Pour présenter cette séance du séminaire, j’ai à chaque fois pris appui sur deux traductions additionnelles à celle figurant dans le texte de la séance : celle à laquelle Lacan fait référence, à savoir celle de Robert Pignarre, sous une forme révisée et présentée par Charles Guittard. Mais également celle de Mayotte et Jean Bollack. L’étude de la pièce par ce dernier, travail d’une érudition toute particulière, fut pour moi un éclairage précieux.
La position d’Antigone : La séance du séminaire de Lacan s’ouvre in media res en quelque sorte, à propos de la position d’Antigone vis-à-vis de la vie.
Ce n’est pas parce que la très classique triade de la névrose, de la perversion et de la psychose a émergé au sein de la psychiatrie qu’elle doit être récusée. Certes, la collusion d’une certaine classification avec l’idéologie marchande disqualifie quelque peu cette discipline qui autorise l’atomisation de la nosographie et donne sa caution à une dé- civilisation qui arrache les racines, dénie le sens, évacue la parole et prétend que tout commence avec le cerveau.
Cette triade est pourtant liée à une structure que la psychanalyse ne cesse d’explorer. Les trois sortes d’adhésions que sont la croyance, la conviction et la certitude, les trois transferts de la demande à l’analyste, du défi à son égard, de son inclusion dans un délire, les trois sujets, celui que porte un signifiant pour un autre, celui qui procède du clivage du moi, celui qui est en retrait du monde, les trois pertes dont témoignent le refoulement, le déni et la forclusion, se réfèrent tous, me semble-t-il, et de diverses façons, aux trois registres fondamentaux de la psyché dégagés par Lacan : l’imaginaire, le réel et le symbolique. Les accidents dans leur nouage ont la particularité d’être « nosographiables ».