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Le pas à dire phobique

par Nicolas JANEL, novembre 2021

Nicolas Janel partage son intervention lors de la formation APERTURA « Les phobies et les prises de parole » 24 novembre 2021

Je vais introduire notre journée sur « les phobies et les prises de parole » en élaborant à ma manière la question phobique à partir d’un texte assez difficile de Gérard Pommier intitulé « Du monstre phobique au totem, et du totem au Nom-du-père1 » et à partir d’éléments piochés chez Charles Melman2.

Gérard Pommier nous propose de passer par différents niveaux inhérents à l’architecture de la structure psychique. Différents niveaux qui vont intervenir au cours de la rotation de cette « plaque tournante3 » qu’est la phobie. C’est en effet en ces termes que Lacan a pu qualifier la phobie : une « plaque tournante » entre le refoulement primordial et le refoulement secondaire nous précise Pommier.

On retrouverait pour cette raison les phénomènes phobiques, qualifiés alors de « normalités évolutives » au cours du développement de l’enfant. On considère alors que l’enfant exprime au cours de son évolution, entre 2 et 6 ans, des phobies ou terreurs nocturnes dites normales en regard de sa « maturation » psychique, maturation passant donc par différents niveaux dont je vais vous parler.

D’un point de vue structural, il s’agit d’étapes logiques dont les problématiques pourront

  1. G. Pommier, Du monstre phobique au totem, et du totem au Nom-du-père - Dans la clinique lacanienne, 2005/1 n°9, p. 21 à 46, érès.
  2. C. Melman, La phobie - Publié sur EPHEP (https://ephep.com).

C. Melman, Les conditions déclenchantes de la phobie - Dans « Les phobies » chez l’enfant : impasse ou passage ? (2013), pages 45 à 51

  1. Dans le séminaire du 7 mai 1969, Lacan affirmait que « la phobie n’est pas un phénomène clinique isolé », en précisant que, plutô qu’une entité clinique, c’est « une plaque-tournante » (D’un autre à ’Autre, leçon 16).

se faire entendre chez l’adulte, en fonction de leurs achoppements et contradictions dans l’organisation de la structure.

Et on verra que l’atteinte d’un niveau pourra avoir comme effet de faire résonner les autres niveaux sous-jacents de la structure. Comme si l’atteinte d’un niveau réveillait par régression les niveaux sous-jacents par effet de cascade. D’où la complexité du symptô e phobique, pouvant être constitué à partir d’éléments renvoyant à différents niveaux problématiques de la structure.

Premier niveau : entre la jouissance maternelle (jouissance de l’Autre) et la castration maternelle

Il y aurait d’abord ce premier niveau, qui renverrait aux phobies primaires. Cela concernerait particulièrement les phobies de situation comme l’agoraphobie, la phobie de l’obscurité ou des grands espaces. Ce premier niveau serait le niveau situé entre la jouissance maternelle (jouissance de l’Autre) et la castration maternelle. Je m’explique. Se différenciant de la mère, le sujet serait face à un Autre tout-puissant, non barré. Il serait en proie à satisfaire cet Autre en devenant objet, l’objet phallique équivalent au phallus de la mère. Le phallus maternel serait à comprendre comme l’objet venant combler la mère de son manque. Cette étape serait nécessaire à l’humain, son absence pouvant être cause d’autisme nous dit Charles Melman, ceci dans les cas où la mère n’aurait pas érotisé son enfant. Mais s’arrêter à cette étape, rester dans l’identification au phallus maternel équivaudrait à une impossibilité d’existence en tant que sujet pour l’enfant.

Chez l’adulte, cette identification au phallus de la mère pourrait très bien ronronner fantasmatiquement sur le plan imaginaire. L’adulte pourrait très bien en être tout à fait satisfait sur le plan imaginaire jusqu’au moment où il en viendrait à être placé justement à cet endroit, au sein de son champ spéculaire. Ceci quand une scène de son quotidien en vient à réaliser spéculairement son fantasme phallique. L’angoisse ferait signal à ce moment-là, comme pour alerter d’un risque. Pour ceux qui connaisse, cela renvoie au comblement de la place du (- phi) au niveau de l’image spéculaire du schéma optique. Cela comme si le trou nécessaire à la structure n’avait été ni inscrit ni fixé, dans le registre spéculaire. On retrouve tout cela dans le séminaire X de Lacan sur l’angoisse. La question du regard, en tant qu’objet regard, une des formes de l’objet a chez Lacan semble avoir particulièrement son importance dans ces moments-là. Comme si on s’y voyait vraiment être vu... à cet endroit du phallus de la mère. Le

registre spéculaire, n’ayant plus d’assise, dégringole alors. Comme si la clé de voûte qui faisait tenir l’ensemble spéculaire s’enlevait, faisant s’effondrer le moi qui n’assure plus l’identité. Sentiment de dépersonnalisation. Sentiment de déréalisation et de vacillement aussi, le repérage dans l’espace n’étant plus assuré par le registre spéculaire. La disparition du sujet dans la jouissance de l’Autre menace. Le problème part ici de l’imaginaire qui risque de se défaire, de ne plus assurer le nouage avec le Réel. Idéalement, l’adulte aurait dû pouvoir compter sur le registre symbolique. Celui-ci, aurait dû louablement rencontrer la castration. Cela aurait dû garantir une réorganisation de l’imaginaire avec amputation irrévocable de l’image phallique. L’image de la mère aurait dû perdre son pénis pour le dire facilement, l’enfant aurait dû ne plus pouvoir vraiment s’y identifier. La clé de voûte de l’imaginaire aurait dû être celée pour de bon de cette manière. Ce qui ne semblerait en fait jamais parfait.

Cela ne serait justement pas le cas avec le premier niveau de notre plaque tournante, c’est-à-dire le niveau situé entre la jouissance de la mère et la castration maternelle. On est bel et bien ici dans le niveau de la menace de la jouissance de l’Autre.

Il se peut également que l’identification imaginaire au phallus maternel qui ronronnait jusque-là vienne à être contredite par un élément de la réalité. Charles Melman donne l’exemple du petit Hans : quand le petit Hans prend conscience de l’érectilité de son pénis, il se rendrait compte de l’insuffisance de son pénis de la réalité par rapport à l’identification imaginaire au phallus maternel. Une bascule s’opérerait en réaction, de l’identification au phallus à l’identification au vide (de phallus). Si le petit Hans n’est pas tout, alors il en déduirait qu’il n’est rien, s’équivalent au néant. Le vide s’ouvrirait alors sous ses pieds car il lui manquerait ici la possibilité d’être un sujet affranchi de cet enjeu d’identification au phallus maternel.

Le premier niveau de notre plaque tournante ne propose ainsi pas d’alternative tenable pour le sujet qui n’y a pas sa place. Voilà pourquoi un mécanisme phobique viendrait à son secours. Dans les phobies de l’obscurité ou des grands espaces par exemple. Comme si le noir de la pièce venait représenter ce « tout » de la mère qui menacerait de nous éteindre. De même avec ce « tout » des grands espaces, de la scène devant la foule, des grands boulevards ou des autoroutes... une forme d’infini sans limite menacerait de nous effacer. Une manière de remettre de la limite, d’assurer une forme de séparation nécessaire à l’existence serait alors l’évitement phobique : on laisse une lumière pendant la nuit, on ne va pas sur scène prendre la parole, on évite la grand-place ou le terrain de foot, on ne prend pas l’autoroute... La solution phobique consiste ici au « pas » de la négation, c’est-à-dire au « ne pas ». Comme si cela tentait de re- inscrire les bornes qui manquait à la structure directement dans la réalité. Il ne s’agirait donc pas ici du refoulement d’un élément symbolique, mais d’une réorganisation de l’espace comme

si c’était un élément purement imaginaire qui se trouvait refoulé. Il s’agirait d’un mode de guérison du phobique permettant de retrouver à sa disposition aussi bien l’espace que l’image de soi, mais au prix d’une limitation, dans l’espace, au prix d’un interdit dans l’espace et au prix d’une approche vécue comme menaçante, angoissante.

Ce monde serait aussi celui de la nécessité du partenaire. L’individu pouvant difficilement se soutenir de lui-même dans sa relation au grand Autre, la relation à un petit autre, au semblable serait constamment indispensable dans un dispositif en miroir. La relation au semblable serait nécessaire pour venir suppléer la carence de la relation au grand Autre, à ce qui fait défaut d’identité.

Ceci dit, le niveau suivant de notre plaque tournante viendrait palier à ces problèmes. Il s’agit du niveau de la castration paternelle.

Les niveaux de la castration paternelle

L’intervention du père entre l’enfant et la mère permettrait justement à l’enfant de sortir des enjeux d’identification au phallus maternel. On peut retrouver cela illustré dans les scènes primitives où le père « prend », d’une manière ou d’une autre la mère. Il la « prend » à l’enfant pourrait-on dire, ce qui sortirait l’enfant de la possibilité de s’identifier au phallus. L’enfant pourrait se tourner alors vers son propre objet phallique, nous dit Gérard Pommier. Autrement dit vers son pénis ou son clitoris, par une sorte de déplacement au niveau de son corps, dans la réalité. L’enfant se tournerait vers son phallus à lui-même. Qu’on peut écrire « m’aime » si on veut faire ressortir l’ouverture vers le narcissisme que cela comporte. Il s’agirait du début de l’onanisme. La peur de l’obscurité trouverait sa solution par la masturbation du pénis ou du clitoris. La masturbation serait ici à comprendre, non pas comme une recherche de plaisir, mais comme une solution apportée par la fonction paternelle, solution qui permettrait à l’enfant de sortir de la position d’identification au phallus maternel. L’enfant se prendrait en main pourrait- on dire, pour échapper à la jouissance maternelle. La masturbation devant le miroir renforcerait ce processus, le reflet de l’enfant renforçant une image unifiée qui le différencierait d’autant plus de la mère.

La question du reflet et du semblable, comme je l’ai déjà dit, soutiendrait la séparation par renforcement du narcissisme. D’où l’importance aussi des petits camarades à l’école, des copains ou des copines, qui permettraient à l’enfant des identifications allant dans ce même sens.

On serait aussi ici dans le moment du jeu de présence-absence, ce fameux fort-da de la bobine. Cela serait aussi le temps de l’objet transitionnel de Winnicott.

Tout cela ne serait pas sans culpabilité envers la mère : la culpabilité de ne pas convenir à son attente. Pour conserver l’amour de la mère, cette culpabilité serait déplacée sur le père, décidément bien pratique.

La fonction paternelle permettrait ainsi à l’enfant d’entrer dans le sexuel et dans le désir.

Les niveaux des phobies hystériques, « directes »

Le père faisant son office auprès de la mère, il n’y aurait plus de doute sur l’inscription de sa place et de sa fonction.

Il pourrait alors prendre la forme fantasmatique d’une père violent, qui frappe, comme l’illustre le texte de Freud « Un enfant est battu ». Pommier dit à propos de ce genre de fantasme quelque chose d’intéressant. Il indique que la seule présence du père est déjà frappante, frappante par rapport aux manigances à l’œuvre entre la mère et l’enfant. Le seul fait de sa présence frappe l’unité mère-enfant pour ouvrir au trio œdipien.

Mais au père peut également être attribué une dimension de désir. L’entrée dans le désir sexuel qu’il permet lui confèrerait une composante séductrice. L’enfant tomberait ainsi dans le désir du père. « Désir du père » qui peut prendre place chez l’enfant de deux manières contradictoires :

  • soit dans le sens du génitif objectif du « du », et alors « le désir du père » correspondrait au désir purement fantasmé que développe l’enfant à l’égard du père ;
  • soit dans le sens du génitif subjectif du « du », et alors « le désir du père » correspondrait au désir (traumatique) que développe le père à l’égard de l’enfant, avec la séduction incestueuse par le père qui peut plus ou moins en découler effectivement dans la réalité.

Ces deux versions contradictoires du « désir du père » peuvent bien sûr coexister psychiquement pour l’enfant et vont chacune à leur manière être source d’autres contradictions quasi insurmontables pour l’enfant :

  • si l’enfant développait un désir à l’égard de son père, cela le placerait déjà devant un risque de féminisation s’il est un garçon. Il y risquerait donc son sexe. Garçon ou fille, cela le mènerait de toute façon vers la voie de l’inceste et donc vers sa disparition subjective. Le désir entrerait alors ici en contradiction avec le désir ! Comment se sortir

de cette contradiction ? Une solution4 consisterait à venir détester une partie du père : une partie du père deviendrait détestée, justement parce qu’elle était désirée. Cette partie détestée pourrait alors se déplacer et engendrer une phobie que j’appellerais, pour des raisons de différentiation, une « phobie secondaire directe impulsive » : une phobie venant assister la fonction du père, permettrait à l’enfant de ne pas retomber, par régression, au niveau précédant de la menace de la jouissance maternelle. Ces phobies

« secondaires directes impulsives » se centreraient particulièrement sur les objets qui rappellent l’enfant du père : la vermine, les petits animaux, la saleté ou sur les armes qui pourraient tuer le père. Il s’agirait de phobies d’impulsion propulsées par la haine du père aimé... Encore une fois, une limite psychique tenterait de se remparder à l’aide d’un déplacement dans la réalité.

  • Si par contre c’est le père qui développait un désir à l’égard de l’enfant, il y aurait menace incestueuse par le père. Plus la séduction effective aurait d’intensité, plus le complexe paternel se scinderait en figures phobiques compensatoires : des phobies dites

« secondaires directes répulsives » cette fois, venant suppléer au père et permettant à l’enfant de ne pas retomber, par régression, au niveau maternel. Cela concernerait particulièrement les phobies d’animaux représentant la dévoration par le père : loup, lion, cheval... Phobies de répulsions dont la haine chargerait l’enfant d’une forte culpabilité.

Le niveau des phobies obsessionnelles, « indirectes »

Pour compliquer encore les choses, un renforcement pourrait s’opérer. On trouverait cela dans la névrose obsessionnelle.

Il s’agissait jusque-là de phobies directes où la fonction du père n’avait pas laissé de doute quant à son effectivité castratrice première. Le père « prenait » suffisamment bien la mère pourrait-on dire. Mais s’il y avait un doute sur cela, si la fonction du père à l’égard du désir de la mère n’était pas certaine, ce qui pourrait se manifester dans la réalité par un père trop absent, ou par un père qui courrait en permanence après d’autres femmes par exemple. La mère pourrait aussi le manifester de son cô é en attirant par exemple trop l’enfant dans des mises en scène de séduction sexuelle, par exemple aux toilettes, dans son lit ou dans son bain... une séduction ici qui viendrait de la mère.

  1. La conversion hystérique dans le corps serait ici une autre solution.

S’il y avait un doute donc sur la virilité du père à l’égard de la mère, l’enfant aurait alors besoin d’avoir recours à l’invention imaginaire d’un père terrible interdicteur : un « père ogre » fantasmé5. Et il se pourrait très bien que ce père terrible fantasmé soit désigné un jour réellement comme tel dans la réalité par le discours de la mère : plus elle n’avait déjà pas choisi le père de la réalité comme satisfaisant initialement, plus il se retrouverait fustiger avec le temps, rejoignant dans le discours de la mère l’image du « père ogre » du fantasmé de l’enfant. Cela ne voudrait pas dire qu’il n’y a pas de mauvais père, mais cela relativiserait ce qu’on pourrait lui mettre trop facilement sur le dos.

Bref, toujours est-il que ce « père ogre » fantasmé pourrait faire secondairement retour sous forme d’une phobie dite « indirecte » chez l’enfant. Ces phobies se centrerait particulièrement sur les objets qui rappellent l’animalité castratrice du père : un rat, un loup, un lion...

L’objet phobique comme symbole pouvant condenser différents niveaux

On arrive donc à identifier déjà quelques niveaux différents de phobies6 :

− les phobies primaires,

− les phobies secondaires directes impulsives,

− les phobies secondaires directes répulsives,

− et les phobies secondaires indirectes.

Chacune prenant donc place à des niveaux différents de la structure. Et il y en aurait certainement d’autres... L’approche d’une phobie serait donc particulièrement difficile : l’objet phobique devant être considéré comme un symbole pouvant condenser en son sein plusieurs de ces niveaux. Pour le dire plus facilement, la phobie correspondrait à un mélange composé des éléments de ces différents niveaux (voir bibliographie en fin de texte).

Pour résoudre la phobie, il en irait du jeu signifiant pour la déplier, il en irait d’une mise en narration de l’histoire de l’individu pour retrouver les traumatismes parfois cachés derrière les souvenirs écrans. Il s’agirait de retrouver les différents niveaux pour que l’analysant s’y oriente, notamment concernant la construction de fantasmes de scène primitive, de scènes de séduction ou d’enfant battu. Il s’agirait d’y repérer leurs articulations à l’angoisse de castration pour permettre au sujet de dépasser ses contradictions et reconnaître que castration il y a.

  1. Nous pourrions considérer théoriquement ce « père ogre » comme l’héritier post-œdipien de la toute-puissance maternelle évoquée précédemment.
  2. Les termes sont barbares mais cela permet de s’orienter par rapport à la place qu’elles prennent dans la structure.

La phobie de prendre la parole ?

Si on se focalise maintenant sur les phobies de prises de parole, la question de la parole est particulièrement intéressante puisqu’on pourrait proposer qu’elle renvoie directement au sujet. Un sujet est sujet parce qu’il a une parole propre (... ou sale ajoutera peut-être Jean-Richard Freymann). Une parole est une parole véritable que si elle est la parole d’un sujet. La difficulté d’affirmer sa parole dans une situation, de prendre la parole dans un certain contexte, serait-elle donc superposable à une difficulté d’existence qui se manifesterait pour le sujet ? Autrement dit, faudrait-il mettre dans ces cas le sujet entre guillemets, puisque si ce sujet était constitué, justement, il ne serait plus susceptible de se dissoudre, il ne serait plus phobique. Si cela pouvait être vrai, cela ne serait pas généralisable. Cela concernerait ceux restés bloqués au premier niveau évoqué précédemment. Ceux ne trouvant pas dans le grand Autre une référence à au moins un Père qui leur permettrait d’asseoir leur identité. C’est pour cela qu’ils feraient fonctionner leur phobie dite primaire, en tant que suppléance à cette référence absente.

Mais cela n’est pas généralisable pour toute phobie de prise de parole. Généraliser ce raisonnement en reviendrait à oublier les phobies secondaires. Car les phobies de prise de parole concernent rarement des gens qui n’accèdent pas à leur parole dans l’absolu. Cela semble plutô se produire dans une situation particulière. Il s’agit en effet rarement d’une difficulté à parler

« tout court », d’une parole non advenue, mais d’une difficulté à parler dans un contexte donné. Ce genre de phobie secondaire serait donc à prendre comme un symptô e sur mesure, un symbole condensé renvoyant aux différents niveaux évoqués précédemment, structurés selon l’histoire de l’individu. Il y aurait à chercher ce que vient condenser la situation phobique de prise de parole, à quoi renvoie la question de la parole pour cet individu, à quoi renvoie le contexte phobogène pour lui... Comme déjà dit, il y aurait à faire fonctionner le jeu signifiant, retrouver la construction des fantasmes de scène primitive, de scènes de séduction ou d’enfant battu, afin d’y dégager leurs articulations à l’angoisse de castration pour permettre au sujet de dépasser les contradictions qui l’empêchent de faire le pas, c’est-à-dire qui empêchent l’assomption de la castration. En cela consisterait l’enjeu du « pas à dire » phobique : passer du

« (ne) pas dire » au « pas » des mots qui marchent au sein de sa parole dont il s’autorise.

Bibliographie

G. Pommier, « Du monstre phobique au totem, et du totem au Nom-du-père », dans La clinique lacanienne, 2005/1 n°9, érès, 2005, p. 21 à 46.

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