Jean-Richard Freymann nous propose un argument préparatoire à son séminaire qui reprendra en janvier 2024. Il peut se lire encore comme des réflexions à mi-chemin entre le séminaire achevé de 2023, et le suivant annoncé, des jalons posés dans le cheminement qui se poursuit. Chaque jalon ouvre des pistes, la lecture est dense en ouvertures et enchevêtrements. Êtes-vous prêt-e à vous y risquer ?..
Vous êtes-vous demandé pourquoi la psychanalyse a si mauvaise réputation, après avoir été le fleuron de la psychopathologie ?
Le psychanalyste devient un résistant... sacré paradoxe pour notre conceptualisation !
Alors, on peut se demander ce qui dans la cure analytique est à ce point insupportable. Quoi dans l’inconscient freudien fait barrage, à un premier niveau, pour provoquer cette méfiance ? Et voici l’art du psychanalyste mis à rude épreuve, il va falloir faire de la psychanalyse, sans en dire l’intitulé. Bon exercice.
Réinventer la psychanalyse, sans en dire le nom.
On retrouve cet effort et je le crois indispensable, de nos jours.
Et pourtant, l’effort va être double.
Parce qu’aussi, il va falloir s’adapter aux sciences actuelles.
Ce qui fait épistémologiquement deux difficultés de taille. D’un côté, il va falloir « changer de vocabulaire » et de l’autre, il faut inventer une intégration actuelle dans les sciences d’aujourd’hui.
Alors on peut penser du côté des intelligences artificielles, repenser les concepts de temporalité et de durée, réarticuler le « post-traumatique », et surtout re-qualifier la question de l’Imaginaire.
Comment dire : le Symbolique est en dégénérescence, l’imaginaire manque d’image ; quant au réel, il est déconstruit par « l’irréel ».
Je suis le premier à penser (pour en avoir profité) que la science a fait des progrès inouïs, que si l’on vit, c’est que l’on profite des dites avancées scientifiques. Mais Diantre ! Où sont ceux qui sont présents pour l’après-coup de ces réussites ? Où sont ceux qui parlent de l’évolution de la longueur de la vie ? Où sont les échanges entre ceux qui trouvent, ceux qui soignent et ceux qui écoutent le lendemain des traumatismes ?
Et pourtant que de lumières ! Les réseaux sociaux sont des lieux permanents de trouvailles, des irruptions de jugements. Des trouvailles sans lendemain.
Eh oui, on a réponse à tout !
Que les générations précédentes ont failli !
On ne tire pas assez leçon de la réapparition de la guerre, ou des guerres...
Qui en parle... à part une chaîne de la télévision ?
On se berce de quelques clichés, d’un instant, et d’autre part on réinvente l’histoire ou on n’en tire que quelques séquences.
L’hypnose collective est instantanée, l’hypnose individuelle rétablit quelques instances, et la psychanalyse jongle avec ces instances.
Il s’agit de jongler avec de l’Autre, faute de quoi, il ne se passe rien de déterminant.
Le Mesmérisme passait une corde entre les individus, Puységur avait besoin d’un arbre, Freud avait nécessité d’un divan.