Louis Aragon a traversé le XXème siècle dans tous ses états.
La complexité de son personnage fonde le thème du miroir et son œuvre signe une quête d'identité permanente.
Ses origines s'avèrent des plus complexes. Il les présentera sous différentes versions : est-il né à Paris le 3 octobre 1897 ou sa mère accouchera-t-elle de lui sur l'esplanade des Invalides ou encore est-il né à Madrid. Quelle est la vérité ? Si le thème du miroir est récurrent chez lui, il est aussi un homme qui s'affichera masqué.
Les reflets du miroir se multiplient. La version la plus vraisemblable est celle de sa naissance illégitime. On lui fera croire que sa mère était sa sœur et sa grand-mère sa mère adoptive. De son père, il en ignorera longtemps tout, il lui était présenté comme son parrain. Aragon n'apprendra la vérité qu'à la veille de partir au front. Or lorsque sa mère lui dira qu'elle était sa mère, il lui répondra : « Je l'avais depuis longtemps deviné ».
Toute sa vie, il eut du mal à trouver son identité. C'est là qu'entre en scène la requête demandée au miroir.
Son roman de 1965, La mise à mort est vraiment le livre des miroirs. Un homme, Antoine (ou Alfred) a perdu son image dans le miroir. Plusieurs miroirs alors entrent en scène : la miroir de Venise, le miroir Brot, le miroir sans tain, le miroir tournant et enfin le miroir brisé qui se solde en tragédie. Dans tous les reflets des miroirs, il cherchera à réunifier sa personnalité.
Le paroxysme du vertige se brise lorsqu'il brise le miroir pour tuer son double qui est aussi son rival et qui lui prend la place auprès de sa femme, Fougère.
Fougère fera appel alors à un médecin qui lui dira : « Il vous a aimée, Madame, il vous a aimée à la folie ».
Cet épisode révèle le drame d'Aragon : sa peur obsessionnelle de n'être pas aimé.