Éphéméride 10

Sommaire
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D'un confinement sans fin ! Bonnes vacances d'un type nouveau !
par Jean-Richard Freymann
Éditorial -
Mon bébé est au téléphone : Petite histoire d’une grande solitude ou le mythe de l’autonomie de l’individu
par Eva-Marie Golder
Entre divan et théories -
L’homme de Lascaux, d’un étonnement
par Marc Lévy
Psychanalyse en extension -
Le temps de conclure
par Martin Roth
Entre divan et théories -
Amours et transferts en temps d’épidémie
par Jean-Richard Freymann
Cabinet de lecture -
Démythifier l’interprétation œdipienne
par Hervé Gisie
Échos des séminaires -
De quel mythe participe l’introduction de la métaphore paternelle ?
par Nicolas Janel
Échos des séminaires -
Le transfert par « appli » ?
par Nicolas Janel
DEVENIR DES FORMATIONS -
Écouter l'autre dire qu'il va mal ?...
par Cyrielle Weisgerber
Entre divan et théories -
Demande de partenariat de la FEDEPSY Brésil à la FEDEPSY
par ATO (école de psychanalyse à Belo Horizonte, Brésil)
PERSPECTIVES -
Réponse de la FEDEPSY
par Jean-Richard FREYMANN
PERSPECTIVES -
Météo Humaine
par Sophie Néhama
ÉCHAPPÉES ARTISTIQUES -
Quelques petits textes
par Marie-Noëlle Wucher
SUBLIMATIONS -
Oeuvres
par Marie-Pierre ARPIN-BOTT
SUBLIMATIONS -
L'aquarelle, le sommeil de la raison
par Marie-Odile Biry-Fétique
CORRESPONDANCE
D'un confinement sans fin ! Bonnes vacances d'un type nouveau !
par Jean-Richard Freymann
4 Août 2020
Après le confinement, puis le déconfinement, on nous sert à présent la dimension de la menace de Re-confinement.
Au temps du confinement, le commun des mortels était pris dans la dimension de la peur – Peur du virus – Peur de la mort – Peur des séquelles…et de manière semi-paradoxale, ceux qui suivaient un travail par la parole, ont pu traverser les choses dans un temps de Durcharbeitung qui a permis de franchir ce réel marqué de menaces actives.
Dans Ephémérides (1 à 10) les auteurs ont souligné les modifications théoriques qui s’opéraient à l’insu : place de l’imaginaire, la déspécularisation, la force d’une image non trouée, une parole transformée, un langage automatisé, un accrochage univoque au leadership gouvernemental. Et la fonction des mensonges et la répétition des slogans – le rapport à la science qui s’opéraient dans le doute…
Mon bébé est au téléphone : Petite histoire d’une grande solitude ou le mythe de l’autonomie de l’individu
par Eva-Marie Golder
4 Août 2020
Cela commence bien avec une remarque d’un père qui me dit à propos de sa fille de cinq mois :
« Le soir, je l’endors en la berçant.
Je lui demande pourquoi il fait ça.
– Parce qu’elle ne s’endort pas autrement.
– Avez-vous essayé ?
– Oui, et alors elle pleure. »
Il s’engage alors tout un échange sur le sommeil : le sommeil est-il à elle ou à lui ? Il n’avait jamais pensé la chose ainsi. Je lui fais remarquer qu’en effet, après cinq mois de ce traitement, sa fille avait sûrement du mal à comprendre qu’elle pouvait en faire son affaire toute seule. Il me parle de son désarroi devant ces pleurs. Sensible, il accepte tout à fait l’idée qu’il peut progressivement remplacer le bercement par des berceuses qu’il lui chante ; je lui explique l’intérêt de ce relais. En effet, s’il continue de la bercer, il aura toutes les chances de devoir continuer longtemps, voire de retrouver sa fille dans le lit conjugal pour enfin pouvoir dormir, lui et sa femme, collés de corps à corps avec leur enfant. Et encore… Je souligne que ça ne se termine pas toujours très bien.
L’homme de Lascaux, d’un étonnement
par Marc Lévy
4 Août 2020
Après description des grottes, Carole Fritz, en quête de la fonction de ces lieux préhistoriques, propose le terme de mythe pour signifier de leur sens. L’homo sapiens au paléolithique est un animal comme un autre et pourtant comme tout sapiens, adepte de représentations. Pourquoi la grotte, lieu en retrait du regard aussi bien que de la fréquentation même irrégulière ?
Une hypothèse est qu’il n’y a pas de société sans mythe, celui-ci organisant la vie des groupes. Les grottes participent de cette organisation et leur beauté est partie prenante de leur fonction.
Or, si la beauté est inscrite, le laid est par là même repéré.
Le temps de conclure
par Martin Roth
4 Août 2020
Ce texte s’inscrit dans la continuité des élaborations proposées jusqu’alors. Les événements autour du Covid-19 ont été l’occasion de préciser certains points cliniques. Cette période a été féconde : qu’est-ce qui s’est révélé à vous ? Qu’est-ce qui s’est révélé de vous ? Ces questions qui interpellent le singulier – c’est notre champ premier de travail – peuvent s’étendre au collectif. Nous ne cessons d’être à l’interface du solitaire et du solidaire telle que l’énonce avec force Camus dans le Discours de Suède, à l’occasion de la réception du prix Nobel : solitaire mais solidaire mais solitaire mais solidaire mais etc. D’autre part, ces points cliniques ne sont ni totalement actuels ni entièrement inactuels. La psychanalyse ne peut pas être précipitée par une actualité qui empêche la réflexion. La réflexion implique une dimension temporelle, une durée au sens bergsonien, c’est-à-dire une continuité-discontinuité, une élaboration rythmée par une scansion. Sans coupure il n’y a pas de retour réflexif possible.
Amours et transferts en temps d’épidémie
par Jean-Richard Freymann
4 Août 2020
Présentation du livreAmour et Transfert, de Jean-Richard Freymann Arcanes-érès, 2020
En facebook-live à la Librairie Kléber, Samedi 13 juin 2020 à 15h
Participants : Guillaume Riedlin, Cyrielle Weisgerber, Jennifer Griffith
Repenser le transfert
Nous sommes dans un semi après-coup d’une épidémie de coronavirus, ce qui vient provoquer une incontournable coupure. Alors qu’en est-il par rapport à ce couple à entrées multiples que constitue AMOUR et TRANSFERT ?
Nous nous retrouvons aujourd’hui pour faire retour à « mon livre » : Amour et Transfert qui a comme sous-titre, non négligeable : Amour de transfert et amour du transfert.
Démythifier l’interprétation œdipienne
par Hervé Gisie
4 Août 2020
J’ai intitulé mon propos : « Démythifier l’interprétation œdipienne », en référence à un texte de Marc Strauss1 dont je vais reprendre quelques idées originales. Mais avant cela, je vais évoquer quelques points au sujet de l’œdipe avec comme objectif d’approcher les soubassements des mythes.
Le premier point concerne la lecture des Études sur l’Œdipe de Moustapha Safouan2. Dans le chapitre « L’Œdipe est-il universel ? », il écrivait que « l’Œdipe n’est au fond qu’une forme culturelle parmi d’autres, qui sont également possibles pourvu qu’elles accomplissent la même fonction, qui est la promotion de la fonction de la castration dans le psychisme. » Tout l’axe de sa réflexion porte sur le père, ce qui lui permet d’avancer que « l’Œdipe, c’est la castration. »
De quel mythe participe l’introduction de la métaphore paternelle ?
par Nicolas Janel
4 Août 2020
Intervention réalisée au sein du séminaire de Jean-Richard Freymann « Mythes, fantasmes et traumatismes ».
Un mot rapide par rapport au contexte actuel de sortie de confinement… Je suis tombé sur une phrase : « le confit est l’une des plus anciennes techniques de conservation. On l’utilise notamment pour le confit de canard, ou le confit d’oie… » Alors, n’étant pas encore tout à fait une oie bien gavée, serais-je en train de me tirer de mon bocal d’auto-conservation pour rouvrir d’autres champs pulsionnels ? … Et faire que la parole re-circule ! Merci donc à Jean-Richard Freymann pour cette proposition de reprise du séminaire en format vidéo, cela facilite cette relance.
Je vais reprendre les apports de Lacan concernant la métaphore et la métaphore paternelle. J’en profiterai pour interroger, au passage, de quel mythe participe l’introduction de la métaphore et plus particulièrement la métaphore paternelle puisque, comme on le verra, ce serait elle qui conditionnerait la possibilité d’existence de toutes les autres.
Le transfert par « appli » ?
par Nicolas Janel
4 Août 2020
Intervention réalisée dans le cadre du séminaire d’introduction à la psychanalyse de la FEDEPSY, tenu par Julie Rolling et Nicolas Janel.
Nous sommes contents de pouvoir vous retrouver au moins par vidéoconférence après tout ce « passage épidémique ». Nous avons dû annuler plusieurs séances, et comme il y avait un certain fil dans notre programme, il n’aurait pas été cohérent de reprendre la séance de juin sans avoir pu développer les autres concepts au préalable. Aujourd’hui sera aussi la dernière séance pour cette année. Nous vous proposerons donc une poursuite à la rentrée de ce qui avait été lancé. Aujourd’hui, je vais plutôt vous proposer de reprendre les questions du transfert analytique que je mettrai en perspective avec l’actualité, notamment avec les modifications de pratiques suite aux conditions de confinement et de distanciation physique.
Au cabinet, en ville, nombre de consultations se sont poursuivies par téléconsultation, soit par téléphone, soit par vidéo, par des logiciels dédiés utilisables à partir d’applications. L’apport de ces nouvelles techniques, ce qu’elles ouvrent comme nouveaux dispositifs, nous imposent de questionner nos concepts habituels. Ce qui est assez intéressant.
Écouter l'autre dire qu'il va mal ?...
par Cyrielle Weisgerber
4 Août 2020
Quel étrange métier nous faisons, à faire cela!… Pourquoi nous « enquiquinons-nous » ainsi ?…
Il y a un point-pivot à cet endroit, précisément, autour d’écouter l’autre dire qu’il va mal.
Parce qu’il y a différentes façons de parler de ses souffrances – son mal à être –, et différentes façons d’écouter l’autre parler de ses souffrances – son mal à être.
Je vais me concentrer sur les « façons » qui nous concernent, dans la pratique de l’analyse et de la psychothérapie. Et sur le point-pivot, l’endroit qui permet de franchir un cap et de passer d’une façon de parler-écouter à une autre façon de parler-écouter.
Demande de partenariat de la FEDEPSY Brésil à la FEDEPSY
par ATO (école de psychanalyse à Belo Horizonte, Brésil)
4 Août 2020
En consonance avec la tradition de collaboration de la FEDEPSY, l’ATO – école de psychanalyse à Belo Horizonte – a elle-même des liens de dialogues établis avec les différentes écoles de psychanalyse dans le but d’établir des échanges et de transmettre la psychanalyse. Le partenariat avec des analystes de la FEDEPSY au Brésil et en France renouvelle aussi bien le désir de transmission que le désir de mettre à l’épreuve les mutations et les orientations diverses qui prennent pied sur la subjectivité de notre temps.
Réponse de la FEDEPSY
par Jean-Richard FREYMANN
4 Août 2020
A l’attention de FEDEPSY Bresil
Strasbourg, le 16 juillet 2020
Chers amis,
Merci de nous avoir fait parvenir un condensé de vos activités analytiques qui ont eu lieu à Belo Horizonte et les perspectives qui se dessinent.
Nous nous sommes retrouvés autour de la question du désir de transmission depuis des années en articulant la FEDEPSY avec vos activités locales. Par ailleurs nos échanges ont aussi toujours concerné la question de la pratique par le biais des journées et de supervisions que j’ai contribué à opérer. Nous avions participé a un énorme congrès international sur « Psychopathologie et psychanalyse » coordonné par Marisa DECAT DE MOURA aujourd’hui hélas disparue.
Météo Humaine
par Sophie Néhama
4 Août 2020
Chaque jour, depuis le 21/03/20, je propose une Météorologie Humaine
, écrite dans la spontanéité du soir, moment où les enfants, les sensations et les mots se couchent…
Sophie Nehama
Le 02/04/20 à 21h33… Dégagé / 9°C
Coucher du soleil à 20h03
Modification
Lente Minutieuse
Progression journalière Le soleil gagne chaque jour
Précieuse minute Mue de fonctionnement
Quelques petits textes
par Marie-Noëlle Wucher
4 Août 2020
Sur la place chaude de la ville, un enfant brun et nu joue avec des paillettes qui scintillent dans la lumière dorée
C’est un enfant de huit neuf ans échappé de la gitanerie Il est séduisant et magnifique
Une petite fille encore nubile est sous son charme Elle danse
sous un jet de paillettes L’enfant brun et nu
dépose sur sa joue un baiser Elle sera l’élue
Et l’avenir se confondra avec l’ amour
¨¨
Oeuvres
par Marie-Pierre ARPIN-BOTT
4 Août 2020
L'aquarelle, le sommeil de la raison
par Marie-Odile Biry-Fétique
4 Août 2020
« Descendre avec le peintre aux racines sombres, en remonter avec les couleurs et la lumière1. »
Cézanne à Joachim Gasquet.
À l’heure où sonne le glas du confinement, on imagine le peintre, enfermé dans le secret de son atelier, se livrer à des rituels d’embaumements. Onctions et inspiration sont invoquées et gracieusement invitées à jouer leur rôle.
Pour ma part, je pris donc le chemin des pinceaux, jubilant presque d’avoir enfin du temps à moi.