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Lecture libre de Mahmoud ou la montée des eaux[1], d’Antoine Wauters,

par Frédérique RIEDLIN, septembre 2022

et quelques livres en écho ou contrepoint

« La douceur allège la peau, disparaît dans la texture même des choses, de la lumière, du toucher, de l’eau. Elle règne en nous par de minuscules brisures de temps, donne de l’espace, enlève leur poids aux ombres. »[2]

C’est souvent la surprise qui laisse les marques les plus profondes. Que ce soit la marque au fer rouge du traumatisme. Ou la marque inattendue d’une lecture, tout à coup, qui vient introduire un nouveau monde, une voix nouvelle dans le familier intérieur. Un de ces livres que l’on a choisi distraitement, dans les errances un peu vagues en librairie au seuil de l’été – tout ce que l’on pas vu passer cette année, en quête si possible de quelque chose de léger, qui vienne trouer de fraîcheur le plomb caniculaire, trouer le plein de vide propre à cette époque pourtant serrée de près par la guerre et la catastrophe. Et si possible alors, relever un peu l’insistance du motif des violences, à nombreux endroits de ma pratique, sans s’endormir sur le pire, sinon à prendre les armes, du moins à produire, « (se) donner des armes », et ce que cela signifie et lesquelles, n’est-ce pas une question qui nous engage comme citoyens, mais aussi comme analystes, et comment ?

Mahmoud ou la montée des eaux, d’Antoine Wauters. Qui ne sera pas, mais l’est finalement quand même rien que pour son titre, un roman d’anticipation écologique, plutôt un conte philosophique mais bien enraciné dans l’histoire récente de la guerre en Syrie. « Inspirés de faits réels », dit-on.

C’est sans doute le motif de cet homme nageant avec son tuba autour de sa barque, cherchant au fond d’un lac artificiel la ville de son enfance engloutie, qui m’a questionnée. L’Atlantide engloutie sur fond d’une histoire vraie, et même réelle : vivre avec les traces du passé effacé par le délire d’un régime. D’un homme et d’un régime : comment une « folie » au pouvoir peut-elle s’instituer – si l’on peut même ici parler d’une institution – et organiser les rapports sociaux ? Est-ce que c’est simplement un plaquage forcé sur une société contrainte mais pas dupe, et quelles traces cela laisse-t-il dans la constitution du lien social des générations d’après ? Des questions qui se déchaînent plus près de nous en Russie et sur les Ukrainiens.

Ici, il semble que ce soit une forme de délicatesse profonde, éthique, qui prime. Et qui d’ailleurs évoque pour moi une autre lecture récente d’Anne Dufourmantelle que j’ai mise en exergue. Lecture précieuse pour changer un peu son point de vue : La puissance de la douceur[3].

« La douceur allège la peau, disparaît dans la texture même des choses, de la lumière, du toucher, de l’eau. Elle règne en nous par de minuscules brisures de temps, donne de l’espace, enlève leur poids aux ombres. »

La peau. Une tache sur sa peau qui s’étend et s’impose : le narrateur a justement un cancer de la peau, c’est de la peau qu’il mourra, dit-il, on lui a fait la peau bien avant, dans les geôles du régime.

Il s’agit d’un homme plutôt âgé, même si cela ne s’entend pas tellement dans l’écriture, l’auteur est jeune et/mais philosophe, même si l’horizon passé derrière lui qu’il considère en pêchant depuis sa barque sur le lac, se prolonge bien loin en arrière, au cœur du siècle dernier, il y a une vivacité, une jeunesse, une fougue dans le récit de ses amours. D’aucuns appelleront sans doute cela le désir !

Tour à tour on l’entend lui, comme un poème intérieur, puis sa seconde épouse parlant de lui, en l’observant de loin tourner autour et sur ce lac. Il est comme suspendu et tourne en errance circulaire, satellisé par ses pertes et fracas, sur un lac au bord duquel il s’est installé avec son épouse, un second mariage : un lac inqualifiable, qui représente à lui seul le caractère socio-politico-psychopathologique du régime El Assad, celui d’Hafez El Assad d’abord. On n’en est pas aux Châteaux de Louis II de Bavière, non. Mais nous sommes sur le fil d’une folie au pouvoir, du délire au pouvoir : la famille El Assad au pouvoir, radicalisant le régime autoritaire du parti Baas, a détourné l’Euphrate en apprenti sorcier de l’agriculture, de l’industrie et de l’ordre nouveau, arguant volontiers un nouveau cours de l’Histoire qui commencerait là, avec lui : un lac artificiel créé de toutes pièces par un détournement du fleuve comme un détournement historique au nom d’Hafez El Assad, père du tristement célèbre encore Bachar El Assad.

Ceci est distillé dans le texte, tout de même comme une hantise, mais très sobrement, très finement, quand on pointe la question du point fou : le chef qui se prend pour le chef. Décrivant en quelques traits la structure délirante du discours présidentiel, personnifiant le fleuve lui-même, qui, ainsi délogé de son « lit d’origine », était à « nouvelle école de la vie », symbole de la réécriture de l’Histoire à partir de Hafez El Assad.

Or le lac formé par cette grande opération, finalement, de révision de l’histoire d’une terre et d’une région, est venu littéralement recouvrir tout le monde du narrateur. Les terres portant la trace ou se faisant traces de son histoire. Les gens ont été évacués, à l’époque.

En quelques traits mimant ce qu’aurait dit le dictateur ou en quelques souvenirs de ce régime, où les professeurs devaient répéter sans ironiser sur le ridicule officiel, nous touchons des arcanes essentielles, propres au régime syrien, une version syrienne de la dictature.

Les associations de lecture m’ont permis de poursuivre, en lisant Ziad Majed, Syrie, la révolution orpheline[4], et quelques textes de Rafah Nached, une des rares psychanalyste syrienne, qui tente de constituer la pratique et un mouvement psychanalytique en Syrie. Qui fût arrêtée des mois en 2011[5].

Des lectures qui permettent par le biais socio-politique et psychanalytique de saisir la fonctionnalité d’un régime, la folie d’un homme, puis un lieu de la psychanalyse à partir duquel faire entendre et déjouer, résorber les terreaux engloutis de la guerre :

Ziad Majed : « Par ailleurs, le charisme et la personnification outrancière du pouvoir étaient le moyen de convaincre les gens de ce dont ils devaient être convaincus. En d’autres termes, en s’attribuant des titres qu’il faisait afficher sous ses portraits et ses statues dans tous les recoins de la Syrie, Assad créait des ''vérités'' que tous se devaient de croire. […] »

Le culte d’Assad a été remarquablement analysé par Lisa Wedeen[6]. Elle a montré que l’objectif de cette idolâtrie n’était pas de susciter un élan affectif réel des citoyens envers sa personne, mais de définir la forme et le contenu de l’obéissance civile qui leur est demandée : allant au-delà des armes et des salles de torture,

« le culte d’Assad avait pour but de soumettre les citoyens et de leur imposer de se comporter comme s’ils adoraient le chef. À travers ce culte, le régime [assis sur police politique et néo-récit national] visait à les cerner et à rompre les liens qui les rattachaient les uns aux autres. Et quand bien même ils essayaient de s’opposer à cela, frontalement ou à travers des blagues ou des allusions caricaturales et des sourires ironiques devant les écrans de la télévision officielle, ils ne faisaient qu’affirmer l’empire du culte, car précisément, ils n’y croyaient pas. »

« Je crois que la psychanalyse et la mystique, au sens large du mot, ont une grande place dans l’histoire de l’homme aujourd’hui. La psychanalyse est à l’intérieur de la vie et peut interroger le tourment qui déchire le monde aujourd’hui entre pauvres et riches, faibles et forts, dominés et dominants[7]. »

Dans ce roman, le narrateur se retrouve là, plus ou moins en fin de vie, comme suspendu dans un espace-temps cyclique, où passent les saisons, mais où l’histoire semble s’être arrêtée, se retourner sur soi, chercher l’ombilic, dans une certaine tangence poétique indirecte. Sous sa barque, sous l’eau, se trouve son monde d’origine, le monde de sa jeunesse, toute sa jeunesse jusqu’à ses premières années, premières années, enseignant dans cette école aujourd’hui ensevelie sous les eaux. Là qu’il rencontra son premier amour.

L’amour bouleverse tout ici – c’est la véritable pulsion de vie. À tel point que les arrachements sont ravageurs, à la hauteur d’une histoire de « cœur » : source vitale et battant le rythme du désir de vivre.

Il n’y a pas là de message, mais plutôt tout un premier temps de « dérive » à l’image de cette barque sur l’eau, le soutenant au-dessus du souvenir. Cet homme suspendu à un là où c’était. Lac où c’était ! Pas véritablement, car le "je" à "advenir" avait déjà fonctionné dans sa vie, notamment à travers sa carrière d'écrivain. Alors, peut-être les « pertes », les pertes doivent advenir. Un lac. Comme disent les Anglais un « lack of », « un manque de ». Un « lack of Assad » ? Qu’Assad vienne à manquer pour retrouver ce qu’aurait dû être sa véritable histoire. De quoi Assad est-il le nom ?

Un texte qui s’infiltre comme l’eau fraîche du lac, avec douceur mais si peu transparente, si savante dans ce qu’elle dessine sur la peau comme cartographie et comme Histoire, histoire de torture, de répression, de guerre. Comme souvenirs de la rencontre. En quelques traits, on a accès à quelque chose de cela, l’expérience de ce qui fait les griffes de la dictature, à quoi elle tient, sur quelle contrainte, quelle absurdité, quelle violence.

Et puis comment le destin individuel n’existe pas, comment la vie privée est entravée, pilonnée, constamment, l’État peut y faire effraction, la petite histoire se cache au point aveugle de la Grande, le point aveugle étant justement… l’amour, notamment la « rencontre amoureuse ».

Au cœur de ce théâtre ridicule et macabre, c’est cela qui éclate comme une tempête de joie, le souffle de l’amour, toujours perçu comme l’apparition de l’enchantement, du miracle, du miraculeux : l’amour est éblouissant mais aussi drôle et ingénieux, la dérision ne manque pas, depuis les premiers après-midi à lézarder sur l’herbe ou le sable, à se lire des poèmes, aux dernières réminiscences soudaines et illuminées, d’un moment ou d’un visage. Au bord du fou(tu) de lac, les amoureux on n’y croit pas tout à fait, « même pas mal. »

L’amour est ce qu’il est alors : une source vitale, un ressourcement perpétuel, une éternelle jeunesse.

En quelques traits simples, clairs, profonds, il taille de l’amour un portrait, qui évoque le motif du Visage chez Levinas, comme source de la dimension éthique, peut-être de « l’affect de l’éthique ». La joie de l’être aimé, par-dessus tout.

Il y aurait un autre commentaire à faire sur un texte qui descendra d’une octave, du premier amour, Leïla, au deuxième amour, Sarah, pulvérisant la peur et la douleur des régimes, du premier El Assad au deuxième, du premier au deuxième amour perdu, une descente dans les graves. Une extorsion, les générations Assad l’auront extorqué, d’un bonheur pourtant simple et facile pour lui. Il reviendrait là, pour en reprendre les morceaux, puis les quitter de lui-même.

Mais j’en resterai à l’orée, la rencontre, la surprise, la reprise, le pansement.

C’est la grâce de ce dialogue de regard des êtres aimés tour à tour l’un sur l’autre, presque comme un chant à deux voix qui défile le vivre, et survit transgresse tout. Portant à la fois la réalité, la singularité, la marque d’un monde atteint d’une maladie propre à un régime et ses répliques sanglantes, comment on y tient, comment on y reste, ou reste rivés, de génération en génération, sans atteindre la beauté infinie et la puissance d’un amour.

À nouveau résonne une phrase aux allures quasi mystiques de Dufourmantelle, La puissance de la douceur :

« La douceur a fait un pacte avec la vérité ; elle est une éthique redoutable. Elle ne peut trahir, sauf à être falsifiée. La menace de mort même ne peut la contrer. La douceur est politique. Elle ne plie pas, n’accorde aucun délai aucune excuse. Elle est un verbe : on fait acte de douceur. Elle s’accorde au présent et inquiète toutes les possibilités de l’humain. De l’animalité, elle garde l’instinct, de l’enfance l’énigme, de la prière l’apaisement, de la nature, l’imprévisibilité, de la lumière, la lumière ».

On sort de là bouleversé, à la fois puissant de la douceur et tendu de pied en cap, par la force et le courage de se battre.

Extrait et ouverture

Leïla, première épouse et première époque :

« À l’époque, je n’avais jamais vu autant de force chez quelqu’un. Tu ne reculais devant rien. Un miracle, la liberté n’ayant rien d’un sport national par chez nous.

Ailleurs, elle est sur toutes les bouches, chez nous elle coud les lèvres de ceux qui en parlent car telle fût la devise de nos dirigeants : nous changer en moutons doublés de pauvres ignares, afin de pouvoir nous manipuler à leur guise qu’il pleuve ou qu’il vente. Si bien que lorsque l’homme que j’aimais (toi, idiot, oui !) a dévié de la route des cases du parti, on l’a jeté en prison.

Moi non plus je n’oublie rien.

Quand il en est sorti la lumière avait déserté son regard, il ne parlait pratiquement plus. Il emmenait les enfants au lac. Il les installait sur sa barque.

Ensuite ils pique-niquaient et chassaient les mouettes avec toutes sortes d’armes fabriquées main.

Il s’efforçait de rire

Et eux aussi riaient, ne se doutant pas un seul instant du gouffre que cache parfois le rire d’un père.

De ses envies de se défenestrer.

De sa rage.

Les coups qu’il se donnait pour punir et bannir la violence que la prison avait semée en lui. »

En parallèle de cet étrange serpent de lac, qui vous entoure doucement jusqu’à vous serrer la gorge aux larmes, j’avais lu aussi, De purs hommes, de Mbougar Sarr. Autrement remuée par la différence de ces intensités, d’un côté, lumineuse et douce, de l’autre lumière sombre, histoire souvent plongée en soirée ou dans la nuit, branché sur le cheminement d’un jeune professeur d’université suspendu entre son être littéraire de poésie transi pour vivre et le morne déceptif de la transmission. En soirée, dans la nuit, intensité des corps à corps, qui représente sans que ce soit un thème direct, mais le marquage profond de l’injustice et de la contrainte, de la rébellion intérieure contre la violence sociale, les effets de l’innommable transgénérationnel, la poigne du sexuel et de la mort, le frayage âpre dans un lien social, tramé par une culture très fragilement reprisée – trempée de blessure et de violence de ces états où s’écorchent au sang parfois, un traditionalisme comme l’illusion de la source, corrosion néocoloniale et les élans de leur dépassement, d’un affranchissement. Entre reprise et représailles – à ne plus savoir comment tordre la formule de Lacan, s’en passer pour mieux s’en servir, ou s’en servir pour mieux s’en passer : Mbougar Sarr parvient à restituer cela, au cœur des logiques et cheminements de chacun dans l’appréciation des mœurs, si proche si loin de nos questionnements dans la même langue, qui n’est pas du tout la même, entre le défilé morbide de nos valeurs égrenées comme une litanie, comme si le signifiant « justice », « liberté », « égalité », en était plutôt la vague dépouille, et là, dans cette société-là du Sénégal, les mêmes mots, tout à coup, c’est vital, existentiel, parler ça engage, un sujet incarné, ça risque, ça pulse, ça expose aux représailles, à la haine, ou ça fait battre amour et amitié, au bord de la rupture.

Dans ce texte, c’est la question de l’acte, de la menace, d’un engagement en acte, de la jouissance, les paradoxes de l’indécence de la décence et d’une obscénité, qui sont mis au travail, là où encore, « l’être même », le corps même d’un homosexuel est insupportable, la dépouille même d’un homosexuel déjà enterré est insupportable. Insupportable présence de l’être, projection du monstrueux qui viendrait menacer le nommable dans l’ordre à peine établi, l’ordre de la nature et d’une tradition sans tâche, « pure », sacrée, d’un innommable qui viendrait le trouer, avec lequel il faudrait composer, au nom de l’existence duquel il faudrait perdre un peu de sa fascination, de sa conjuration aveuglante, pour le monde tel que le sacré le présente, et perdre de son pouvoir, cette existence m’enlève l’illusion de la complétude du sens, me convoque subjectivement, angoisse de castration insupportable, qu’il faut éradiquer, mécanismes des génocides.

L’œuvre ici se déroule comme au présent, actuelle et en acte, l’auteur Mbougar Sarr, prix Goncourt pour son roman suivant, Mémoire des hommes, a une manière puissante de restituer quelque chose de la trame de ces mondes où les références sont composition, je le disais si loin si proche, de l’ombre coloniale et de l’affranchissement, « créolisations plus ou moins écorchées » entre pratiques, mœurs, transmission, éducation, valeurs, règles, coutumes, dans un pays où la politique est prise dans les raies et intrications néocoloniales. L’intelligence sensible des positionnements socio-politiques qui saisissent et exposent les corps et l’existence.

Des « (non -) rapports sexuels » aussi : il me semble que ce livre serait à reprendre pour lancer le débat, dans ce qu’il fait apparaître aussi comme rapport homme-femme, comme couple, comme sexualité, le caractère et la liberté que cette femme se prend, et comment lui fait de son indépendance la cause du désir. Quand la femme parle, et « balance » la réalité de ce qui est, cela ne signifie pas forcément une entrée en radicalisme ou en ascétisme anti-séduction ou anti-sexe ni la fin de la sexualité ; comme ça se dit de plus en plus, dénégativement aujourd’hui : « je sais bien les violences faites aux femmes, mais quand même ». Un texte qui permettrait de décaler un peu la conflictualité des postures et commencer à dire et se coltiner ces questions.

Cet ouvrage, fait encore apparaître l’estomac du dire, quand parler bouleverse, acte, quand se battre et débattre se rejoignent, quand la censure est de mise, quand on ne parle pas partout, et que la simulation peut être de mise.

« Or, c’est parler des choses qu’il faudrait, je veux dire de l’intérieur des choses, de cet intérieur inconnu, dangereux, qui ne pardonne aucune imprudence, aucune bêtise, comme un terrain miné… ».

À suivre…

  1. A. Wauters, Mahmoud ou la montée des eaux, Paris, Verdier, 2021.
  2. A. Dufourmantelle, La puissance de la douceur, Paris, Payot, 2013.
  3. A. Dufourmantelle, La puissance de la douceur, Paris, Payot, 2013.
  4. Z. Majed, Syrie, la révolution orpheline, Actes Sud, 2013.
  5. R. Nached, Psychanalyse en Syrie, érès, 2012.
  6. L. Wedeen, Ambiguities of domination, University of Chicago Press, 1999.
  7. Rafah Nached, Psychanalyse en Syrie, op. cit.

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