La Lettre #7 – Avril 2022

Sommaire
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Trouver un fil ?
par Cyrielle WEISGERBER
Prélude -
Comment éviter la guerre ? Une histoire de tiers
par Jean-Richard FREYMANN
Éditorial -
Éros ou Thanatos?
par Martin ROTH
Éditorial -
Madame Bovary et les émoticônes ?
par Cyrielle WEISGERBER
Billet d'où ? -
À partir de « la Direction de la cure et les principes de son pouvoir »
par Frédérique RIEDLIN
Échos des séminaires -
Adèle et le fantassin et Lettre ouverte à Ludmilla Skydra
par Spyros TSOVILIS
Associations libres -
Présentation de son livre « Les hommes, leurs amours et leurs sexualités »
par Patrick DE NEUTER
Entrelacs
Trouver un fil ?
par Cyrielle WEISGERBER
avril 2022
À la veille de boucler la Lettre d’avril, des textes imprévus pleuvent dans ma boîte mail. J’en suis ravie, mais devant l’éclectisme des styles, me demande : quel serait le fil directeur de ce numéro ? Dans un premier temps il se dessinait mythologique, avec :
- l’éditorial de Martin Roth : Eros, Thanatos, Oedipe et Icare : entre dualité pulsionnelle, malaise dans la civilisation (la guerre…) et variantes mythiques du destin humain
- un article de Frédérique Riedlin à propos du texte de Lacan, La direction de la cure et les principes de son pouvoir, texte de référence au point de courir le risque de prendre la poussière comme les recueils de mythes oubliés : Frédérique le dépoussière pour nous
- et la présentation par Patrick De Neuter de son livre “Les hommes, leurs amours et leurs sexualités”, abordée sous l’angle mythologique de l’enlèvement d’Europe par Zeus
Puis arrivent les « imprévus » :
Comment éviter la guerre ? Une histoire de tiers
par Jean-Richard FREYMANN
avril 2022
Malgré la guerre (!), il faut nous pencher sur les questions de racisme et d’antisémitisme[1]. Je vois en effet que la guerre est un délire et pas seulement d’un seul[2] !
Nous, les enfants de « l’après-guerre », nous sommes confrontés à la guerre tout court… inside.
De plus les distances se rapprochent, la guerre est à nos portes européennes et on ne peut pas l’oublier. Plus facile de refouler ce qui se passe en Afrique, en Asie, voire en Chine où l’on ne se prive pas d’asservir jusqu’à des peuples entiers. Et que vient faire le psychanalyste de ces cascades de remaniement des signifiants et des signifiés ?
Éros ou Thanatos?
par Martin ROTH
avril 2022
Rappelez vous la lyrique et émouvante fin du texte « Malaise dans la civilisation » : « il leur (aux hommes) est facile de s’exterminer les uns les autres jusqu’au dernier. Ils le savent, d’où une bonne part de leur inquiétude actuelle, de leur malheur, de leur angoisse. Il faut dès lors espérer que l’autre des deux puissances célestes, l’éros éternel, fera un effort pour l’emporter dans un combat contre son non moins immortel adversaire. Mais qui peut prédire le succès et l’issue ? »
Le qualificatif d’éternel nous situerait-il dans le mythe de l’éternel retour ? Condamnés à la dualité pulsionnelle et à ses avatars!
Si Éros est ouverture vers l’altérité, Thanatos vise l’extinction de celle-ci. L’altérité c’est l’autre, l’étranger, celui qui me rappelle que je ne suis pas seul, que je ne suis pas le seul.
Madame Bovary et les émoticônes ?
par Cyrielle WEISGERBER
avril 2022
Nous essayons de saisir avec des mots, avec de la pensée, l’épaisseur – opaque boueuse gluante explosive lumineuse parfois – de ce que nous vivons. Nous alignons quelques mots : voici ce que j’ai vécu, voici ce que je vis.
Autant essayer de traduire Madame Bovary (version intégrale) en une série d’émoticônes.
Je me penche au bord des mots – sous mes pieds à l’intérieur de moi des abîmes d’épaisseur – vertige.
Comment parvenez-vous à rester arrimé-e aux mots ? À continuer à les aligner, à construire des discours, jusqu’à des « explications » de tout, et de l’humain, et de la vie, et de la parole ? Comment ? Que faites-vous des abîmes sans fond de l’épaisseur du vivant ?
À partir de « la Direction de la cure et les principes de son pouvoir »
par Frédérique RIEDLIN
avril 2022
« Nous entendons montrer en quoi l’impuissance à soutenir authentiquement une « praxis », se rabat comme il est en l’histoire des hommes communs, sur l’exercice d’un pouvoir »
J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », 1958
À me proposer ainsi de relire un classique de Lacan – si l’on peut véritablement qualifier un texte de Lacan de « classique » – Jean-Richard Freymann, me permet entre plusieurs point d’entrées possibles ici, de tenter d’inscrire une lecture dans deux problématiques au travail dans les échanges et élaboration au sein de la Fedepsy et de l’Ecole psychanalytique de Strasbourg actuellement : celle de l’élaboration des paramètres de la consultation médicale, de manière générale et plus large, et celle plus spécifique à la pratique, d’élaborer un peu comment se décline l’ « être psychanalyste aujourd’hui », en rapport à une nouvelle génération d’analystes. Dans le même mouvement d’actualisation, en fond – à la place du mort du bridge, dont nous allons parler ici, se tient l’énigme des fins d’analyse, là où pour la psychanalyse depuis les premières divergences sur la fin de l’analyse, entre Freud et Ferenczi, finalité et terminaison sont liées, déterminent et étayent le désir de l’analyste.
Adèle et le fantassin et Lettre ouverte à Ludmilla Skydra
par Spyros TSOVILIS
avril 2022
Adèle et le fantassin
Au carrefour du Général Jacques Pâris de Bollardière,
sommeille encore ce matin mon fantassin,
Sur les bouches d’aération du labyrinthe de fer
où il repose
ses os mouillés
par la rosée de l’aube
ses haillons fumants préparent
à petit feu
une bouillie neuve.
Il recevra bientôt c’est l’usage
les hommages des habitants qui ont du cœur
cachet du quartier
de l’eau
et quelques victuailles.
Présentation de son livre « Les hommes, leurs amours et leurs sexualités »
par Patrick DE NEUTER
avril 2022
D’aucuns, d’aucunes se demanderont peut-être pourquoi j’ai souhaité qu’une reproduction de l’enlèvement d’Europe par Zeus déguisé en Taureau figure en couverture d’un livre consacré aux hommes d’aujourd’hui, à leurs amours, leurs fantasmes et à leurs sexualités.
C’est que le point de départ de cet ouvrage fut une question qui m’a été posée par des chercheuses et des chercheurs, un groupe pluridisciplinaire, qui se réunissait annuellement dans un colloque consacré à ce mythe dans ses diverses occurrences artistiques au cours des siècles.