La Lettre #14 – Décembre 2022

Sommaire
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« Désirons... le manque »
par Jean-Richard FREYMANN
Éditorial -
Une invitation…
par Liliane GOLDSZTAUB
Non classé -
Appartenir ou tenir à part ?
par Martin ROTH
Éditorial -
Rébellion.
par Cyrielle WEISGERBER
Billet d'où ?
« Désirons... le manque »
par Jean-Richard FREYMANN
1er décembre 2022
« Frères humains qui après nous vivez,
n’ayez pas les cœurs, contre nous endurcis. »
La Balade des pendus, François Villon
Préambule
Bonne affirmation ou belle interrogation : comment les nouvelles générations vont-elles hériter de notre monde – qui peut le savoir ?
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle génération reproche aux plus âgés l’état de ce monde. Il faut dire que la coupe est pleine de ce méli-mélo, outre les totalitarismes et la barbarie. Aussi le monde peut s’embraser comme un torchis, et nous pouvons nous retrouver dans une vie oubliée, comme ces civilisations dont on cherche le nom, encore. Et pas moins que de retourner à l’ère quaternaire.
Et pourtant, le monde des bombes atomiques permet de nous effacer en quelques instants.
Et qu’en est-il sur le plan du « particulier » et, encore au-delà, de la place du « singulier » dans le champ analytique ? Au niveau individuel, on peut être déçu par l’attitude de bien des collègues qui se battent pour exister comme psychanalystes mais à partir d’une conflictualité dépassée. Dans le genre « c’est Moi le Vrai ». Comme le disait Jean-Pierre Bauer[1] : « Le compromis n’est pas la compromission. » Ils feraient mieux de s’occuper davantage de la transmission, si épineuse dans notre champ.
Une invitation…
par Liliane GOLDSZTAUB
13 décembre 2022
Appartenir ou tenir à part ?
par Martin ROTH
13 décembre 2022
Nous approchons de la féérie de Noël et de ses addictions multiples. De ses chants et de ses désenchantements. Nous n’aborderons pas la consommation « capitaliste », ni les cadeaux à thème et à 5 euros, pas plus que les beuveries festives. Nous aborderons l’addiction, la vraie : l’addiction familiale ! Voilà un symptôme tenace…
Addicere : être dit à… Si vous contractiez une dette au temps des Romains et que vous ne pouviez pas la payer, vous vous retrouviez désigné comme dit à votre créancier. Vous deveniez pendant un temps son esclave par contrainte de corps. On retrouve dans cette notion tous les ingrédients d’une bonne aliénation : parole contractualisant une dépendance, don du corps à l’autre, dette envers cet autre. Être dit à est proche de s’abandonner à ou s’adonner à. Dans la première formule l’Autre initie l’aliénation, dans les deux suivantes, l’individu les reprend à son compte et s’y soumet. « Ce que tu hérites de tes pères, acquiers-le » écrivait Goethe, « mais pour mieux t’en séparer » ajoutait-il !
Rébellion.
par Cyrielle WEISGERBER
13 décembre 2022
La psychanalyse peut être une forme de rébellion.
La psychanalyse telle que je la pense, telle que j’essaie de la pratiquer, est une forme de rébellion.
Il faut de la rébellion, elle est vitale. Il faut une force tendue, constante, pour permettre qu’une certaine part de l’humain s’exprime – la part de l’ouverture, de la rencontre, de la créativité, de la joie – et ne soit pas écrasée par une autre part de l’humain – les mécanismes dont les moteurs sont quête des pouvoirs, jouissances aveugles, peurs…
Peurs.
Le pessimisme est criminel. Les discours ambiants actuels sont criminels. La soupe servie est sombre, de la bile noire en boîte façon concentré de tomate. Rassurons-nous, il y a toujours moyen d’y échapper : l’hypnose béate et idiote est omniprésente, à portée de clic et de scroll : regardez, le chaton mignon entre les pattes de l’énorme chien – qui n’en ferait qu’une bouchée, mais il semblerait que pour lors il n’a pas faim –, regardez, ma dernière story avant/après mon rendez-vous chez le coiffeur !.. Merveilleux, non ?… Une nouvelle coupe et j’oublie guerre, pénurie d’essence, coupures d’électricité, rien ne m’inquiète plus !