cette perte et une fois débarrassé de son symptôme, il tombe dans cet état que l’on appelle « misère moyenne ». Mais force est de constater que cette misère-là, nos contemporains ne la supportent plus.
Or, il faut encourager l’analysant à ne pas reculer devant ce qui lui apparaît d’abord comme un abîme.
Marie-France Schaefer et Eva-Marie Golder nous disent ce qu’il en est des entretiens préliminaires avec des enfants. Le grand défi des premières rencontres avec un enfant est celui de la confiance à gagner. Mais n’en-est-il pas ainsi avec les adultes ? L’enfant n’arrive jamais seul chez le psychanalyste, mais entouré de ses parents.
La première rencontre est importante pour éclaircir ce que signifie une thérapie analytique au niveau du financement du temps nécessaire, de la fréquence des rencontres et de discerner si les parents parlent au nom de l’enfant ou s’ils lui laissent la parole. Le psychanalyste doit déterminer la place que l’enfant occupe auprès de ses parents. Il sera nécessaire de bâtir une « alliance thérapeutique » avec les parents pour que le travail se mette en place quel que soit le cadre.
Ce qui ressort de cet ouvrage d’articles coordonnés par Jean-Richard Freymann, c’est le grand rôle des entretiens préliminaires qui vont déterminer, pour le sujet qui demande une psychanalyse, sa capacité à symboliser et à accepter la « perte ».
Donc pas d’entrée en analyse sans entretiens préliminaires.