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Transfert(s) et Rencontre(s)

par Myriam RIEGERT, juillet 2022

Au décours des journées de l’EPS de juin 2022, cadre de prises de parole sur les effets du premier témoignage et vers le deuxième témoignage, je propose d’y revenir déjà un peu autrement.

Il y a le cheminement de l’analyse personnelle et de la supervision. Si la question de l’analyse personnelle rejoint « la découverte de l’inconscient freudien à partir de son expérience singulière » ce que nous propose Jean-Richard Freymann comme formulation pour le premier témoignage, la question de la supervision, ou de l’analyse de contrôle, me paraît avoir un rapport plus direct encore avec cet acheminement vers le devenir analyste. Dans ce transfert, dans le fait de se rendre en analyse de contrôle, d’y évoquer tel ou tel analysant, telle ou telle séance, d’y reprendre un cheminement de début de cure, un accroc, d’y saisir une surdité, il y a quelque chose qui se met à fonctionner permettant de se déprendre de l’angoisse – telle qu’elle peut émerger chez l’écoutant. C’est quelque chose de compliqué de mon point de vue, qui a à voir avec ce cheminement, de pouvoir repérer les rouages du contre-transfert, de l’angoisse notamment parfois ou bien d’autres affects dans le contre-transfert, de s’en déprendre vers la neutralité. Si l’analyse de contrôle est essentielle pour l’écoute en neutralité dite bienveillante, elle est essentielle aussi pour se débrouiller avec la question de l’agressivité, et de ses formes fréquentes en consultation. Dans une des premières séances du séminaire de JRF cette année, cette question avait été abordée, discutée par Martin Roth en particulier, comme spécificité de l’analyse de pouvoir se débrouiller avec l’agressivité. Elle est essentielle encore à l’émergence de trouvailles pour remettre en mouvement, faire circuler à nouveau, les pensées et la parole, là où elles se trouvent entravées ou empêchées.

Il y a - nous l’avons discuté - ce qui émerge dans ces prises de paroles et les retours et échanges qui y font suite, dans l’instant et par la suite, au sein d’un groupe analytique, constitué ici de postulants aux témoignages et d’analystes de l’EPS. Ces émergences et ces échos témoignent d’un transfert de travail. Chacun peut dire quelque chose de là où il en est, dans un groupe, du fait que chacun soit pris individuellement dans un certain rapport à l’Autre. Il y a quelque chose qui passe de l’individuel au collectif, chacun étant concerné par un transfert sur grand Autre barré, condition rendant possible au niveau collectif un transfert sur Autre barré, c’est-à-dire un transfert de travail.

On voit là se décliner les enjeux transférentiels, et ceci fait, cela ouvre de nouvelles réflexions sur les modalités de relations à l’autre et plus spécifiquement de repenser ou de penser autrement ou de porter autrement attention aux rencontres, aux effets de rencontre, et de s’y prêter. Veiller aux effets (subjectivants) de la rencontre, veiller à ce que cela induit comme découverte (de soi, de l’autre, du monde), comme changement, transformation, production de significations nouvelles. C’est encore la question de l'inventivité, notre inventivité.

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