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Lecture libre et courte du texte de Betty Milan, Pourquoi Lacan[1]

par Frédérique RIEDLIN, juin 2022

« Hélas ! En quelle terre encore ai-je échoué ?
Vais-je trouver des brutes, des sauvages sans justice
ou des hommes hospitaliers craignant les dieux ? »
Homère, Odyssée

Betty Milan écrivain, psychanalyste, fut une analysante de Lacan dans les années soixante-dix, entre 1973 et 1977. Il s’agissait pour elle, lui retourne Lacan au seuil de l’analyse, de « découvrir l’Amérique ».

Dès l’abord elle annonce d’où cela se trame dans l’espace et le temps : « Quarante ans plus tard, j’ai eu envie de revenir sur ce qui s’était passé au 5 rue de Lille, où, entre autres choses, j’avais appris à privilégier le moment opportun ».[2]

En tout cas, nous sommes dans l’après, cela revient plutôt de loin, où quelque chose de la « cause », du Pourquoi Lacan – qui n’est pas une question ici – peut s’écrire avec une grande finesse, et j’y reviendrai, avec une certaine simplicité. Il semble qu’elle dispose désormais de ce travail, pour permettre d’en situer ce qui a causé là, ce qui fait cause, ce qui a causé le désir. N’est-ce pas déjà là une manière de répondre à cette question, avec et dans la poursuite par-delà Freud : c’est quelque chose qui avait été formulée ainsi par J.-R. Freymann[3], la psychanalyse lacanienne, par-delà l’interprétation du désir, vise ce qui cause le désir. « Pourquoi Lacan » - parce que l’a cause du désir ?

Mais ce n’est pas cela qui apparaît au premier plan ici. C’est plutôt le travail rondement mené des associations et du procès de la découverte, comme prise de conscience signifiante de ce qui présidait à.., précipitées par les maniements de séances courtes alliées au « moment opportun », qui se révèle ici dans toute son efficience et parle de Lacan. En ignorant ici peut-être les affres plus laborieuses de l’affaire, ce texte nous permet de repérer distinctement les bascules et comment elles se trament.

Cet ouvrage avec la force d’une simplicité d’expérience – à peine quarante ans ! – attise l’intrigue, et tombait à merveille pour qui comme moi, non seulement tends à constituer une pratique et donc à se repérer dans l’appréhension d’une « position d’analyste », in situ, mais qui travaillais en parallèle à relire l’écrit de Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir »[4]. Car bien des jalons inédits posés par Lacan dans ce texte, se retrouvent illustrés sur le vif, à l’œuvre, dans les éléments rapportés ici par Betty Milan et du même coup d’ailleurs, apparaît toute la cohérence et la rigueur de Lacan dans la théorisation de la pratique. Ainsi, apparaissent en acte, les positions de Lacan sur l’installation de la situation analytique, le supposé savoir et le non savoir, l’être/manque à être (de l’) analyste, l’interprétation, la fin de cure, la tiercéité dans le transfert – de manière centrale ici aussi, donc, les effets et motifs de la séance courte et sa descendance aujourd’hui : il me semble intéressant pour de jeunes analystes praticiens, de lire ces deux textes en regard l’un de l’autre.

Il y aurait là aussi une méta-lecture, celle de ce no man’s land entre deux langues, où l’un s’appuie et se perd dans l’autre, alors qu’elle arrive en France et souffre de ne pas se retrouver en français, et que Lacan fraye dans les motifs culturels en portugais du Brésil, intraduisibles, qu’il ignore. L’occasion de réinterroger les jeux de l’énigme comme « énonciation sans énoncé » chez Lacan, avec la part transférentielle à cet endroit, les jeux de délogement ou d’exil, les jeux mais plus essentiellement encore, si l’on parle de l’héritage lacanien, de cet accent mis non pas sur la manière dont l’analyste doit savoir faire avec son savoir, mais plutôt avec son non savoir, voire comme il le dit dans la Direction de la cure, motif qui sera moins repris par la suite, avec son manque à être plutôt que son être.

Entre « revenir sur » et « faire retour »

Articulés et distingués – il y a ici un « revenir sur », qui m’amène à la question d’un « faire retour ». Véritable thème pour la psychanalyse, le « faire retour », s’entend dans la question et le travail de l’interprétation, mais bien aussi quelque chose de la transmission de la psychanalyse. Des « retours », on nous en demande dans l’institution ; la modalité du « retour d’expérience » a été protocolisée dans les pratiques institutionnelles aujourd’hui sous le terme de « RetEx », par exemple.

Le « retour » est un thème lacanien, presque une méthode-programme : le « Retour à Freud », Le « Retour à Descartes ».

Lacan a porté la question du « retour » à hauteur d’un véritable geste théorique, voire philosophique, un peu, en moins systématique, comme certains ont promu « l’épochè », comme suspension du jugement[5] au rang de méthode philosophique pour accéder à la vérité : il s’agit de faire retour au texte, de lire un auteur, dans un rapport à son désir inconscient, à partir de la découverte freudienne de la part de l’inconscient. « Faire retour » dit faire résonner une authenticité, les points inauguraux et les points d’impossibles, mais aussi les présupposés/préjugés d’une pensée et le rapport entre savoir et vérité. Le « retour » chez Lacan, est la réanimation des « arêtes » d’un texte, c’est-à-dire, toujours chez lui, quelque chose a trait à la notion de « réel » et de sa prise en compte, malgré les difficultés que cela ouvre, disons la castration que cela impose.

Or finalement, tout le texte, voire le parcours analytique ici, peut être lu et travaillé à partir de ce motif d’un impossible retour, comme si l’analyse de Betty Milan se faisait dans sa résistance à s’en retourner au Brésil, vers sa langue, vers sa culture, le temps sans doute, de pouvoir y « faire retour » véritablement, au sens lacanien du terme, puisque c’est là que quelque chose doit re-fonder son histoire. Pas de retour avant de pouvoir « faire retour » et refente subjective et re-nom, dans sa propre langue ayant mis à jour et traversé le fantasme autour du tabou de l’origine et de la honte du nom et des rapports fille/femme/mère ?

Certes, le geste ici tel qu’elle le pose, est plutôt un « revenir sur » ; revenir sur les traces. Elle le dit : les traces, quasi photographiques, sont celles des « moments décisifs ». Il me semble que cela aussi constitue comme dirait Lacan une « arête » du texte : le rapport entre souvenir et levée de refoulement, propre au travail de l’analyse, quand l’un justement, vient faire écran à l’autre.

Temps, mémoire et souvenir :

Autre motif qui fait résonner la psychanalyse et la « voie » lacanienne tout entière : la question des temps. Des temps logiques et des temps de la séance.

Assez vite, elle constate : « Je ne me souviens pas de tout ce qui s’est passé pendant l’analyse. Mais de ce qui a été décisif, je ne l’ai pas oublié, j’ai même conservé de certains faits une mémoire photographique ».[6]

Là aussi faudrait-il en faire un thème ? Comment interpréter ceci que beaucoup d’analysants ayant publié sur leur cure, ou témoigné, relatent de l’insaisissable souvenir de leur cure : il est bien connu que le Petit Hans disait avoir tout oublié. De quel oubli se voit frappé le travail de la cure, qui travaille tellement la mémoire ? G. Pommier évoque cette question dans son retour sur ce même texte de Betty Milan dans un échange avec elle pour les éditions Erès : « une amnésie recouvre le jeu de l’inconscient lui-même [qui se dévoile pourtant] bien que ce jeu transforme le rapport du désir : cela se ressent, mais sans savoir le dire ».  Il propose de considérer sur le modèle d’une amnésie infantile, une amnésie analytique.

En termes de mémoire, cet ouvrage montre bien combien le souvenir vient faire écran : il n’est pas pareil de se souvenir d’une scène que de « lever un refoulement ». Un souvenir se présenterait comme fait établi oublié et ne s’entend pas comme une association, un Einfall : la levée du refoulement n’est pas tout à faire comme on exhume une scène passée, selon les métaphores des débuts de la psychanalyse, mais d’entendre, au sens de conscientiser, réaliser une connexion inouïe et pour cela comme « nouvelle », effet du refoulement du désir, par-delà la logique du sens souvent, entre deux éléments.

Le temps de l’analyse se branche à la fois sur le temps chronologique, le temps de l’histoire de et dans la cure, et sur un temps impraticable par la conscience en réalité, surgissant mais sans cesse nécessairement recouvert.

La consultation – « guérir », dit-elle

« Le Nachtäglich » était aussi le fondement de la pratique du Dr. Il interrompait la séance sans aucune explication, faisant confiance à l’analysant, à sa capacité de découvrir seul la raison de l’interruption. Il incitait l’autre à s’analyser lui-même [..]. D’où la substitution du patient par le mot d’analysant. La position du patient est celle de celui qui attend, celle de l’analysant de celui qui se livre à l’analyste ».[7]

Dans cet ouvrage se dessine cette ligne de fuite à partir d’une demande de soin, d’une plainte, d’une souffrance : sur le divan, il ne s’agit plus de la position du patient mais de celle de l’analysant, au travail dérangé, perplexe. Dérangé est un terme qui signifie la folie, mais il est aussi un terme de Lacan, dans le séminaire XXIV, où il évoque ce qui se reçoit de l’analyste, comme « ce qui dérange les défenses ».

Betty Milan aborde quelque chose de cela d’une autre manière, un peu plus loin dans l’ouvrage, où elle note ceci de la reprise de Lacan à l’authenticité de la passion freudienne : les patients/analysants sont les héros d’une aventure existentielle ; il y a une dimension épique à la psychanalyse. Est esquissé quelque chose de cette trame, passage ou battement, entre le cabinet médical ou le cadre psychothérapeutique où se dépose et soulage la douleur, aux aléas d’un périple révolutionnant et épique ?

Cette dimension de l’épique, tout au moins de l’intrigue, elle prévaut finalement à l’intrigue de séries comme En thérapie[8]. L’humain ne se livre pas tout entier, il s’aveugle et s’évite, il est divisé. Contrairement à cette formule du Priam de l’épopée, L’Illiade : « tout est beau dans ce qui se dévoile ». Ce n’est pas le premier mouvement de l’analysant. Et pourtant c’est bien quelque chose de l’ordre de la « découverte de l’Amérique », comme Lacan le renvoie à Batty Milan, dont l’analysant se met en quête : là où la santé, le vivre, pour l’humain reste aussi une question de l’être et n’être et de lettre.

…Et la rencontre

Je ne l’ai pas mis comme premier point, pour changer.

Mais il y a bien sûr de cela qui transparaît fortement dans ce texte. De la rencontre largement attendue, comme une terre nouvelle. À la fois combien la rencontre est supposée, déjà ouverte par le désir, le périple, l’acte de ce couple de chercheurs qui vient rencontrer Lacan en France. Mais il y a aussi cette manière assez directe qu’à Lacan de signifier ici son désir d’analyste, entre accueillir et cueillir. D'emblée, il fait une offre, de quoi arrimer quelque chose de la demande d'analyse qu'il repère alors.

Betty Milan évoque bien vite la poésie de l’amour, et sourd de façon sous-jacente, une danse genre courtoise. À savoir si c’est elle, une Dame, de Lacan car quelque chose de cet ordre-là s’entend dans la forme de sa politesse, rythmé d’un « Dites-moi, ma chère ». Mais finalement, n’y-a-t-il pas chez elle aussi, donnant encore du « maître » et du « docteur », qui n’évoque pas ici une servilité, mais parfois, c’est peut-être moi qui le dit, cela évoque le « chevalier servant », honorant l’éclat et la beauté du (de la ) geste.

Enfin, sur ce thème, je souhaite transmettre cette référence à un texte drôle, déjà évoqué en formation, qui reprend deux témoignages concernant la rencontre fortuite de Charlie Chaplin et Jean Cocteau sur un paquebot, au cours d’un voyage vers l’Asie. Le drôle est de voir à quel point la tonalité et ainsi le transfert est discordant de l’un à l’autre, apportant au même évènement, une présentation tellement éloignée, que l’on réalise à quel point la rencontre est dans le même mouvement, un ratage de la rencontre. Une lecture très drôle, se trouvant dans l’Anti-manuel de français de Duneton et Pagliano[9]. Je n’en reprends ici qu’un passage, du récit de Cocteau, tant il résonne avec l’effet de métaphore nouvelle produite par la rencontre amoureuse – et ce sur fond du ratage qui n’apparaît pas ici, ne reprenant pas la version de Chaplin « [..] Je touchais un mythe en chair et en os (..) Chaplin, lui, secouait ses boucles blanches, ôtait ses lunettes, les remettait, m’empoignait par les épaules, éclatait de rire, se tournait vers sa compagne, répétait : « Isn’t it marvellous ? Is it not marvellous ? ». Je ne parle pas l’anglais. Chaplin ne parle pas le français. Et nous parlons sans le moindre effort. Que se passe-t-il ? Quelle est cette langue ? C’est la langue vivante, la plus vivante de toutes, qui naît de la volonté de correspondre coûte que coûte, la langue des mimes, la langue des poètes, la langue du cœur. Chaque mot de Chaplin, il le détache, le pose sur la table, sur un socle, se recule, le tourne sous l’angle où il s’éclaire le mieux. Les mots qu’il emploie à mon usage sont faciles à transporter d’une langue à l’autre (..) C’est une bien nouvelle langue que nous parlions, que nous perfectionnâmes, même, et à laquelle nous nous tînmes à la grande surprise de tous »[10].

Sans aller chercher ni se laisser fasciner par la dimension du mythe, la psychanalyse en se situant sur la tranche de la parole entre le manifeste et le latent, permet de n’être pas forcément arrêté par un mot dont on n’a pas le signifié, qui fait à proprement parler énigme ainsi définie par Lacan, et qui sur le fil du transfert résonne parfois, avec l’indicible de l’amour. En tous les cas, la vérité du sens ou du signifié ne doit faire loi, ni limite, et l’énigme du signifié, ne doit pas conduire à faire de tout mot étranger un signifiant ou un mot passe ! Par ailleurs, pourrait se travailler là, la question du rapport et de la référence à l’Autre, à l’illusion d’un Autre de l’Autre, qui se trouve là relativisée. Il n’y a pas d’Autre français plus vrai qu’un Autre portugais qui détiendrait la réponse, et la démultiplication des langues fait alors ici plutôt place à l’équivocité et à l’infinité de l’Autre.

La fin d’analyse

Même la fin d’analyse si difficile à saisir prend ici une consistance, toujours énigmatique.

Dès l’ouverture de son texte, Milan affirme un principe lacanien selon elle, qui viendra faire support à l’acte analytique parfois tranchant, en le faisant résonner avec la formule latine « primum non nocere » : « avant tout, ne pas nuire » ; qu’elle reprend d’un « avant tout ne pas rompre ».

Que fait-on en fin de cure si ce n’est rompre ?... et sinon… Chuter ? Se défaire ? Lâcher, perdre ?

Ce qui apparaît c’est l’âpreté de ce démêlé de fin de cure : qui s’accroche de trop ? Elle ou lui ? Car il semble qu’il y ait une dimension de « trop ». Entre le geste lacanien qui fit entrer dans l’analyse avec un tel panache : celui du ne pas rompre du côté de Lacan, poussé jusqu’à la perplexité – que fait-on de ce « ne pas rompre » ? Doit-il chuter comme une dépouille, une forme de matrice ou de placenta ? Quelle fin pourrait bien trouver un « ce qu’il y encore à dire », qui tourne en rond pour finir, en effet ?

Et elle de même. À quand le retour au pays natal pour que tout cet exil prenne éventuellement le sens d’une refondation par la traduction notamment, par le processus secondaire ravivé dans sa propre langue, « augmentée » de la langue d’un autre, d’un Autre ? Qu’est-ce qui m’y tient encore au 5 rue de Lille ? Est-ce pour lui ou pour elle ? Finalement on s’arrête là sur une passe, ce dont elle peut rendre compte d’un acte analytique qu’elle évoque avec Lacan en analyse de contrôle.

Mais la fin se fait sentir, dans la défaite, comme le vin vire au vinaigre, une défection de la trouvaille, et l’introduction d’un absurde qui vient prendre le pas sur l’interprétation surprise, le supposé savoir perd de sa superbe et sans doute Lacan, poursuit ce processus là et le laisse se faire. Un point de solitude et à un moment : « cette fois je m’en vais » ; plus tard « c’était quoi tout cela finalement ». Sans doute faut-il aussi que ce soit une fin non signifiante, non interprétée d’emblée, un épuisement à cet endroit, désir reversé ailleurs pour elle. Ou qu’il y ait une fin actée, puis comme une turbine tout juste arrêtée qui continue la lancée de son mouvement jusqu’à l’épuisement mécanique de lui-même.

« Ils m’ont appelé l’obscur et j’habitais l’éclat »

Ceci est un vers d’un poème de Saint-John Perse cité en exergue, si magnifiquement trouvé par Betty Milan, pour symboliser ce texte, mis à l’origine en épitaphe à son texte au moment de la mort de Lacan, et ce qui est mis là en abîme : un coup d’éclat sur l’abord lacanien comme coup d’éclat dans l’histoire de la psychanalyse. Éclat de « vers ». On tire par les cheveux mais tout de même, la dimension poétique est vitale : la psychanalyse lacanienne en météore assez imparable qui troue, ouvre une brèche dans la pensée, dans la séance, dans l’histoire de la psychanalyse, « dérangeant les défenses » , donc – brèche du « réel », du petit « a », de la division subjective, qui signifie peut-être le manque pour les plus angoissés, mais aussi la possibilité pour beaucoup, de changer, de s’éprendre, de se décider un peu.

Certes, en lisant cela on peut se dire : c’est du luxe ; du Brésil à la France, possibilité d’un espace suspendu, des select séminaires parisiens, au Cabinet de curiosité de Lacan – quelque chose que le social exsangue et fonctionnel aujourd’hui ne pourrait plus se permettre ? Coupures abruptes de l’Autre qui n’embarquerait plus personne ? Qui et comment se supporte aujourd’hui le rapport à l’énigme de sa souffrance, énonciation sans énoncé ? Pourtant, nous ne sommes pas sans subir et obéir à des injonctions dans l’état d’urgence guerrier et sanitaire, d’urgence sociale aussi. C’est plutôt une forme de fermeture de la pensée aux effets, quoi, de perte ?, de la parole, ce thème revient dans les échanges au sein de la Fedepsy.

Dans ce sens, ce livre nous permet de saisir quelques extraits de l’acte analytique dans son plus simple appareil, sobre et génial. Depuis le 5 rue de Lille ou une policlinique, il reste que pour beaucoup, cette brèche dans le béton de la langue, des discours, d’une communication performative, est parfois la seule ouverture permettant de se ressaisir pour soi, s’entendre et se repérer, se reconnaître, avoir en-vie, se tenir en-vie, soutenir l’en-vie.

Quelles sont les conditions d’ouverture à l’acte analytique aujourd’hui ? Ce texte, outre de restituer l’intrigue de la psychanalyse, permet de saisir autrement la question de l’invariant et du contextuel - la question d’époque, pour la formation des analystes. Quelque chose qui est élaboré en ce moment autour du séminaire du mardi au sein de la Fedepsy et qui met au travail l’actuel rapport à la parole et des remaniements de la praxis psychanalytique à mettre en œuvre, voire instituer ? Au niveau du pré-analytique, J.-R. Freymann en parlait comme préliminaires aux préliminaires, d’ouvrir déjà à l’ « effet de parole », avant tout effet possible d’interprétation. Et même, de se prendre pour objet et auteur de sa propre histoire, une re-nomination qui ne se réduise pas à un fantasme d’autodétermination de son être.

  1. B. Milan, Pourquoi Lacan, Editions Erès, Toulouse, 2021.
  2. B. Milan, Pourquoi Lacan, Editions Erès, Toulouse, 2021. p. 9.
  3. Séminaire qui travaillait alors l’effet de coupure entre psychanalyse freudienne et psychanalyse lacanienne : « il y a une sorte de retournement important. Chez Freud, il s’agit de soutenir la question du désir, chez Lacan, il s’agit d’aller au-delà de la question du désir, de partir en quête de ce qui cause le désir tout en sachant qu’en aucun cas il y a quelque chose qui le cause ».

    Inconscient – Répétition – Regard -Transfert, Séminaire du lundi 2013-2014 à partir de Lacan, Séminaire Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux, 1964.

  4. J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir » (1958), Écrits, Paris, Le Seuil, 1966.
  5. Reprise d’un motif de la philosophie grecque antique, au fondement de la phénoménologie de Husserl, puis Merleau-Ponty notamment.
  6. B. Milan, Pourquoi Lacan, Editions Erès, Toulouse, 2021, p. 17.
  7. B. Milan, Pourquoi Lacan, Editions Erès, Toulouse, 2021, p. 13.
  8. Série En thérapie, créée par É. Toledano et O.Nakache, première diffusion en 2021, Arte.
  9. C. Duneton, J.-P. Pagliano, Anti-manuel de français, Seuil, Paris, 1978.
  10. C. Duneton, J.-P. Pagliano, Anti-manuel de français, Seuil, Paris, 1978, p. 168-169.

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