Éphéméride 11

Sommaire
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Le confinement crée-t-il un nouvel autisme ?
par Jean-Richard FREYMANN
Éditorial -
Humœurs
par Hervé Gisie
Éditorial -
Notes sur la psychanalyse, sur l'écriture. Journal de navigation en eaux troubles
par Cyrielle Weisgerber
Billet d'où ? -
Cabinet de lecture !
par Frédérique Riedlin
NOUVEAU CABINET DE LECTURE -
Jacques Lacan, La direction de la cure et les principes de son pouvoir (Rapport du colloque de Royaumont)
par Claude Ottmann
NOUVEAU CABINET DE LECTURE -
Penser la Vienne de Freud et le geste de Freud avec Stefan Zweig. Une lecture du Monde d'hier
par Dimitri Lorrain
NOUVEAU CABINET DE LECTURE -
Sur l'interprétation – Une lecture de Delphine Horvilleur, Le rabbin et le psychanalyste
par Dimitri Lorrain
NOUVEAU CABINET DE LECTURE -
Les fourberies de la raison
par Jean-Louis Doucet-Carrière
HOMMAGE A MOUSTAPHA SAFOUAN -
Le masque, la muselière et le voile
par Matthieu Dollfus
TEMOIGNAGES DE DECONFINEMENT - RECONFINEMENT -
Confinement, quand tu nous tiens !
par Alix Enriquez
TEMOIGNAGES DE DECONFINEMENT - RECONFINEMENT -
Les trois frères et leur descendance
par Thierry Vincent
ECHAPPEES ARTISTIQUES -
Amours adolescentes
par Marie-Noëlle Wucher
ECHAPPEES ARTISTIQUES
Le confinement crée-t-il un nouvel autisme ?
par Jean-Richard FREYMANN
19 Novembre 2020
Le confinement confine le psychisme !
Il suffit qu’un groupe soit constitué pour que la paranoïa trouve des racines, ça manque de trous, comme dirait le gruyère !
La respiration est saccadée, les idées sont fixes ; il suffit que l’autre ne porte pas son masque sur les deux narines pour que se déchaîne « l’adversaire ». Le « Je » et le « Tu » manquent de « Il ».
D’un côté on manque de « Il », de l’autre côté, chacun fait appel à de l’autre ! Insupportable est aussi des scientifiques qui doutent.
Du coup la parole vient à prendre une portée de granit.
Vous aurez reconnu la force d’un Surmoi verbal qui nous ferme « le Verbe ».
Et pourtant l’expérience de l’analyste – que j’essaie d’être – ne trouve pas que de la « psychorigidité ».
Humœurs
par Hervé Gisie
19 Novembre 2020
Depuis 8 mois, la pandémie du Covid-19 écrase à peu près tout et nous devons maintenant faire face à une deuxième vague et à un second confinement. De dimension planétaire, impossible d’y échapper, impossible de la contourner même en changeant de continent…
Alors que des techno-prophètes (le terme est d’Etienne Klein, physicien, enseignant de philosophie des sciences) annonçaient notre imminente libération des soucis liés à la matérialité de notre corps grâce aux nouvelles technologies, le coronavirus est venu brusquement nous rappeler notre finitude et notre condition de mortel.
Notes sur la psychanalyse, sur l'écriture. Journal de navigation en eaux troubles
par Cyrielle Weisgerber
19 Novembre 2020
Octobre 2020 Préambule
J’écris un journal.
Parfois aux éléments personnels se mêlent des réflexions sur la pratique, sur la psychanalyse. Réflexions un peu décousues, sous forme de notes, sans le formatage de l’article de psychanalyse. Je préfère cette forme-là, décousue, à la croisée du personnel et du « professionnel », à la croisée de l’analyse personnelle, didactique et de contrôle. Cette forme-là est celle qui (me) parle le plus. D’une façon (trop) peu théorisée ?
Cela tombe bien, je pense précisément que le discours d’un analyste ne consiste pas à faire des théories, mais à les défaire. C’est-à-dire qu’il ne s’agirait pas de travailler sans théorie, cela n’aurait pas de sens, mais de travailler avec les théories et de travailler les théories elles-mêmes de manière à les « traverser » plutôt que d’être fasciné par elles.
Je vous livre donc des notes de mon journal, et les intitule « Journal de navigation ».
Cabinet de lecture !
par Frédérique Riedlin
19 Novembre 2020
Le terme « cabinet » vient du mot cabine (1491), et désigne en premier lieu, une chambre retirée dépendant d’une plus grande.
Quelque chose comme une petite pièce à part, abri, refuge, lieu d’étude.
D’abord cela. Après quoi l’Histoire ira bon train, avec les cabinets de travail et d’études, le cabinet de lecture, le cabinet noir espion pour le gouvernement, mais au départ une pièce sans fenêtre et sans lumière, où l’on enfermait les enfants pour les punir, les cabinets d’aisances ou de toilettes, le cabinet médical, le cabinet de curiosités prélevant des objets incongrus et inclassables, produits par l’improbable fabrique de la nature et de la culture.
Cabinet particulier, réservé, intime, il y a là cette idée de retrait, préservé, de s’extraire du rythme, du regard public, des « lieux communs », aussi.
Jacques Lacan, La direction de la cure et les principes de son pouvoir (Rapport du colloque de Royaumont)
par Claude Ottmann
19 Novembre 2020
Le premier rapport du colloque international de Royaumont sur « La direction de la cure et les principes de son pouvoir » publié dans La psychanalyse (vol 6, p 169) en 1961, puis dans les Ecrits en 1966, traite les questions suivantes :
- Qui analyse aujourd’hui ?
- Quelle est la place de l’interprétation ?
- Où en est-on avec le transfert ?
- Comment agir avec son être ? et se conclut par
- Il faut prendre le désir à la lettre
Lacan y dénonce les dérives et innovations malheureuses post-freudiennes et préconise un retour à Freud pour, de là, avancer selon ses propres innovations (notamment le rôle du signifiant) en confortant et généralisant la découverte freudienne sans la dévoyer. Nous proposons ici une lecture du second chapitre.
Penser la Vienne de Freud et le geste de Freud avec Stefan Zweig. Une lecture du Monde d'hier
par Dimitri Lorrain
19 Novembre 2020
Texte rédigé à partir du séminaire FEDEPSY du 6.10.20, « Freud à son époque et aujourd’hui », animé par Dimitri Lorrain et Yves Dechristé.
J’aimerais vous parler du Monde d’hier de Stefan Zweig, plus précisément de trois chapitres de cet ouvrage : la « Préface », « Le monde de la sécurité » et « Universitas vitae ». Je me concentrerai donc sur le début de cet ouvrage. Pour travailler sur le contexte culturel de l’œuvre de Freud et sur le geste de Freud dans ce contexte, Le Monde d’hier est à ma connaissance une excellente présentation. Mon propos prendra la forme d’une sorte de zig- zag entre des réflexions psychanalytiques, culturelles, mais aussi sur la littérature.
Sur l'interprétation – Une lecture de Delphine Horvilleur, Le rabbin et le psychanalyste
par Dimitri Lorrain
19 Novembre 2020
Dans son dernier ouvrage, Delphine Horvilleur, rabbin Mouvement juif libéral de France et directrice de la rédaction de la Revue de pensée(s) juive(s) Tenou’a2, interroge la relation entre l’interprétation juive et l’interprétation psychanalytique. La lecture de ce livre est fort féconde pour le psychanalyste parce qu’il rappelle et élabore des questions absolument fondamentales pour notre champ.
J’aimerais ici vous proposer quelques associations sur cette réflexion passionnante – et pleine d’esprit. Plus encore, je vais vous proposer une présentation de son propos, déployée dans une élaboration – et donc une interprétation – personnelle.
Les fourberies de la raison
par Jean-Louis Doucet-Carrière
19 Novembre 2020
« Rien n’est plus fort qu’une opinion que l’on a subie, qu’on a voulu nous imposer, que nous avons déchirée et rejetée et à laquelle nous revenons enfin par la contrainte de notre pensée, des événements et des expériences, et non plus sous la figure de quelqu’un, et avec un son de voix qui nous irrite. Nous croyons à nous-même. »
Paul Valéry1
Dans son texte « L’avenir d’une illusion » Freud nous assène cette formule : « Il n’y a pas d’instance au-dessus de la raison. »
On sait que Goya quant à lui soutenait que « le sommeil de la raison engendre des monstres ».
Quelle est donc cette raison qui, pour ces deux génies, représenterait ce qu’il y a de plus élevé et de plus fondamental chez le vivant humain. C’est donc, si je puis dire, une bonne raison de préciser ce que l’on entend derrière ce qui se dit lorsqu’on parle de raison !
Le masque, la muselière et le voile
par Matthieu Dollfus
19 Novembre 2020
Sophocle écrit Œdipe dix ans après la peste d’Athènes. Son héros naît après une épidémie et va au-devant de sa tragédie sans savoir de quoi il retourne pour lui. Les oracles auront beau avoir annoncé quoi que ce soit, il ne peut comprendre quelque chose que dans l’après-coup, lorsqu’il a traversé les épreuves de sa destinée. C’est dans l’après-coup de sa rencontre avec son père et sa mère, selon son heure, qu’il réalise l’horreur et adhère à sa malédiction, au point de s’aveugler.
Shakespeare écrit Hamlet également dans un contexte de déliquescence d’un royaume. Son héros va au-devant de sa tragédie en sachant dès le départ de quoi elle est faite. Il rencontre le spectre de son père dont il apprend, dans le même temps, qu’il est mort, qui l’a tué et ce qu’il doit faire pour laver ce crime. Hamlet s’avance vers l’accomplissement de la vengeance qu’il doit relever en reculant, toujours en décalage avec son heure. C’est l’heure des autres et des événements qui le feront basculer in extremis dans l’acte qu’il doit accomplir et la mort. Il mesure dès le début l’implacable arrêt du destin. C’est la grande différence avec Œdipe1. Mais les deux sont encore dans la scène. Y sommes-nous toujours ?
Confinement, quand tu nous tiens !
par Alix Enriquez
19 Novembre 2020
Je ne suis ni psychologue ni psychiatre ni même analyste mais, en tant que membre de la FEDEPSY et plus humblement en tant qu’être humain, je voudrais témoigner avec un peu de légèreté et de désinvolture des angoisses qu’a suscitées pour moi le déconfinement. Jean- Richard Freymann évoquait il y a peu « l’état hypnotique » dans lequel, nous a plongés le confinement. Et il est vrai que, pendant toute cette période de repli et de retrait social, j’étais parfaitement heureuse comme un poisson rouge dans mon bocal, n’ayant besoin de rien d’autre que de me sustenter et de faire de la gymnastique dans mon aquarium-aquagym trop peu exécutée à mon goût puisque le confinement m’a fait prendre quelques kilos dont je n’avais pas besoin ! Mais bon, cela est une autre histoire. Revenons à nos moutons.
Les trois frères et leur descendance
par Thierry Vincent
19 Novembre 2020
Il y avait une fois un homme qui avait trois fils : Abraham, l’aîné, Jésus, le cadet, et Mohamed, le benjamin. Cet homme aimait pareillement ses trois fils, mais déplorait qu’ils ne s’entendent jamais : ils étaient tout le temps en train de se disputer. Abraham était jaloux et coléreux ; né en premier, il voulait toujours commander. Jésus était d’apparence douce, il voulait être aimé, mais forçait les autres à le faire et reprochait beaucoup à Abraham ses colères et son incapacité à l’accepter. Quant à Mohamed, le dernier, il était plein de ressentiment à l’égard des deux autres et les accusait sans cesse de trahir le père et de ne pas lui être fidèle. Il pensait que même s’il était le dernier-né, c’était lui le préféré du père.
Amours adolescentes
par Marie-Noëlle Wucher
19 Novembre 2020
Mon bien aimé
Tu te tiens au seuil de ma porte et n’ose pas entrer
Défais ton habit blanc Vois Je t’ouvre ma robe
et te tends les bras Un baiser léger
sur mes lèvres amarantes reste en suspens
pour se poser sur ton front perlé de larmes
et de sueur
Ma bien aimée Je n’ose entrer
de crainte de briser ton corps gracile et tendre
Un baiser sucré flotte sur mes lèvres ivres de désir
en suspens