Comme un joyau, Grenade resplendissait en ce premier jour de l'an 1492. Les frimas ne l'avaient point encore gagnée, mais c'est dans un tout autre siège qu'elle étouffait.
Les rois catholiques, depuis 10 ans d'âpres luttes, l'assiégeaient désormais. En effet, Grenade était le dernier territoire musulman qui résistait à la Reconquista depuis VII siècles. Le dernier roi de Grenade, Boabdil, était surnommé « El rey chico », « L'enfant roi » par les Espagnols et « Zogoïbi », « Le malencontreux » par les arabes, car avant sa naissance, un oracle avait signifié à sa mère Aïcha qu'il serait le dernier roi de Grenade.
Fini les danses, l'insouciance, les chansons, les belles jeunes filles dans l'oracle du soir et les adolescents bruns dont les dents blanches brillaient comme des poignards, si beaux, si beaux que ne l'était le jour.
C'est le 2 janvier 1492 que Boabdil, caché derrière un laurier, remit aux rois catholiques les clefs de la ville de Grenade. C'est alors que sa mère Aïcha lui dit « pleure maintenant comme une femme sur cette ville que tu n'as pas su défendre comme un homme ».
L'avenir des maures andalous était compromis. Alors, maintenant, quel avenir ?