La Lettre #4 – Janvier 2022

Sommaire
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Pardonnez-moi les amis… j’hésite et je rêve de ne pas comprendre.
par Jean-Richard FREYMANN
Éditorial -
Billet d’où ?
par Cyrielle WEISGERBER
Billet d'où ? -
Textes en dialogue : Propositions actuelles et inactuelles à l’orée de 2022…
par Martin ROTH, Valérie RITZENTHALER, Vincent STUTZ, Cyrielle WEISGERBER
Entre divan et théories -
« Quoi ma Demande, qu’est-ce qu’elle a ma Demande ? »
par Frédérique RIEDLIN
Entre divan et théories
Pardonnez-moi les amis… j’hésite et je rêve de ne pas comprendre.
par Jean-Richard FREYMANN
janvier 2022
Est-ce que cela vaut vraiment la peine que je me mette à écrire des éditoriaux ou quelques livres destinés à des salons du livre ou à des amis collègues qui souvent ne sont en rien objectifs ?
Je suis obsédé à ce sujet par Morvan Lebesque[1] où, chaque semaine, j’attendais la nouvelle édition du journal satirique « Le canard enchaîné ». Il va falloir que je m’y remette.
J’étais en vacances dans le sud avec mes parents… 15 ans à l’époque… et mon paternel avait reconnu Robert Treno[2], le directeur de la publication du Canard enchaîné. Je lisais « Les chroniques du Canard Enchaîné »[3] de Morvan Lebesque et dans ma candeur (de l’époque) je voulais obtenir un autographe dudit Treno, sur le livre de Lebesque. Treno repousse cette proposition en me disant : « j’aurais bien aimé, mais c’est impossible »… Pas de falsification… Eh oui on ne mélange pas « les torchons et les serviettes » ou « je ne le mérite pas » ou « comment confondre « une énonciation avec l’autre ».
Pour moi ce serait plutôt comment parvenir à un Panthéon des Écrivains ? J’en ai tout autant pour Arthur Rimbaud, Franz Kafka, Serge Leclaire et à certaines tranches de Jacques Lacan et de Lucien Israël. Je m’arrête là pour aujourd’hui. Et je vois que Cyrielle, Martin, Guillaume s’en approchent. Comment rêver d’une écriture qui persiste ? Mais de quoi s’agit-il ? Et quel rapport avec le champ analytique ?
Billet d’où ?
par Cyrielle WEISGERBER
janvier 2022
D’accord, d’accord, je ne le nierai pas : dans mon titre s’entend l’envie de vous écrire un billet doux. Eh oui, un peu de douceur, que diable, dans ce monde de brutes !
Ou plutôt, à vrai dire, un peu de parole subjective, par pitié, dans ce monde de perroquets hypnotisés…
D’où ça parle ? d’où ça parle, pour faire entendre un peu le sujet ?
Ça parle, aujourd’hui ça parle trop, tout parle, à tort et à travers et sans sujet. Vos applications vous parlent : elles vous racontent votre vie, elles vous racontent qui vous êtes. L’application GPS retrace vos trajets et les présente sous forme de roman photo agrémenté des images de quelques « lieux phares » – où, Covid oblige, vous retrouvez davantage vos lieux de travail que vos lieux de vacances, sur la carte trois points entre lesquels vous tournez en rond, triangle des Bermudes ?
Textes en dialogue : Propositions actuelles et inactuelles à l’orée de 2022…
par Martin ROTH, Valérie RITZENTHALER, Vincent STUTZ, Cyrielle WEISGERBER
janvier 2022
Un auteur propose un texte à quelques amis, collègues, qui à leur tour écrivent leurs commentaires, questions, réactions.
Il revient à Martin Roth, inventeur de ce format, de l’inaugurer : il choisit une thématique cruciale : qu’en est-il de la psychanalyse aujourd’hui ? Il repère quelques unes des difficultés actuelles mais à ne pas s’arrêter à leurs formes manifestes, ouvre des pistes techniques et éthiques vers des pratiques actuelles ou « actualisées ».
Puis quelques autres lui donnent la réplique, et nous voici en pleine discussion !
Martin Roth :
La psychanalyse résiste au cafouillis social actuel! Dieu est mort, Marx est mort, et la croyance populaire en la science bat de l’aile. On ne sait plus à quel Saint se fier ! La psychanalyse, elle, est souvent décriée, elle est parfois bannie, elle gêne toujours. Et pourtant, elle a de l’avenir. Bon, vous me direz que la tendance indique plutôt tout le contraire. Certes, et c’est précisément ce qui fait de l’approche analytique une ressource ayant de l’avenir. L’atmosphère est saturée, les perspectives sont présentées comme soit bouchées, soit incertaines. Dans les deux cas, l’étau de l’angoisse oppresse le sujet. La perte de sens envahit les esprits, la dépression guette.
Mais le sujet persiste, et le psychanalyste lui tend la perche. Dans le cafouillis ambiant la psychanalyse permet d’exister. Encore faudrait-il que l’analyste sorte parfois de son fauteuil. La demande ne se jette pas toujours sur son divan.
« Quoi ma Demande, qu’est-ce qu’elle a ma Demande ? »
par Frédérique RIEDLIN
janvier 2022
Echos et prolongements au texte de Martin Roth, « propositions actuelles et inactuelles à l’orée de 2022 »
« Faire écho », donc et plutôt « faire court », aussi. Un « court écho » n’est pas une mince affaire…
Echos
Mais allons-y. Ne serait-ce que pour faire résonner d’emblée cette première formulation « la demande est la partie dicible de la métamorphose d’un désir empêché ». Pas mal, non ? La faire ressortir pour la prolonger et avec elle, ce trait d’un « bien dire », qui soutient le texte de Martin et cette contribution à la transmission de l’expérience analytique, son frayage dans un contexte actuel parfois hostile, souvent encombré, ou comme il le dit, annoncé bouché, fini, incertain. A ce titre, il témoigne là d’une forme de tranquillité sur le devenir de l’analyse en tous les cas, « tant qu’il y aura des analystes » et sans rien perdre de lâcher sur la parure classique de la névrose et de la demande : tant qu’il y aura des analystes en mouvement, capables peut-être de s’assurer à l’inaliénable et au propre de leur champ et de leur objet pour supporter le deuil d’un âge d’or révolu, la nouvelle donne de la transmission, pour se cogner aussi parfois, certains règlements de compte, dévoiements, certains désirs d’effacement ou d’éradication de la psychanalyse dans l’air et les miasmes du temps.